Les ours blancs : Le très grand signe avant-coureur pour notre génération

Ce mois-ci, Evan Richardson, chercheur scientifique à Environnement et Changement climatique Canada, nous parle de ses recherches sur les ours blancs et des répercussions des changements climatiques sur cette espèce emblématique du Nord.

Pour quelqu’un qui a consacré sa carrière à l’étude des ours blancs, Evan Richardson vous dira que tout a commencé par une rencontre fortuite. Son diplôme de zoologie l’a conduit à un emploi d’été dans la recherche sur les terriers de renards arctiques et de renards roux à Churchill, au Manitoba. Il y a rencontré Ian Stirling (aujourd’hui retraité) d’Environnement et Changement climatique Canada et Nick Lunn qui dirige maintenant le programme de recherche sur l’ours blanc de l’ouest de la baie d’Hudson. Cette rencontre fortuite lui a permis d’obtenir une maîtrise en sciences avec Stirling à l’Université de l’Alberta et de décrocher par la suite un emploi à Environnement et Changement climatique Canada où il est resté depuis ces vingt dernières années. Les recherches de Richardson se concentrent sur l’écologie des ours blancs et comprennent des travaux sur leur régime alimentaire, leur structure génétique, leur exposition aux contaminants et aux maladies et, enfin, les conséquences des activités humaines, notamment les changements climatiques et le développement industriel, sur leur population. Son travail contribue à la conservation à long terme de cette espèce emblématique de l’Arctique dans un environnement en rapide évolution. « Comme nous avons affaire à une hausse des températures entraînant une importante perte de glace marine, le tapis leur est arraché sous les pieds », dit Richardson. « On ne peut pas ériger une clôture autour de la glace marine et en faire un parc national pour donner aux animaux l’espace dont ils ont besoin tout en limitant l’accès aux humains. »

L’ours blanc contradictoire : prédateur et joueur

Il n’est pas surprenant que Richardson s’intéresse aux ours blancs. Après tout, ils touchent le cœur et l’esprit de la plupart des Canadiens par leur puissance et leurs prouesses de chasse. Mais ce n’est pas la seule facette des ours blancs, comme l’explique Richardson : « Les ours blancs ont aussi le sens du jeu. Vous le voyez sur les photos et dans les documentaires. Les mères qui jouent avec leurs petits ou deux mâles qui se battent maladroitement dans la toundra. Ce sont des créatures uniques, dynamiques et intelligentes. » Contrairement au Canadien moyen, Richardson a eu l’occasion de voir des ours blancs de près et en personne.

Au cours des trois dernières années, il s’est concentré sur la surveillance communautaire à partir de la station de recherche d’Environnement et Changement climatique Canada à Pond Inlet, au Nunavut, sur l’île de Baffin. Evan et Jamie Enook, technicien de recherche sur la faune d’Environnement et Changement climatique Canada à Pond Inlet, y collaborent avec la collectivité pour développer et soutenir une série de recherches. Richardson et Enook filent sur la glace marine avec des pisteurs inuits pour suivre les empreintes des ours blancs dans la neige afin de comprendre comment les ours blancs utilisent l’habitat complexe de la glace marine. « En travaillant avec des personnes des collectivités du Nord qui ont des connaissances traditionnelles sur les ours blancs et leurs habitats, nous en apprenons davantage sur le comportement et la santé des ours à long terme et sur la façon dont ils réagissent aux changements de leur milieu naturel », explique Richardson.

Conserver l’écosystème des glaces marines

« Les changements climatiques ont des répercussions sur les écosystèmes marins de l’Arctique. Ils ont des effets néfastes sur une grande variété d’espèces et nous ne parlons pas seulement de la perte potentielle d’ours blancs, mais de la perte de tout un écosystème qui dépend de la glace marine », explique Richardson. En matière de changements climatiques, l’ours blanc fait souvent office de signe avant-coureur, et le fait d’utiliser le sort de cette espèce peut contribuer grandement à sensibiliser le public aux changements qui se produisent dans le Nord. Les échanges à ce sujet s’étendent au-delà des frontières du Canada pour inclure tous les autres pays où vivent des ours blancs. Richardson travaille avec le Groupe de spécialistes des ours blancs de l’Union internationale pour la conservation de la nature afin de partager ses recherches et celles du Canada sur les ours blancs avec ses collègues de la Russie, des États-Unis, du Danemark et de la Norvège. « L’échange d’information avec d’autres nations polaires est crucial pour obtenir une perspective et une compréhension plus larges, selon les régions, des différents comportements de l’espèce qui subit les effets des changements climatiques. »

Défi accepté

Le Canada, qui abrite les deux tiers des ours blancs de la planète, joue un rôle important dans la conservation à long terme de l’espèce. Richardson se sent responsable de contribuer à la conservation de cette espèce emblématique qui se bat pour survivre dans un Arctique en mutation, une espèce qui est le symbole du vrai Nord et importante sur le plan culturel pour les Canadiens et les peuples autochtones. « J’aimerais faire tout mon possible pour que nous préservions les ours blancs », dit-il. « C’est un animal si étonnant, vraiment, nous devons tout faire pour assurer sa pérennité ».