Prévisions concernant l’absence de glace dans l’Arctique dans le contexte de l’Accord de Paris

Qu’il s’agisse de la hausse des niveaux de la mer à l’échelle de la planète, du déclin de certaines pêches ou de l’accélération du réchauffement climatique mondial, les effets de la hausse des températures dans l’Arctique touchent également les personnes qui vivent bien au sud du cercle arctique.

Une nouvelle étude, réalisée par les scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) Michael Sigmond, John C. Fyfe et Neil C. Swart, a été publiée le mois dernier dans la revue Nature. Cette étude pose un éclairage nouveau sur les conséquences de la hausse mondiale des températures. Leurs travaux montrent comment des hausses apparemment faibles de la température mondiale moyenne pourraient avoir de graves répercussions sur la couverture de glace de mer en Arctique, et par conséquent, sur la vie dans l’Arctique et partout dans le monde.

Une nouvelle étude montre que de faibles hausses de la température mondiale moyenne pourraient avoir de graves répercussions sur la couverture de glace de mer en Arctique.

Une nouvelle étude montre que de faibles hausses de la température mondiale moyenne pourraient avoir de graves répercussions sur la couverture de glace de mer en Arctique.

Les pays signataires de l’Accord de Paris se sont engagés à contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts visant à limiter l’élévation des températures à 1,5 °C. Bien que la différence de 0,5 °C puisse sembler minuscule, les prévisions des chercheurs suggèrent qu’une hausse de la température mondiale moyenne de 1,5 °C à 2 °C pourrait multiplier par huit la fréquence des étés sans glace dans le Nord.

Selon l’étude, un été sans glace se produirait une fois aux 40 ans dans le cas d’une hausse de 1,5 °C de la température mondiale, alors que la fréquence serait d’une fois aux cinq ans avec une hausse de 2 °C. Les résultats de l’étude mettent en évidence l’importance que les pays parviennent à respecter l’Accord de Paris, car même une hausse de la température mondiale limitée à 1,5 °C, ou à 2 °C, pourrait être trop élevée pour assurer la présence de glace de mer durant toute l’année dans le Nord.

Il avait été conclu dans le cadre de travaux précédents qu’un été sans glace en Arctique serait improbable dans le cas d’un réchauffement de 1,5 °C et qu’il y aurait une chance sur trois qu’un tel été se produise dans le cas d’un réchauffement de 2 °C. Cependant, les auteurs soulignent que ces conclusions ne s’appliquent que sur la période qui précède l’atteinte de ces niveaux de réchauffement. La couverture de glace de mer dans l’Arctique devrait fluctuer grandement même après que les températures mondiales se seront stabilisées. Les auteurs ont tenu compte de ces fluctuations, ce qui explique pourquoi la probabilité d’un Arctique libre de glace est beaucoup plus élevée.

L’étude souligne également que si la hausse de la température mondiale moyenne atteint 3 °C, ce qui devrait se produire d’ici 2100 si les pays se contentent de respecter leurs politiques actuelles de réduction des émissions, l’Arctique serait libre de glace tous les étés.

Selon monsieur Sigmond, nous devons rehausser nos engagements en vue de réduire les émissions si nous voulons éviter un tel scénario.

Une perte à grande échelle de glace de mer aurait un effet important sur la vie dans l’Arctique, car la glace de mer est un élément essentiel des chaînes alimentaires terrestre et marine. Monsieur Sigmond souligne que les collectivités locales dépendent également de la glace de mer dans de nombreux aspects de leur vie, qu’il s’agisse de la chasse, des déplacements ou d’une foule d’autres activités.

Les scientifiques d’ECCC Neil C. Swart, Michael Sigmond et John C. Fyfe

Les scientifiques d’ECCC Neil C. Swart, Michael Sigmond et John C. Fyfe

Il précise également que les collectivités nordiques ne seraient pas les seules à être touchées.

Selon lui, ce qui se passe dans l’Arctique ne reste pas dans l’Arctique. Il s’agit d’un problème mondial. Une diminution de la glace de mer dans l’Arctique fait en sorte que les océans absorbent plus de rayonnement solaire, modifie la circulation océanique et les conditions météorologiques océaniques et entraîne une hausse des niveaux de la mer partout dans le monde.

L’étude montre que les étés sans glace devraient être rares selon un scénario de réchauffement de 1,5 °C (1 été sur 40), qu’ils devraient être plus fréquents selon un scénario de réchauffement de 2,0 °C (1 été sur 5) et qu’ils devraient se produire chaque année si les pays ne haussent pas leurs engagements visant à mettre en œuvre l’Accord de Paris, ce qui fournit une importante motivation stratégique qui stimulera la prise de mesures à l’échelle internationale.