Comité permanent de la science et de la recherche : Les bourses de formation aux cycles supérieurs et de les bourses postdoctorales

OCSA insignia - insigne BCSC

Notes d’allocution

Mme Mona Nemer
Conseillère scientifique en chef du Canada

Comité permanent de la science et de la recherche : Les bourses de formation aux cycles supérieurs et de les bourses postdoctorales

Ottawa, Ontario
6 juin 2023

La version prononcée fait foi

 

Bonjour, Monsieur le Président, et merci de me donner l’opportunité d’échanger avec vous et votre comité sur un sujet très important. En tant que scientifique, éducatrice et ancienne vice-rectrice à la recherche d’une université, je suis heureuse de partager mon point de vue sur le système de bourses de formation aux cycles supérieurs et de bourses postdoctorales de notre pays.

 

Au cours de ma carrière, j’ai formé plus de 100 étudiants diplômés et postdoctoraux et j’en ai guidé et conseillé bien plus encore. Aujourd’hui, ces individus travaillent dans le gouvernement, dans l’industrie biotechnologique ou pharmaceutique, et dans nos collèges et universités. Beaucoup sont devenus des chercheurs de premier plan dans des domaines clés allant des neurosciences au cancer. Certains sont des professionnels de la santé en exercice tandis que d’autres sont devenus entrepreneurs, créant et développant des entreprises. Beaucoup étaient des étudiants internationaux, et plus de 50 pour cent d’entre eux ont choisi de faire du Canada leur nouveau foyer après l’obtention de leur diplôme. Ce que tous mes étudiants diplômés ont en commun, c'est d’avoir rempli les exigences de leurs programmes d’études supérieures en grande partie grâce à la recherche.

Ce constat n’est pas spécifique à mon groupe ou à mon domaine de recherche en sciences biologiques. Ce que je viens de décrire est la façon dont les programmes d’études supérieures en science sont structurés.

Dans ces programmes, l’essentiel de l'apprentissage se fait par l’expérimentation en situation réelle et par la résolution de problèmes dans le cadre de la conduite d’un projet de recherche sous la supervision d’un professeur accrédité — c’est pourquoi les programmes d’études supérieures sont en réalité des programmes de formation pour apprentis. La bourse que les étudiants diplômés reçoivent, qu’il s'agisse d’une allocation directe ou d’une allocation versée à partir des fonds de recherche du superviseur — reconnaît le travail qu’ils effectuent pendant leur formation, comme on le ferait pour les apprentis d’un métier ou les résidents en médecine.

Au cours des 20 dernières années, l’intensité de recherche dans nos institutions postsecondaires a considérablement augmenté, en grande partie grâce au soutien fédéral à l’infrastructure de recherche et à des programmes comme les Chaires de recherche du Canada et les Chaires d’excellence en recherche du Canada. Attirer des chercheurs de premier plan au Canada a permis en retour d’augmenter les capacités de formation en recherche, y compris dans des secteurs clés tels que l’intelligence artificielle, la science des données, la santé et les études environnementales. Cet écosystème de recherche florissant a renforcé la position du Canada en tant que leader mondial dans de nombreuses technologies de pointe générant des impacts économiques significatifs.

Malheureusement, pendant cette période, le nombre de bourses de formation et la valeur des subventions de recherche n’ont pas augmenté aussi rapidement que le nombre croissant de nos étudiants aux cycles supérieurs. Par conséquent, l’accès aux bourses est devenu limité et la valeur des bourses n’a pas suivi le coût de la vie. À une époque de pénurie de main-d'œuvre et de concurrence internationale intense, nous devons revoir nos programmes pour mieux soutenir la formation aux cycles supérieurs et rendre ces programmes plus attractifs et accessibles à toutes les communautés au Canada.

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles nous devons absolument nous pencher sur l’enjeu des programmes de cycles supérieurs et postdoctoraux. Je me concentrerai sur trois d’entre elles.

Tout d’abord, les programmes d’études supérieures aident les gens à développer leurs talents et leurs compétences. Former les gens à la recherche est l’un des meilleurs moyens de veiller à ce qu’ils soient « prêts à l’emploi ». Au-delà de l’expertise technique acquise dans le cadre de ces programmes, la recherche aide les gens à se doter des compétences transférables que la plupart des employeurs recherchent, notamment en ce qui concerne la résolution de problèmes, l’adaptabilité, la résilience et le travail d’équipe, pour n’en citer que quelques-unes.

Deuxièmement, un secteur robuste de formation des diplômés contribue à la croissance de l’économie. Le talent est l’aimant qui attire les industries dans un pays et une région. En aidant nos universités à développer des talents, nous rendons le Canada attrayant aux yeux des investisseurs internationaux et stimulons le développement économique régional.

Enfin, la modernisation et la diversification de notre bassin de diplômés aujourd’hui auront d’énormes retombées positives demain. La réputation du Canada en tant que pôle de talents attire les principales industries de l’avenir comme celles des produits de la santé, de l’alimentation ou de la fabrication de batteries électriques, sans oublier les géants de l’industrie automobile. En améliorant les possibilités de formation et d’emploi postuniversitaire, nous garderons les talents au pays, attirerons les meilleurs étudiants internationaux et renforcerons le cercle vertueux qui permet aux sociétés d’être prospères grâce à la formation et à la formation par la recherche.

En somme, ce n’est pas le moment de se reposer sur ses lauriers. Tout comme nous ne pouvions pas prédire il y a quelques années la manière dont l’intelligence artificielle ou même la pandémie allaient avoir une influence sur la société, nous ne pouvons pas encore prédire la prochaine grande découverte ou le prochain développement technique ainsi que les changements profonds qui en découleront. En rendant nos bourses d’études concurrentielles et accessibles à tous, nous disposerons du bassin de talents et de la main-d’œuvre diversifiés dont nous aurons besoin pour relever les défis et saisir les occasions encore inconnues qui se présenteront à nous.

Je ne vois pas de meilleur moyen de « préparer l’avenir » de nos collectivités et de nos sociétés.