Notes d’allocution
Mona Nemer
Conseillère scientifique en chef du Canada
Comité permanent de la science et de la recherche
8 février 2022
La version prononcée fait foi
Bonsoir, vice-présidents et membres de la comité. Merci de me donner ce soir l’occasion d’échanger avec vous.
J’aimerais d’abord vous féliciter, vous et tous les membres, d’avoir été nommés à cet important comité, dont la création est essentielle, non seulement pour le milieu de la recherche, mais aussi pour l’avenir de notre pays.
Au cours des deux dernières années, alors qu’un nouveau virus balayait le monde et représentait une menace existentielle jamais observée depuis un siècle, nous avons vu la science en action comme jamais auparavant. La science nous a guidés tout au long de la pandémie et nous a donné les outils – des diagnostics aux vaccins en passant par les thérapies – qui ont sauvé des vies et qui nous permettent de revenir à un état plus normal. Les chercheurs se sont empressés d’en apprendre davantage sur le virus et sur la maladie qu’il engendre. Leurs découvertes ont soutenu les politiques publiques en temps réel et ont suscité un intérêt sans précédent du public pour la science, les conseils scientifiques et les décisions fondées sur des données probantes.
Pendant cette période, en ma qualité de conseillère scientifique en chef, j’ai communiqué avec des chercheurs canadiens qui ont généreusement participé à de nombreux groupes de travail et groupes d’experts pour aider à fournir des conseils scientifiques à notre gouvernement à l’appui de la gestion de la pandémie. Mentionnons entre autres des conseils sur les besoins en matière de recherche, le rôle des aérosols dans la transmission du virus, les répercussions de la maladie sur les enfants et des options pour la surveillance continue du virus et la détection précoce.
La science et la recherche seront encore plus nécessaires après la pandémie pour nous aider à bâtir des sociétés saines, sécuritaires et durables, tout en nous soutenant dans la lutte pour l’atténuation des changements climatiques et dans notre adaptation à ces changements. C’est pourquoi le travail de ce comité est si important.
Depuis sa création à l’automne 2017, mon bureau s’emploie à remplir son mandat, qui consiste à fournir des conseils au gouvernement sur (1) l’amélioration du soutien à une recherche scientifique de qualité, y compris des lignes directrices pour un écosystème de science ouverte et (2) l’amélioration de la fonction consultative scientifique au sein du gouvernement, y compris les processus de prise de décisions fondées sur la science. À cette fin, nous avons élaboré un modèle stratégique d’intégrité scientifique, qui a maintenant été mis en œuvre dans 22 ministères et organismes fédéraux, ainsi qu’une feuille de route pour la science ouverte, qui a également été adoptée par la communauté de la recherche au sein des ministères et à l’extérieur de ceux-ci. Nous avons également recommandé la création d’un réseau croissant de conseillers scientifiques ministériels, qui renforcent les besoins du gouvernement en matière de conseils scientifiques, et nous avons contribué à cette création. Si vous me le permettez, madame la présidente, je tiens à souligner le soutien inestimable que vous avez apporté à la mise sur pied de ce réseau des plus utiles, dans votre rôle de ministre des Sciences.
De plus, mon bureau a participé à la création du Groupe interministériel sur les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques autochtones ou STIM-A, qui vise à accroître et à élargir le soutien aux priorités autochtones en matière de gérance environnementale et de recherche. Nous avons également participé activement à la collaboration scientifique internationale, ce qui a grandement profité à notre pays pendant la pandémie.
Mon bureau continuera de fournir des conseils scientifiques sur des questions essentielles au bien-être des Canadiens, notamment la préparation aux situations d’urgence, l’adaptation aux changements climatiques, les technologies de pointe et la recherche et le perfectionnement des talents dans des secteurs clés.
L’acquisition de nouvelles connaissances scientifiques, notre mobilisation dans l’innovation technologique et son utilisation prudente, appropriée et transparente dans le processus décisionnel du gouvernement contribuent au bien-être et à la prospérité de tous les Canadiens.
Au fil des ans, nous avons connu des succès remarquables dans divers domaines, allant de la physique, de l’informatique et du génie aux sciences de la vie et aux sciences de la santé, qui se sont traduits par des technologies numériques et des produits de santé, entre autres innovations. Cependant, à mesure que de nombreux pays du monde accroissent leurs investissements dans la recherche pour stimuler leur économie et y portent une attention accrue, les dépenses relatives du Canada en recherche et développement (R-D) ont diminué au cours des deux dernières décennies.
Un rapport de 2018 du Conseil des académies canadiennes souligne à quel point le Canada est à la traîne des autres pays en matière de recherche, concernant la plupart des technologies habilitantes et stratégiques, et représente une part relativement faible des résultats de la recherche mondiale dans des domaines prometteurs du développement technologique, notamment la biotechnologie, la nanotechnologie et la science des matériaux. Cela a évidemment une incidence directe sur notre capacité à créer des produits novateurs et à soutenir des entreprises qui créeront des emplois et apporteront la prospérité.
Le Canada peut encore rattraper ses pairs qui vont de l’avant et ont établi de grandes visions audacieuses en matière de sciences et de technologie. Nous avons les ingrédients essentiels, des gens talentueux et des installations de calibre mondial pour les rattraper, mais pour y arriver, nous devons prioriser la science dans nos stratégies économiques.
La pandémie nous a déjà enseigné de nombreuses leçons, notamment l’importance de la recherche, de l’innovation et de la fabrication au pays, ainsi que le pouvoir que génère la collaboration entre le gouvernement, les entreprises, les universités et la société civile pour faire progresser les solutions scientifiques. La plupart des pays comparables au Canada accordent la priorité à la recherche et à l’innovation dans le cadre de leurs économies postpandémiques, créant ainsi un environnement hautement concurrentiel pour attirer et retenir les talents et les investissements.
Alors que nous nous tournons vers un avenir qui aura encore plus besoin de la science et de la recherche, nous devons fixer des objectifs ambitieux pour notre pays et nous assurer de disposer d’un milieu et des conditions appropriés pour les atteindre. La découverte et le perfectionnement des talents reposent sur un écosystème de recherche prospère. Cet écosystème permet également le développement de la R-D axée sur la mission dans des secteurs prioritaires pour notre pays, qu’il s’agisse de la santé, de l’agriculture, de l’énergie ou des communications sécurisées.
Pour résumer, la réaffirmation du caractère essentiel de la recherche se traduira par des avantages socioéconomiques pour tous les Canadiens. Le leadership scientifique nous fournira les outils nécessaires pour renforcer notre position internationale dans un monde de plus en plus complexe. Nous devons intégrer la science et l’innovation technologique à toutes nos politiques économiques, tout comme nous devons intégrer les conseils scientifiques dans nos processus décisionnels.
Je suis impatiente d’aider le comité dans son important travail. Merci.