Research Data Alliance / 16e assemblée plénière / Écologie de la connaissance

Notes d’allocution

Mona Nemer
Conseillère scientifique en chef du Canada

Research Data Alliance
16e assemblée plénière
Écologie de la connaissance

Discours virtuel

9 novembre 2020

La version prononcée fait foi


Bonjour à tous, et merci de m’avoir invitée à participer à cette importante conférence. Je partage votre vision d’un monde dont les connaissances seraient accessibles à tous. Je tiens également à remercier la Research Data Alliance pour tout le travail accompli visant à faire avancer les principes du libre accès à l’information.

Une bonne politique publique, particulièrement dans une situation d’urgence à l’échelle mondiale comme avec la pandémie actuelle, exige des avis scientifiques fiables et très à jour. Ces avis se fondent à leur tour sur une recherche scientifique de qualité supérieure. Et nous savons que la meilleure façon de générer cette recherche scientifique de qualité supérieure est d’échanger les résultats de nos recherches de manière ouverte.

Lorsque nous atteignons cet objectif, nous avons de meilleures chances de maintenir et de susciter la confiance du public en la science. Le public s’intéresse, de manière croissante, à la science et demande d’avoir accès à l’information qui oriente les décisions gouvernementales. Cela transparaît clairement dans la crise sanitaire actuelle.

Au début de l’année 2020, nous ne savions presque rien sur le SARS-CoV-2. Grâce aux chercheurs qui ont échangé de façon ouverte la première version de la séquence du génome du virus, nous avons pu faire d’énormes progrès dans les traitements, à une vitesse record, et nous développerons probablement bientôt un vaccin.

À l’échelle internationale, nous avons vu des organisations comme l’Université Johns Hopkins développer une base de données en libre accès sur les cas de COVID-19 dans les différents pays, un système de suivi mondial de la pandémie, laquelle a été très utile pour le milieu de la recherche.

Ici, au Canada, le gouvernement a publié en ligne les ensembles de données sur la COVID-19, et le milieu de la recherche et moi-même avons participé aux appels internationaux visant le libre accès à la recherche et aux données sur les coronavirus. En conséquence, le milieu de l’édition a réagi rapidement et efficacement. Et je trouve extrêmement prometteur que le gouvernement canadien ait suivi mes conseils et mes orientations sur la question de la science ouverte.

En fait, nous avons pu constater l’immense contribution de la science ouverte dans la lutte contre la pandémie. L’accès à des renseignements fiables et les plus à jour a guidé nos mesures d’intervention, non seulement dans le domaine des sciences de la santé, mais aussi dans tous les autres domaines, des systèmes alimentaires au traitement des eaux, en passant par l’économie.

C’est un détail important : non seulement la science ouverte promeut-elle le libre accès aux données, mais elle encourage également la pluridisciplinarité. Nous savons que plus les questions sociétales augmentent en complexité, plus nous devons veiller à ce que notre intervention comporte de multiples facettes. C’est pourquoi l’échange d’informations entre les disciplines est essentiel.

Au cours des neuf derniers mois, cela a très bien fonctionné. Par exemple, ici au Canada, nous avons mis sur pied le réseau CanCOVID -- une initiative nécessaire pour mettre en contact les chercheurs de partout au pays afin d’aider à lutter contre la COVID-19. Grâce aux technologies de l’information modernes, le réseau a été facilement mis sur pied et, depuis le mois de mars, il a grandi pour atteindre plus de 3000 membres. C’est une réussite pour la promotion de la collaboration interdisciplinaire.

De plus, j’ai obtenu une réponse extrêmement positive de la part de la communauté scientifique du Canada lorsque j’ai sollicité l’expertise de scientifiques, de chercheurs et de praticiens de divers domaines pour me conseiller, ces derniers mois, sur un large éventail de questions liées à la COVID-19.

Il ne fait aucun doute que la pandémie de COVID-19 a changé notre monde. Or, il n’y a pas que du négatif. En effet, la science ouverte s’est avérée être un atout important dans la recherche de solutions. Depuis le début de la pandémie, la communauté des chercheurs, des bibliothécaires, des éditeurs et des bailleurs de fonds du monde entier ont participé à l’effort. Nous devons communiquer les résultats aux responsables des orientations politiques et au public.

Je veux dire par cela leur parler non seulement des faits, mais aussi des valeurs du libre accès : les valeurs du progrès, de l’interconnectivité et d’une meilleure qualité de vie pour tous.

Comme le souligne le thème de cette conférence, nous travaillons au sein d’un écosystème où tous les acteurs, y compris les producteurs, les détenteurs du savoir et les utilisateurs du savoir, dépendent les uns des autres. La réalisation et le maintien d’une « écologie de la connaissance » équilibrée nécessitent l’apport de professionnels comme vous, qui rendent l’information essentielle accessible à tous. Votre travail est aujourd’hui plus important et plus précieux que jamais.

Pour que la science ouverte fonctionne, il faut que tout le monde participe. C’est pourquoi nous devons travailler ensemble pour faire bouger les choses. Le moment n’a jamais été aussi propice pour opérer ce changement de culture.