Walta-Anne Rainey

Technologue en géoscience marine
Ressources naturelles Canada

Découvrez la vie à bord d'un brise-glace, la collaboration incroyable requise pour réaliser la cartographie, et des expériences inoubliables, comme l'observation d'ours polaires qui courent près du navire.

Transcription

On sait que l’Arctique est une région immensément vaste. On sait également qu’il y fait froid et que l’endroit est isolé. On connaît logiquement tous ces faits avant de s’y aventurer. Une fois rendu, alors que l’on se tient debout sur un navire qui brise la glace et que l’on admire l’horizon, on ne saisit pas vraiment l’ampleur du lieu où l’on se trouve et l’étendue considérable de la région avant de s’y trouver vraiment.

À ce moment, lorsque l’on se penche et que l’on regarde, on constate qu’il n’y a rien de comparable : les tons de bleu, le blanc, l’horizon où se rencontrent la mer, la glace et le ciel. C’est à couper le souffle.

La plupart des gens trouvent difficile de travailler dans l’Arctique, selon la tâche qu’ils effectuent. En fait, j’ai eu de la chance, parce que je ne travaillais pas vraiment sur le pont du navire. Je faisais partie des chanceux qui travaillaient à l’intérieur, dans un environnement chauffé. Les défis? On ressent un certain degré d’isolation malgré les technologies modernes et les systèmes de communication à notre disposition. Il arrive fréquemment que nous soyons privés de communications, donc ni Internet, ni téléphone cellulaire.

Je m’occupe du SIG dans le cadre de ce projet et ma tâche principale consiste à prendre les données de tous les scientifiques, quel que soit le format. Je prends toute cette information; je la place dans une base de données et ensuite dans un logiciel appelé « système d’information géographique ». Je procède en réalité à la création de cartes et de figures.

Je suis heureux de collaborer à ce projet, puisque je considère, comparativement aux autres, qu’il est extrêmement important. RNCan ou le Canada n’aurait jamais pu effectuer ce travail sans la collaboration des autres ministères du gouvernement. Et il y a la collaboration avec les autres pays. Nous avons travaillé main dans la main avec les Américains dans l’Arctique, alors que leur navire et le nôtre ont procédé ensemble à la collecte de données. Nous avons partagé l’information, ce qui fut inestimable. De telles collaborations nous permettent également d’acquérir les connaissances qui en découlent et toute cette information que nous échangions représentait un défi incroyable tout en étant très enrichissante.

Un jour, alors que je m’offrais une courte pause, j’étais debout sur le pont et, de côté, c’est comme si je percevais un mouvement du coin de l’œil. Je me suis retourné et il y avait un ours polaire. Nous nous déplacions passablement lentement, parce que nous étions en train d’arpenter la région et c’est la raison pour laquelle notre vitesse était légèrement réduite. Et j’ai regardé… et j’étais suffisamment près pour le voir à l’œil nu. Heureusement, j’avais mon appareil photo. L’ours était jeune et ne pouvait avoir plus de 3 ans. Il n’était pas vraiment gros, mais il courait à côté du navire et avançait à la même vitesse que nous. Il se mettait à courir et s’arrêtait parfois pour regarder. C’était impressionnant de le voir pour la première fois et je doute que nous ayons été le premier navire à l’apercevoir, puisqu’il semblait complètement fasciné par cette immense créature rouge et blanche.

C’est drôle. Mon inspiration pour ce travail est en quelque sorte difficile à expliquer, puisque je n’aime pas le froid et me voici travaillant dans l’Arctique depuis neuf ans. Il est également amusant de penser qu’au moment où ce projet sera chose du passé, je travaillerai probablement encore dans l’Arctique… Il y a quelque chose qui cloche chez moi.

 

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