La science et la technologie au service de la gestion intégrée des risques de catastrophes et de l’adaptation aux changements climatiques

Notes d’allocution

Mme Mona Nemer
Conseillère scientifique en chef du Canada

La science et la technologie au service de la gestion intégrée des risques de catastrophes et de l’adaptation aux changements climatiques

Séance plénière no 1 de l’UNDRR

Punta del Este
28 février 2023

La version prononcée fait foi

 

(Vice-)président, ministres, collègues.

 

Buenos dias. Es un placer estar aquí en un hermoso país de Uruguay.

Merci beaucoup à l’UNDRR et à Mami Mizutori pour leur invitation et au Dr Smith pour son aimable présentation. C’est un privilège de faire partie de ce groupe d’éminents spécialistes.

La science et la technologie jouent un rôle déterminant dans la gestion intégrée des risques de catastrophes et l’adaptation aux changements climatiques, de la phase de préparation aux phases d’atténuation, d’intervention et de rétablissement.

Il va sans dire que ce rôle est reconnu dans le cadre de Sendai.

Parlons maintenant de la préparation. Une préparation efficace aux risques repose sur la détermination des risques, l’évaluation des risques fondée sur des données, l’accès à des systèmes d’alerte précoce solides et l’élaboration de plans de communication publique efficaces.

La science et la technologie sont essentielles à la collecte et à l’analyse de données, notamment la surveillance des données géospatiales, l’utilisation des technologies de télédétection, la modélisation des effets liés aux changements climatiques et la prévision des risques.

Les environnements changeants provoquent une cascade d’effets sur tous ces éléments, d’où l’importance pour les exercices de simulation centrés sur la logistique de l’intervention d’urgence de prévoir un volet « conseils scientifiques » dans le but de garantir que les données scientifiques et techniques sont à jour.

L’intégrité côtière et la résilience des infrastructures constituent des éléments importants des efforts d’atténuation.

Ceux-ci s’appuient tant sur les solutions technologiques que sur les solutions fondées sur la nature et sur la science, de sorte que la science joue un rôle dans tous les cas.

Par exemple, la ville de Vancouver, au Canada, investit dans une infrastructure verte afin de gérer les eaux pluviales et de réduire le risque d’inondation. Cette infrastructure comprend des espaces verts et des chaussées poreuses qui absorbent et filtrent les eaux pluviales. Cette approche permet non seulement de réduire le risque d’inondation, mais aussi d’améliorer la résilience de la ville face aux changements climatiques.

Les solutions fondées sur la nature apportent également des avantages collatéraux sur le plan du climat et de la biodiversité, en contribuant à réduire l’impact des catastrophes liées au climat.

Le Canada, par exemple, s’est engagé à planter deux milliards d’arbres sur dix ans et à conserver 30 % des terres et des eaux du pays d’ici 2030. Ces mesures, qui doivent être fondées sur des informations scientifiques rigoureuses, contribueront à réduire l’érosion côtière.

Elles permettront aussi d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau et de rafraîchir nos centres urbains, ce qui nous aidera à surmonter les canicules, qui se font de plus en plus fréquentes.

Les catastrophes, quelles qu’elles soient, ont des répercussions sur de nombreux secteurs (tels que la santé, les transports et l’éducation). C’est pourquoi il faut faire appel à la science d’entrée de jeu pour anticiper les effets en cascade, proposer des stratégies d’atténuation et planifier une intervention appropriée dans les secteurs touchés.

Prenons la réponse à la COVID-19, par exemple. Nous nous félicitons tous qu’on en soit venu à mobiliser une multitude de secteurs, outre l’épidémiologie et la santé.

Au moment de fournir des conseils scientifiques à notre gouvernement en ce qui concerne la réponse à la pandémie, j’ai consulté plus de 200 experts dans différents domaines, qui comprennent les mathématiques, la virologie, les systèmes de santé, les sciences de l’environnement, l’éducation et la psychologie.

J’aimerais insister tout particulièrement sur l’intérêt d’avoir été rejoints à la table par des spécialistes des sciences sociales et comportementales. Dès le premier jour, ces derniers ont été à même d’anticiper les conséquences sur le plan social que pourraient avoir certaines mesures de santé publique, notamment sur les femmes, les enfants et les communautés vulnérables. Ils ont partagé des données préliminaires sur les répercussions de la pandémie sur la santé mentale et ont prodigué des conseils sur les stratégies d’atténuation en incitant les Canadiens à jouer un rôle actif et à faire partie de la solution.

Les conseils des groupes d’experts interdisciplinaires ont été d’une grande aide dans la gestion de la pandémie et il ne fait aucun doute que cette approche sera utile pour gérer n’importe quelle catastrophe.

En plus des conseils scientifiques, l’intervention en cas de catastrophes se fonde sur des données et des modèles en temps réel. Les informations pertinentes peuvent provenir d’une multitude de secteurs : gouvernement, universités, industrie et société civile; nous devons mettre des mécanismes en place pour recevoir, analyser et utiliser ces données.

À l’instar des pays, qui font appel aux effectifs militaires et humanitaires dans les situations d’urgence, le personnel et l’infrastructure scientifiques, tant au sein du gouvernement qu’à l’extérieur de celui-ci, peuvent être mis à contribution, en procurant des capacités techniques de pointe.

Par exemple, les chercheurs en environnement peuvent effectuer des analyses de la salubrité de l’eau lorsque les canalisations ont été endommagées par un tremblement de terre ou encore mesurer la pollution dans l’atmosphère après un feu de forêt; les biochimistes peuvent effectuer des tests de diagnostic tels que les tests PCR et les professionnels paramédicaux peuvent administrer des vaccins.

Enfin, la science et la technologie jouent un rôle déterminant à l’appui des efforts de redressement et de reconstruction.

Étant donné que les changements climatiques modifient le paysage, les nouvelles infrastructures devront être en mesure de résister aux risques actuels et anticipés.

Grâce à la cartographie des inondations et à la modélisation, nous pouvons éviter de reconstruire dans les zones inondables connues et prévisibles.

Lorsque nous reconstruisons en mieux, cela laisse place à des solutions qui sont judicieuses sur le plan climatique. Notre infrastructure actuelle est beaucoup trop dépendante des combustibles fossiles.

Si le réseau électrique tombe en panne, les services clés, tels que les tours de téléphonie mobile, les hôpitaux et même les centres de données, dépendent alors du carburant pour faire fonctionner leurs génératrices. Il faut des innovations technologiques grâce auxquelles nous pourrons compter sur des sources d’énergie résilientes ainsi qu’honorer notre engagement à l’égard de la carboneutralité.

Alors que nous travaillons ensemble, à l’échelle régionale et mondiale, pour diminuer les risques de catastrophes, ne négligeons pas l’importance du partage des connaissances et des collaborations internationales pour renforcer les capacités et s’assurer que tous tirent parti des fruits de la science et de la recherche.

Le gouvernement canadien a mis en place le Programme de gestion des risques liés aux catastrophes naturelles aux Caraïbes afin d’améliorer la capacité de la région à se préparer et à réagir aux catastrophes naturelles, telles que les ouragans et les inondations.

Ce programme est un exemple de collaboration pour générer, gérer et partager des connaissances sur la gestion globale des catastrophes et l’adaptation aux changements climatiques.

En conclusion, la science et la technologie ont un rôle à jouer dans tous les domaines prioritaires alors que nous nous efforçons collectivement d’atteindre les objectifs du cadre de Sendai.

Nous pouvons tirer parti des vastes connaissances des chercheurs en sciences sociales et naturelles, et des inestimables contributions des détenteurs du savoir autochtone, sans oublier l’expertise considérable des praticiens et des premiers intervenants.

Il reste certainement des défis à relever, mais prenons l’engagement d’inclure la science (et les scientifiques) d’emblée à la table ainsi que d’utiliser les données, les éléments de preuve et la technologie pour atteindre l’objectif « zéro catastrophe climatique ».

Gracias. Merci.