Des polluants chez les phoques annelés de l’Arctique

Pour souligner la Journée nationale des peuples autochtones tenue le 21 juin, Dans les coulisses de la scène scientifique met ce mois-ci l’accent sur le phoque annelé, un aliment de subsistance pour de nombreux membres des communautés inuites.

Une équipe de scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada, dirigée par Magali Houde, et des scientifiques de Pêches et Océans Canada, ont examiné les tendances à long terme des polluants organiques persistants (POP) présents dans l’organisme des phoques annelés de l’Arctique. Dans certains cas, les données remontent aux années 1970. Les scientifiques ont publié leurs conclusions plus tôt cette année dans la revue Science of The Total Environment, dans un article intitulé « Trends of persistent organic pollutants in ringed seals (Phoca hispida) from the Canadian Arctic ». Durant leurs recherches dans l’Arctique canadien, les scientifiques ont travaillé en étroite collaboration avec les communautés du Nord pour mieux comprendre l’écologie du phoque annelé et les effets des changements climatiques sur l’espèce. Les chasseurs de nombreuses communautés du Nord ainsi que les associations de chasseurs et de trappeurs ont contribué à la collecte et à la coordination des échantillons et ont fourni un soutien continu aux chercheurs.

Diminution globale des POP, mais des résultats variables

La bonne nouvelle, c’est que dans l’ensemble, les niveaux de POP trouvés dans les phoques annelés ont baissé. Le renforcement de la réglementation a entraîné une diminution de nombreux POP présents dans les phoques (mais pas de tous). Les interdictions de production et d’utilisation de produits chimiques comme les biphényles polychlorés (BPC) et le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) ont entraîné une réduction importante et à long terme de ces produits chimiques chez le phoque annelé, avec des baisses pouvant atteindre 9,1 p. 100 dans la région de la baie d’Hudson.

Selon l’article, ces résultats permettent de penser que les interdictions réglementaires nord-américaines et internationales et les éliminations progressives ont mené à la réduction à long terme des POP chez les phoques annelés de l’Arctique canadien en limitant les émissions des sources primaires. Les concentrations de la plupart des POP ont diminué à un rythme élevé dans la baie d’Hudson, la région la plus au sud de cette étude. Les chercheurs croient que cette diminution pourrait être due à la proximité des sources de contamination et à l’hydrologie de la baie, où les contaminants peuvent demeurer moins longtemps que dans les régions où l’eau est plus profonde. Le déclin des principaux POP n’a pas été aussi rapide dans les régions plus septentrionales, comme celles de la mer de Beaufort et de l’archipel Arctique. Les chercheurs pensent que cette différence pourrait être liée à la plus grande quantité de glace de mer dans les régions nordiques. La glace de mer a également une incidence sur les contaminants puisqu’elle agit comme un « réservoir de contaminants », ce qui rend les contaminants plus accessibles à la faune de l’Arctique.

En outre, certains produits chimiques (comme l’hexachlorobenzène ou HCB) ont augmenté à certains endroits. Leur hausse peut s’expliquer par le fait que le HCB a été désigné comme un sous-produit de la fabrication de produits tels que les pesticides.

Prochaines étapes

Les chercheurs espèrent que les études futures leur permettront de mieux comprendre la relation entre les changements climatiques et la concentration de contaminants chez les phoques annelés.

Ils continueront également de participer à un projet de vulgarisation scientifique en cours dans les écoles du Nord. Depuis 2016, une équipe de chercheurs dirigée par Dominique Henri (Environnement et Changement climatique Canada) organise des ateliers dans les écoles pour inciter les élèves du Nord, les aînés inuits et les scientifiques à échanger leurs connaissances sur le phoque annelé. Ces ateliers permettent aux scientifiques de discuter de leurs travaux et aux aînés inuits d’échanger leurs connaissances sur le phoque annelé avec les étudiants et les chercheurs. La collaboration et la communication entre les résidents du Nord et les chercheurs qui travaillent sur les contaminants dans l’Arctique canadien sont essentielles pour parvenir à une connaissance plus approfondie des écosystèmes nordiques, enracinée dans la science et le savoir autochtone.

Ce projet a été financé par le Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord (Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada) et par Environnement et Changement climatique Canada.