Atténuation du radon dans les habitations au Canada : à la recherche d’une solution

Le radon est un gaz naturel incolore et inodore qui résulte de la dégradation de l’uranium présent partout dans la croûte terrestre. Ce gaz est libéré dans l’atmosphère, où sa concentration ne suscite aucune inquiétude. Toutefois, avec les techniques de construction modernes, les maisons sont plus étanches qu’auparavant, et le radon peut atteindre des concentrations élevées.

Selon des études menées en 2012, qui portaient sur 424 habitations de la Première Nation des Anishinabeg de Kitigan Zibi, située dans l’ouest du Québec, les taux de radon dans 42 % de ces maisons étaient supérieurs à la limite de 200 Bq/m3 fixée dans la ligne directrice sur le radon du gouvernement du CanadaFootnote 1. Le conseil de bande de la Première Nation a agi très rapidement afin de réduire les concentrations de radon dans les habitations touchées et de fournir des renseignements sur l’atténuation du radon aux résidents de l’endroit.

En plus de ce vaste programme communautaire d’atténuation du radon, qui a donné de bons résultats, des recherches ont aussi été menées sur la dépressurisation active du sol, qui est le moyen le plus souvent utilisé pour réduire les concentrations de radon. Cette méthode consiste à aspirer l’air (donc le radon) circulant sous la fondation d’une maison au moyen d’un ventilateur et à l’évacuer vers l’extérieur par un tuyau.

Il est également possible de réduire les concentrations de radon dans les maisons en installant une colonne de dépressurisation passive, qui ne comporte pas de ventilateur, mais qui fournit un passage permettant à l’air de sortir à l’extérieur.

En 2014, la Colombie-Britannique a été la première province du Canada à rendre obligatoire l’installation d’une colonne de dépressurisation passive s’étendant vers le haut à travers le bâtiment jusqu’au-dessus du toit dans les constructions résidentielles des régions où il y a un risque d’exposition au radon. En principe, ces systèmes peuvent être plus efficaces dans les climats froids étant donné l’écart de température entre l’air intérieur et l’air extérieur pendant l’hiver. Cependant, peu d’essais sur le terrain ont été réalisés au Canada.

Depuis 2017, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et Santé Canada mènent des recherches approfondies pour évaluer l’efficacité des colonnes de dépressurisation passive pour la réduction des taux de radon dans plus de 20 maisons de l’Ontario, du Québec et de la Colombie Britannique. Les résultats obtenus à ce jour montrent que les colonnes ont permis de réduire de 40 à 90 % les taux de radon à l’intérieur de ces maisons. Dans toutes celles où il y avait de fortes concentrations de radon, les taux ont été ramenés en dessous de la ligne directrice canadienne de 200 Bq/m3.

L’équipe chargée du projet de recherche du CNRC, sous la direction de Liang Grace Zhou (CNRC) et de Jeff Whyte (Santé Canada), a récemment ajouté à son étude sur le terrain huit maisons neuves dans la Première Nation des Anishinabeg de Kitigan Zibi. Marcel Brascoupé, propriétaire de MB Radon Solutions et professionnel de l’atténuation du radon accrédité par le Programme national de compétence sur le radon au Canada, collaborera avec l’équipe pour poser des colonnes de dépressurisation passive dans ces habitations. Cette mesure d’atténuation du radon sera mise à l’essai de janvier à décembre 2020. À la fin de la période d’essai, si les taux de radon dans ces maisons dépassent toujours la ligne directrice canadienne, l’équipe subventionnera l’ajout d’un ventilateur pour convertir la colonne en un système de dépressurisation active du sol, puis elle effectuera de nouveaux essais.

Ce projet est un bel exemple montrant que les systèmes d’atténuation du radon contribuent à rendre les maisons sécuritaires.