La conférence du Réseau canadien de documentation pour la recherche : Feuille de route pour une transition scientifique réussie

Notes d’allocution

Mona Nemer
Conseillère scientifique en chef du Canada

La conférence du Réseau canadien de documentation pour la recherche : Feuille de route pour une transition scientifique réussie

6 octobre 2020

La version prononcée fait foi


Bonjour à toutes et à tous. J’aimerais tout d’abord vous saluer toutes et tous de partout au pays, qui êtes devant votre écran, et remercier les organisateurs de la conférence de m’avoir invitée à m’adresser à vous cet après-midi. Merci de m’accueillir parmi vous.

J’appuie depuis longtemps le Réseau canadien de documentation pour la recherche (RCDR), d’abord à titre de chercheuse, puis à titre de vice-rectrice à la recherche à l’Université d’Ottawa lorsque j’étais membre du comité, et maintenant dans le cadre de mes fonctions. Je partage votre vision de rendre le savoir mondial accessible à tous. Je veux également remercier le RCDR pour tout le travail qu’il a accompli au cours des 21 dernières années dans l’avancement de l’accès durable à la recherche mondiale et au contenu patrimonial du Canada.

De bonnes politiques publiques, particulièrement lorsqu’on se trouve dans une urgence mondiale comme la pandémie actuelle, nécessitent les meilleurs conseils scientifiques et les plus à jour. Ces conseils, à leur tour, dépendent de recherches de haute qualité. Nous savons que la meilleure façon d’effectuer des recherches de haute qualité est de communiquer ouvertement les constatations de nos recherches.

Lorsque nous y arrivons, nous avons une meilleure chance de maintenir et de gagner la confiance du public dans la science. De plus en plus, le public s’intéresse à la science et demande d’avoir accès aux renseignements qui orientent les décisions du gouvernement. Nous le voyons clairement dans la pandémie actuelle.

Comme vous le voyez, il s’agit d’un réseau interrelié où les décideurs, les scientifiques et le public dépendent les uns des autres, et nous dépendons tous des professionnels comme vous qui rendent des renseignements vitaux accessibles à tous. Votre travail est plus important et précieux aujourd’hui que jamais.

La science d’aujourd’hui est de plus en plus interdisciplinaire. Dans ce contexte, les chercheurs ont tout avantage à avoir accès à de l’information qui provient de divers champs d’expertise. En même temps, le public s’intéresse de plus en plus aux découvertes scientifiques et il se sent interpellé par la manière dont le savoir scientifique informe les décisions gouvernementales.

Il est difficile de répondre aux besoins de ces deux groupes si la recherche financée par les pouvoirs publics n’est pas facilement accessible. En réalité, les résultats de la recherche demeurent souvent difficiles d’accès pour les chercheurs, les étudiants, les professionnels de la santé et les entrepreneurs. Cela entrave le progrès de la science et, en fin de compte, affecte la confiance du public.

L’une de mes premières actions à titre de conseillère scientifique en chef a été d’élaborer une politique sur l’intégrité scientifique pour encourager la diffusion publique de la recherche fédérale et pour affirmer la liberté des chercheurs à parler ouvertement de leurs recherches. Elle a maintenant été adoptée par 20 ministères fédéraux.

Plus tôt cette année, j’ai également publié une feuille de route pour la science ouverte. Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont aidée dans sa conception, y compris le Comité consultatif sur la feuille de route pour la science ouverte, présidé par la très talentueuse Leslie Weir, la conférencière principale de la conférence du RCDR de l’an dernier.

La feuille de route tient compte du fait que l’avancement vers un paysage scientifique ouvert nécessite une approche coordonnée. À cette fin, nous mettons l’accent sur quelques éléments clés : les personnes, la transparence, l’inclusion, la collaboration et la durabilité.

Nous estimons que pour mettre en œuvre ces principes, il vaut mieux adopter une approche par étape en commençant par rendre les publications scientifiques fédérales ouvertes sans période d’embargo, puis en faisant en sorte que les données scientifiques fédérales soient faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables (principes FAIR).

Ensemble, ce cadre constitue un bon fondement qui aide le gouvernement à faire la transition vers un nouveau paysage scientifique ouvert.

C’est ce qui souligne l’un des thèmes clés de la conférence : l’accès en transition. La science et la recherche traversent une période de transition qui est autant une transition numérique qu’une transition opérationnelle. Elle découle d’un besoin plus grand de collaboration, soit la collaboration entre les scientifiques de toutes les disciplines qui travaillent avec les bibliothécaires, les diffuseurs de connaissances et les solliciteurs de connaissances.

Le partage des connaissances a toujours été au cœur de la pratique scientifique, que ce soit dans le cadre de l’enseignement ou dans celui des échanges entre savants. Au cours des siècles, ce partage a su profiter des avancées technologiques comme de l’imprimerie de Gutenberg, ou du transfert numérique d’aujourd’hui.

Or, réussir la transition actuelle vers un environnement propice à la science ouverte exige l’adhésion de tous. Cette transition demandera des modifications de notre infrastructure technologique comme de notre environnement réglementaire, et des changements de notre culture. C’est pourquoi nous devons travailler ensemble pour y parvenir.

Depuis le début de la pandémie, la communauté des chercheurs, bibliothécaires, éditeurs, et bailleurs de fonds du monde entier ont fait en sorte que cela se produise. Il n’est pas exagéré de dire que la pandémie de la COVID-19 a changé notre monde. Parmi ces changements une chose positive est apparue : la science ouverte s’est avérée être un atout important dans la quête de solutions.

Au début de la pandémie, je me suis jointe à mes collègues internationaux pour demander l’accès gratuit et ouvert à toutes les études et aux données connexes en lien avec la COVID-19. Le milieu de la publication a répondu rapidement et efficacement.

Le fait de rendre les données de recherche et les publications scientifiques accessibles immédiatement à tous, plutôt que de les restreindre par l’entremise d’accès payants, a permis une diffusion plus équitable des connaissances et a veillé à ce que les autorités de santé publique et les décideurs politiques prennent des décisions fondées sur les données probantes les plus récentes. Je ne peux pas imaginer la façon dont nous aurions pu collectivement faire face à cette pandémie sans l’accès ouvert.

Au-delà de la science liée à la pandémie, nous devons aller plus loin et encourager la science ouverte dans l’ensemble du spectre de recherche. La science ouverte favorise aussi la qualité et l’intégrité dans la recherche en permettant d’élargir l’évaluation et la surveillance.

Les prépublications et la communication ouverte de données accélèrent le développement des connaissances et le soutien de la prise de décision fondée sur des preuves. Cela a également rendu public le processus scientifique. Cette situation s’accompagne de difficultés et met un fardeau sur la collectivité scientifique qui doit expliquer la façon dont les scientifiques en viennent à un consensus et la façon dont les connaissances scientifiques sont conçues.

C’est pourquoi je me suis jointe l’été dernier au groupe d’harmonisation des intervenants du RCDR. Mes collègues et moi envoyons un signal aux éditeurs commerciaux indiquant que la collectivité de recherche canadienne se soucie de l’augmentation de l’accès à la recherche et de l’avancement de bourses ouvertes de manière abordable et transparente.

À long terme, nous avons besoin d’une approche harmonisée relative à la science ouverte au Canada qui est compatible à celle de nos partenaires internationaux. Pour ce faire, au cours de l’année à venir, je prévois communiquer avec la communauté scientifique à l’extérieur du gouvernement pour travailler à la réalisation de cet objectif d’harmonisation de l’approche dans l’ensemble du système scientifique au Canada. Je me fie à vos connaissances et à votre expertise dans le cadre de cet effort national.

Pour y parvenir, je compte sur votre soutien et votre collaboration. J’ai hâte de pouvoir travailler avec vous pour renforcer la science ouverte au Canada. Dans le cadre de la feuille de route pour la science ouverte, mon bureau s’est engagé à entreprendre un dialogue au-delà de la communauté scientifique gouvernementale afin de développer une approche canadienne.

Nous communiquerons avec vous dans les mois à venir. J’espère que vous vous joindrez à nous dans le cadre de cette extraordinaire occasion pour aider à coordonner une transition réussie de la collectivité scientifique canadienne concernant la transformation de la façon de produire et d’utiliser la science dans l’intérêt de tous les Canadiens.

Je vous remercie de votre écoute. Je suis disponible pour répondre à quelques questions. Merci.