Plaisirs glacés : qualité de l’air dans les arénas

Pour beaucoup de Canadiens et de Canadiennes, se rendre à la patinoire du coin fait partie de la routine de la semaine. Au Canada, des centaines de milliers de personnes se rendent régulièrement dans plus de 2 000 arénas pour pratiquer des activités comme le hockey, le patinage artistique, la ringuette ou le patinage libre.

Quand nous encourageons nos équipes préférées ou pratiquons notre passe-temps favori, c’est important d’avoir confiance que l’air que nous respirons est sain. Les surfaceuses et les coupe-bordures à glace (souvent appelés par le nom de marque Zamboni), utilisés pour garder une belle surface glacée, ont souvent des moteurs au gaz propane ou au gaz naturel. Ces moteurs émettent des polluants de l’air comme du monoxyde de carbone (CO) et du dioxyde d’azote (NO2), qui peuvent tous deux être néfastes pour la santé.

L’exposition à ces polluants peut entraîner des difficultés à respirer, une irritation des yeux et des voies respiratoires ainsi que des symptômes pseudogrippaux. Ces polluants peuvent aggraver les symptômes de l’asthme. Les enfants, les aînés et les personnes qui ont déjà des problèmes de santé sont plus susceptibles de ressentir ces effets sur la santé.

De 2017 à 2020, une équipe de scientifiques de Santé Canada s’est donné pour mission de formuler des recommandations pour la surveillance et l’amélioration de la qualité de l’air dans les arénas.

« La compréhension de la qualité de l’air dans les arénas était limitée », explique le scientifique Aaron Wilson. « D’autres recherches sortaient qui montraient que ces polluants de l’air pouvaient avoir des effets néfastes à des concentrations beaucoup plus faibles que ce que nous croyions jusque-là. Nous voulions avoir de solides données probantes pour formuler de bonnes recommandations à l’intention des gestionnaires d’arénas. »

« Les arénas sont des environnements uniques en ce sens que les gens y font de l’exercice. Pendant l’exercice, les humains respirent plus souvent et plus profondément, ce qui signifie qu’ils absorbent plus de polluants de l’air intérieur », dit la scientifique Christie Cole. « Il s’agit d’une situation de haute intensité, où l’esprit de compétition des joueurs de sports comme le hockey ou la ringuette peut les pousser à fournir de grands efforts. »

L’équipe de scientifiques a surveillé la qualité de l’air pendant sept jours consécutifs dans huit arénas de la Saskatchewan et de la ville d’Ottawa, en Ontario. Au même moment, ils surveillaient aussi la qualité de l’air à l’extérieur des arénas pour être en mesure de faire des comparaisons entre la qualité de l’air dans les deux environnements. Pour assurer une bonne installation des stations de surveillance, les scientifiques ont assemblé le matériel sensible dans des caisses spéciales pouvant être placées dans les arénas ou dehors.

Les moniteurs d’air aspirent l’air environnant et des capteurs mesurent continuellement les concentrations de polluants comme le CO et le NO2, à l’aide de lumière ultraviolette intégrée. Ceux-ci demeurent en fonction 24 heures par jour, et fournissent des données aux chercheurs pour les aider à évaluer la qualité de l’air à différents moments pendant la période d’échantillonage.

Dans un monde idéal, la qualité de l’air serait surveillée en continu dans tous les arénas de façon à ce que tout problème puisse être cerné et corrigé immédiatement. Ce n’est pas malheureusement pas possible dans de nombreux arénas en raison des coûts élevés.

L’information que les chercheurs ont obtenue leur a permis de formuler de meilleures orientations quant aux moments et aux endroits propices pour surveiller la qualité de l’air dans les arénas en vue d’obtenir les meilleurs résultats. Les scientifiques recommandent de procéder à l’échantillonnage quand il y a usage fréquent de surfaceuses ou de coupe-bordures. Ils recommandent aussi de placer le matériel d’échantillonnage dans les cabines de chronométrage, où les concentrations de polluants de l’air sont semblables à celles près de la surface glacée et où le matériel demeure accessible, mais protégé.

« De plus, nous ne savions pas comment les concentrations varient au fil de la journée », explique M. Wilson. « Est-ce qu’elles atteignent seulement leur apogée lors de l’entretien de la glace ou est-ce que les polluants de l’air s’accumulent tout au long de la journée? »

Pendant leurs recherches, les scientifiques ont remarqué que les concentrations de NO2 augmentaient tout au long de la journée et atteignaient leur apogée à la fin de la journée. Ils ont aussi remarqué que même le matin, les concentrations étaient plus élevées que celles à l’extérieur, ce qui a mené les scientifiques à recommander des mesures que les gestionnaires d’arénas pourraient prendre pour améliorer la qualité de l’air dans leurs installations.

À titre d’exemple, les arénas qui ont de la difficulté à réduire les concentrations de polluants au moyen des pratiques de ventilation actuelles sont invités à envisager de faire fonctionner la ventilation en continu pendant quelques heures au cours de la nuit en plus de la ventilation habituelle dans le but d’éliminer les polluants accumulés au cours de la journée précédente.

L’équipe s’est aussi penchée sur les différents types de carburants utilisés par les surfaceuses et les coupe-bordures à glace. Ils ont constaté que les moteurs au gaz propane et au gaz naturel émettent des concentrations de NO2 semblables. Ces concentrations sont moins élevées que celles émises par les moteurs à essence, plus vieux, qui sont moins écoénergétiques. « En fin de compte, la meilleure façon d’éliminer les polluants de l’air intérieur est d’utiliser des surfaceuses à moteur électrique. Mais puisque ça exige des investissements initiaux, il faudra du temps pour que tous les arénas soient en mesure de le faire », dit M. Wilson.

Grâce au travail acharné et au dévouement de l’équipe de recherche, Santé Canada peut maintenant diffuser des pratiques exemplaires pour améliorer la qualité de l’air dans les arénas. Ces pratiques incluent des pratiques générales pouvant être mises en place dans différents arénas en fonction de leurs besoins précis. « Les immeubles ne sont pas tous pareils. Les conseils incluent diverses stratégies dont le degré de complexité et le prix diffèrent pour que les gestionnaires d’arénas puissent essayer d’améliorer la qualité de leur air intérieur en fonction de leur propre situation », indique Patrick Goegan.