COP15 – Déclaration des conseillers scientifiques internationaux

 

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Il existe des preuves convaincantes que la biodiversité mondiale se détériore rapidement. Plus d’un million d’espèces sont actuellement en voie d’extinction, et beaucoup d’entre elles risquent de disparaître au cours des prochaines décenniesNote de bas de page 1. Cela pourrait très bien marquer le début de la sixième extinction massive de l’histoire de la TerreNote de bas de page 2.

Les bienfaits matériels et culturels de la biodiversité sur la population sont nombreux. Le rendement ou la qualité de plus de 75 pour cent des cultures vivrières mondiales dépendent de la pollinisation animaleNote de bas de page 3. Environ 50 000 espèces sauvages sont transformées en nourriture, en énergie, en médicaments ou en matériauxNote de bas de page 4. La biodiversité améliore la sécurité alimentaire en facilitant la production alimentaire, en stabilisant l’approvisionnement alimentaire saisonnier et en rendant l’approvisionnement alimentaire plus résistant aux calamités telles que les sécheresses, les inondations et les invasions d’organismes nuisiblesNote de bas de page 5. La biodiversité mondiale est une mine d’informations génétiques permettant de développer de nouveaux médicaments et traitements. De plus, de nouvelles technologies pourraient favoriser la découverte de médicaments à base de produits naturelsNote de bas de page 6.

Le déclin de la biodiversité a des répercussions importantes sur la santé, la sécurité et le bien-être économique des humains. La perte d’habitats marins et côtiers riches en biodiversité augmente les risques de pertes humaine et matérielle dues à des inondations et à des ouragans pour 100 à 300 millions de personnes vivant dans des collectivités côtièresNote de bas de page 7. Puisque 70 pour cent des agents pathogènes proviennent de la faune, l’empiétement humain sur les habitats naturels augmente considérablement les risques de transmission de maladie de la faune aux humainsNote de bas de page 8, ce qui, dans un monde d’échanges commerciaux et de déplacements, augmente le risque de pandémies mondialesNote de bas de page 9. Les effondrements des populations de pollinisateurs sauvages, de la pêche en mer et de la production de bois pourraient, à eux seuls, réduire le PIB mondial de 2,7 billions de dollars par année d’ici 2030. Ce montant comprend des pertes économiques pouvant atteindre jusqu’à 10 pour cent par année dans les pays vulnérables à faible revenu et à revenu intermédiaireNote de bas de page 10.

Les causes de la crise de la biodiversité et de la crise climatique sont majoritairement de nature humaine, et ces crises sont étroitement liées : la perte de biodiversité intensifie les effets des changements climatiques, qui eux accélèrent la perte de biodiversité. Par conséquent, l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ceux-ci, et la protection et la restauration de la biodiversité sont souvent des objectifs s’appuyant mutuellementNote de bas de page 11.

Trois décennies après la Convention sur la diversité biologique de 1992 et malgré quatorze conférences des Parties, la réponse mondiale à la crise de la biodiversité demeure « nettement insuffisante »Note de bas de page 12. Afin d’éviter une perte de biodiversité catastrophique, il faut immédiatement prendre des mesures coordonnées et efficaces pour protéger, conserver et restaurer la biodiversité. Dans le cadre de la COP15, nos demandes aux gouvernements sont les suivantes :

  • Respecter le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020. Afin d’atteindre les objectifs du cadre, il faut agir immédiatement pour transformer les secteurs économiques, sociaux et financiers nationaux et internationaux et les chaînes d’approvisionnement des produits de base. Il faut aussi favoriser la protection, la conservation, la restauration et l’utilisation durable des populations d’espèces sauvages et des écosystèmes terrestres, marins et d’eau douce; décourager les activités nuisant aux efforts de conservation de la biodiversité; et promouvoir l’ajout d’une section pour le capital naturel ou les services de la nature dans les systèmes de comptabilité économique nationaux.
  • Investir immédiatement dans des mesures dont les effets bénéfiques sur la biodiversité sont prouvés de manière irréfutable. La priorité doit être accordée aux mesures permettant aussi d’atténuer les changements climatiques ou de s’y adapter, de progresser plus rapidement vers l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations Unies et de renforcer la résilience sociale, économique ou écologique, surtout dans les secteurs plus vulnérables ayant une grande biodiversité locale ou régionale ou contribuant grandement à la biodiversité mondiale.
  • Mettre en place des mécanismes de surveillance de la biodiversité robustes, transparents, flexibles, reproductibles et efficaces qui respectent les normes internationales. Ces mécanismes sont essentiels pour assurer la transparence des rapports et de la comptabilisation, pour combler les lacunes importantes en matière de données, pour prioriser les mesures de rétablissement et de restauration à certains endroits et pour évaluer l’efficacité des mesures de conservation ou de gestion et les répercussions de ces dernières sur le bien-être humain.
  • Coordonner des mesures prises aux échelles locale et internationale, en mettant particulièrement l’accent sur le renforcement des mesures équitables et inclusives visant à protéger, à conserver et à restaurer la biodiversité à l’aide de programmes de financement, de la mise en commun volontaire de technologies ou de connaissances à des conditions convenues d’un commun accord et du renforcement des capacités. Les objectifs sont d’encourager la participation des réseaux de collectivités et des partenaires des secteurs public et privé et de réduire les coûts des investissements pour la protection, la conservation et la restauration.
  • Favoriser l’innovation en utilisant des connaissances sur la biodiversité provenant de divers systèmes de connaissances; en investissant stratégiquement dans des solutions axées sur la nature ou sur les communautés ou dirigées par des peuples autochtones; en mettant en place des capacités scientifiques reproductibles et pouvant évoluer aux échelles locale et nationale, surtout dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire; et en développant des technologies évolutives et rentables pour améliorer la consommation et la production durables, la vitesse d’exécution des évaluations de la biodiversité, le rétablissement des espèces et la restauration des écosystèmes.
  • Mobiliser le public en collaborant avec des partenaires nationaux et internationaux pour élaborer et déployer des stratégies inclusives visant à sensibiliser le public, notamment les enfants et les jeunes adultes, à la valeur de l’environnement et à l’ampleur de la crise mondiale de la biodiversité.
 

Signé :

 

Professeure Himladevi Soodyall
Directrice générale, Académie des sciences d’Afrique du Sud
Afrique du Sud

Professeure Himladevi Soodyall

Professeur (ETHZ) Dr Gerald H. Haug
Président de l’Académie nationale allemande des sciences Leopoldina
Allemagne

Professeur (ETHZ) Dr Gerald H. Haug

Dre Cathy Foley
Scientifique en chef de l’Australie
Australie

Dre Cathy Foley

Dre Mona Nemer, C.M., C.Q., MSIC, FCIC
Conseillère scientifique en chef du Canada
Canada

Dre Mona Nemer, C.M., C.Q., MSIC, FCIC

 

Silvia Díaz Acosta
Ministre de la science, de la technologie, de la connaissance et de l'innovation
Chili

Silvia Díaz Acosta

Mahmoud Mohamed Sakr
Président, Académie de la recherche scientifique et de la technologie ASRT
Égypte

 

Diego J. Inclán, Ph.D.
Executive Director, National Institute of Biodiversity of Ecuador (INABIO)
Ecuador

Diego J. Inclán, Ph.D.

Arati Prabhakar
Assistante du président pour la science et la technologie
Directrice, Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche
États-Unis

Arati Prabhakar

 

Professeur Antoine Petit
Président-directeur général, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
France

Professeur Antoine Petit

István Szabó, Ph.D.
Vice-président pour les sciences et les relations internationales
Office national de la recherche, du développement et de l’innovation
Hongrie

István Szabó, Ph.D.

 

Professeur Ajay Kumar Sood
Conseiller scientifique principal auprès du gouvernement de l’Inde
Inde

Professeur Ajay Kumar Sood

Dr Takahiro Ueyama
Membre exécutif, Conseil pour la science, la technologie et l’innovation
Japon

Dr Takahiro Ueyama

 

June Nasrallah
Présidente, l’Académie des sciences
Liban

June Nasrallah

Professeure émérite Datuk Dre Asma Ismail, FASc
Conseillère national pour la science, la technologie et l’innovation
Malaisie

 

María Elena Álvarez-Buylla Roces, Ph.D.
Directrice générale, Consejo Nacional de Ciencia y Tecnología (Conseil national pour la science et la technologie)
Mexique

María Elena Álvarez-Buylla Roces, Ph.D.

Professeure Ekanem Ikpi Braide, FAS
Présidente, Académie nigériane des sciences
Nigeria

Professeure Ekanem Ikpi Braide, FAS

 

Mari Sundli Tveit
Directrice générale, Conseil norvégien de la recherche
Norvège

Mari Sundli Tveit

Professeure Dame Juliet A. Gerrard, DNZM, HonFRSC, FRSNZ
Conseillère scientifique en chef du Premier ministre de la Nouvelle-Zélande Kaitohutohu Mātanga Pūtaiao Matua ki te Pirimia
Nouvelle-Zélande

Professeure Dame Juliet A. Gerrard, DNZM, HonFRSC, FRSNZ

 

Jose Ramon T Villarin, SJ, Ph.D.
Directeur exécutif, Observatoire de Manille
Philippines

Jose Ramon T Villarin, SJ, Ph.D.

Filipe Duarte Santos
Président, Conseil national pour l’environnement et le développement durable (CNADS)
Portugal

Filipe Duarte Santos

 

Professeur Hou Jianguo
Président, l’Académie chinoise des sciences
République populaire de Chine

Professeur Hou Jianguo

Sir Patrick Vallance
Conseiller scientifique en chef du gouvernement du Royaume-Uni
Royaume-Uni

Sir Patrick Vallance

 

Xavier Estico
Directeur général, Division des sciences, de la technologie et de l’innovation
Ministère de l’Investissement, de l’Entrepreneuriat et de l’Industrie
Seychelles

Xavier Estico

Dr Anil Jayasinghe
Secrétaire ministère de l’Environnement
Sri Lanka

Dr Anil Jayasinghe

 

Professeur Dr Marcel Tanner
Président, Académies suisses des sciences
Suisse

Professeur Dr Marcel Tanner

Professeure Nicole Grobert
Présidente du Groupe des conseillers scientifiques en chef de la Commission européenne
Union européenne

Professeure Nicole Grobert

 

Sir Peter Gluckman
Président, Conseil scientifique international

Sir Peter Gluckman