Comment la science redonne vie au Canada

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Par Mona Nemer

Les scientifiques canadiens se sont mobilisés comme jamais auparavant lors de la pandémie de COVID-19, contribuant à aplatir la courbe et à ouvrir la voie à la reprise. Cependant, à quelques mois de la sortie des vaccins, les chercheurs nous montrent aussi comment vivre en toute sécurité malgré le virus.


Le couvre-visage en tissu est devenu le symbole prééminent de la vie à l’époque de la COVID. Les couvre-visages sont partout maintenant, et à mesure qu’ils s’intègrent dans nos routines sociales quotidiennes, il se peut même qu’on commence à s’y attacher. Ils existent dans toutes les tailles et couleurs, souvent dans de magnifiques tissus à motifs. Beaucoup d’entre eux portent un message ou un slogan. Certains sont faits maison, d’autres sont cousus par des designers. Nous commençons à reconnaître nos amis et collègues à leur couvre-visage. Et plus ils deviennent répandus, plus ils sont efficaces pour empêcher la propagation de la maladie à coronavirus.

Les couvre-visages en tissu ont permis à nos vies individuelles et collectives de faire un pas important vers la normalité, et ont apporté une stabilité utile au processus de réouverture de notre économie.

Il se trouve également qu’ils sont le résultat d’une immense enquête scientifique internationale coordonnée, ce qui aurait été hautement improbable il y a seulement six mois.

Au début de la pandémie, il n’était pas clair si les couvre-visages en tissu étaient efficaces pour arrêter la propagation de la COVID-19, car personne n’avait étudié la question. Comme tant d’autres études scientifiques de l’ère de la COVID, l’étude des masques de tous genres est rapidement devenue une sorte de course de relais, une discipline scientifique transmettant ses résultats à la suivante. Des scientifiques et des ingénieurs en environnement ont fait équipe avec des chercheurs en maladies infectieuses pour effectuer des simulations dans des chambres avec des colorants fluorescents, en calculant la distance que les aérosols et les gouttelettes de COVID pouvaient parcourir. Les spécialistes des matériaux ont ensuite mené des expériences en utilisant différents types de tissus dans différentes combinaisons et épaisseurs afin de déterminer lesquels étaient les plus efficaces pour empêcher le virus de se propager. Les comportementalistes ont étudié les barrières sociales et les mesures d’incitation au port du couvre-visage. Et les mathématiciens ont construit des modèles basés sur tous ces résultats, pour prédire l’impact du port du masque ou du couvre-visage sur la transmission de la maladie.

À chaque étape, les chercheurs ont publié leurs résultats ouvertement, et chaque étape suivante a été reprise et développée par des équipes scientifiques du monde entier. Certaines de ces équipes étaient déjà en place, mais beaucoup d’autres se sont rapidement réunies, les scientifiques se mobilisant et rassemblant les compétences nécessaires pour aider à gérer la pandémie.

L’exemple des masques est représentatif de tous les aspects de la science liée à la COVID. De nouveaux types de ventilateurs sont désormais fabriqués grâce au travail des pneumologues, des physiciens et des ingénieurs de conception et de processus. La procédure de décontamination des masques médicaux N95 a été le fruit du travail combiné de spécialistes des matériaux, de microbiologistes et d’ingénieurs. Les technologies de test ont été développées grâce au travail des virologistes, des généticiens et des biochimistes; à partir de là, les médecins de santé publique et les épidémiologistes ont établi le modèle tester-retracer-isoler pour contenir la propagation du virus. Tout au long de la pandémie, ces efforts ont été soutenus par des investissements gouvernementaux substantiels et ciblés dans la recherche liée à la COVID.

Au cours des derniers mois, alors que le gouvernement du Canada cherchait des informations fiables sur la meilleure façon de gérer la pandémie, les scientifiques canadiens ont offert leur aide et leur expertise. J’ai été frappée par le sentiment d’urgence manifesté par mes pairs de toutes les disciplines, de l’industrie et du monde universitaire, qui consacrent leur temps et leur énergie à aider les décideurs politiques. En 30 ans de carrière en tant que scientifique, je n’avais jamais rien vu d’aussi intense. D’autres membres du gouvernement, qui ont des dizaines d’années d’expérience dans la fonction publique, m’ont dit à peu près la même chose.

Cette même mesure d’engagement est maintenant appliquée à la recherche de traitements pour la COVID, que ce soit sous forme de vaccins pour prévenir l’infection ou de médicaments antiviraux pour ralentir l’évolution de la maladie et en atténuer les effets persistants. Jusqu’à présent, nous constatons des progrès remarquables à un rythme jamais vu auparavant. Toutefois, même en s’efforçant de raccourcir les délais, la vaccination de masse n’aura probablement pas lieu avant la fin de 2021.

Le nouveau coronavirus sera avec nous pendant les mois à venir. Nous resterons tous vulnérables à sa propagation, et nous devons continuer à le combattre, ensemble, avec les moyens dont nous disposons.

Nous voulons tous un retour complet à la normale, à une vie où la COVID n’est pas plus préoccupante que la grippe saisonnière. J’ai la certitude que la science nous aidera à y parvenir. En attendant, la science a montré ce que nous pouvons tous faire pour aider : le port du couvre-visage, l’éloignement physique, le lavage fréquent des mains et la limitation des cercles sociaux peuvent ralentir énormément la propagation du virus.

Ces mesures nous éloignent considérablement de nos habitudes sociales habituelles, et elles sont perçues comme un sacrifice. Toutefois, ce sont aussi des mesures simples, facilement adaptables par tous à notre quotidien. Lorsque nous les adoptons ensemble, elles deviennent un signe de notre attention et de notre respect mutuel, et lorsque ces valeurs s’imposent, nous sommes certains de gagner le combat.

Cet article a été publié le 17 août 2020 dans le journal The Hill Times.