Unir les forces contre le puceron lanigère de la pruche

Juin 2022 | Agence canadienne d’inspection des aliments | par Nicole Mielewczyk et Erin Appleton, Unité de surveillance phytosanitaire

Beaucoup auraient été découragés par la pluie battante et les vents froids qui se sont installés dans le sud de l’Ontario le 21 avril 2022. Mais une équipe de spécialistes dévoués n’a pas été découragée et était impatiente de se mettre au travail pour mener d’importantes recherches sur le puceron lanigère de la pruche (PLP) – un insecte ravageur ressemblant à un puceron qui attaque et tue les pruches.

L’équipe était composée d’un biologiste chargé des enquêtes phytosanitaires et d’un étudiant stagiaire de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), ainsi que de biologistes et de techniciens du Service canadien des forêts (SCF) de Ressources naturelles Canada et de l’Institut de la biodiversité de l’Ontario (IBO) de l’Université de Guelph. Le groupe s’est réuni sur le site de l’infestation du PLP à Wainfleet, en Ontario, dans la région de Niagara. Ils étaient là pour mettre en place un certain nombre d’essais visant à évaluer les méthodes passives de détection du PLP. Le ravageur a été détecté pour la première fois à Wainfleet par les inspecteurs phytosanitaires de l’ACIA en 2019. En Ontario, le PLP a également été récemment détecté dans la ville voisine de Fort Erie et dans la ville de Niagara Falls. À l’échelle du Canada, le PLP a également été détecté dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, ainsi qu’en Colombie-Britannique.

La menace du PLP

Les sacs d’œufs du PLP ressemblent à des boules de coton ou à des amas de neige, et se trouvent sur les rameaux d’un arbre, près de la base d’une aiguille. Il peut se propager par de nombreuses voies et on sait que des forêts entières de pruches ont été anéanties. L’ACIA collabore avec des partenaires de la protection phytosanitaire, comme le SCF et l’IBO, pour mieux comprendre et réduire les impacts de ce ravageur. Pour ralentir la propagation du PLP et protéger les zones non infestées au Canada, l’ACIA surveille le ravageur et restreint le déplacement des plantes et des parties de plantes contenant de l’écorce ou du feuillage de pruche, des produits du bois sensibles, y compris le bois de chauffage, provenant de zones infestées. Les citoyens scientifiques ont également un rôle à jouer – si vous repérez le PLP en dehors de la Colombie-Britannique, signalez-le à l’ACIA.

Travailler ensemble pour une meilleure biosurveillance

L’équipe qui s’est réunie en cette froide matinée d’avril faisait partie d’une initiative de collaboration née du Programme d’aide fédérale de l’ACIA qui a été créé pour appuyer l’IBO afin de renforcer la capacité du Canada à utiliser des outils moléculaires pour la biosurveillance des phytoravageurs. L’initiative a donné lieu à de nombreux projets visant à aider à détecter les phytoravageurs et à y réagir, ainsi qu’à constituer des bibliothèques de référence d’ADN qui enrichissent nos connaissances sur les ravageurs.

Dans le cadre de cette initiative, des pièges à entonnoir Lindgren de 12 unités (voir photo ci-dessous) ont été installés à environ 600 à 900 mètres autour du site infesté connu, à raison d’un dans chaque direction cardinale. Le liquide contenu dans les pièges sera collecté chaque mois et envoyé à l’OBO aux fins d’analyse de l’ADN environnemental (ADNe). Les échantillons seront analysés pour détecter l’ADN du PLP et d’autres organismes nuisibles réglementés qui pourraient être difficiles à détecter autrement.

Partager les outils et les connaissances

Sur place, chaque organisation a eu l’occasion d’expliquer ses méthodes, de proposer son aide et de faire le point sur divers projets. Par exemple, l’IBO a montré comment utiliser son échantillonneur d’ADN environnemental sur le terrain pour prélever de l’eau de lavage de branche et de l’eau de tourbière infestée par le PLP. Les échantillons d’eau de tourbière sont analysés pour déterminer si l’ADN du PLP et de ses prédateurs (qui peuvent agir comme agents de biocontrôle) peut être isolé efficacement des eaux usées des sites infestés, tandis que l’eau de lavage sert de témoin. Cela fournit des indices importants pour la surveillance et la gestion du PLP.

Le SCF a également expliqué ses essais en cours pour l’évaluation des insecticides et pour l’amélioration des méthodes d’enquête et de détection. Une deuxième visite du site en collaboration était prévue pour inclure une démonstration du projet du SCF.

La pouvoir de la collaboration

Cette initiative interorganismes a fait progresser l’étude d’un important phytoravageur en utilisant de nouvelles technologies et approches. En outre, elle a fourni une excellente occasion de renforcer l’esprit d’équipe, de transférer des connaissances et de créer des réseaux. L’étudiant stagiaire de l’ACIA a appris de première main les divers rôles et possibilités au sein de tous les organismes, et a pu constater la valeur scientifique de la collaboration. Il a partagé des récits d’expériences antérieures et de journées sur le terrain par un temps exécrable et a discuté de futures initiatives de collaboration. Par exemple, il était passionnant d’apprendre que le SCF explore un autre type de piège pour la détection du PLP, conçu pour les scientifiques de la communauté. Ce type d’échange informel d’informations débouche souvent sur les idées les plus créatives et les plus innovantes. Pour toutes les personnes concernées, il s’agissait d’un rappel important de l’enthousiasme et de l’expertise partagés que cette initiative de collaboration permet de faire progresser la protection phytosanitaire.

Pour en savoir plus