Surveillance et recherche environnementales

2.1 Objet

Le sous-programme Surveillance et de recherche environnementales du PLCN vise à promouvoir les activités de recherches scientifiques qui vont :

  • surveiller les concentrations et les tendances des contaminants dans l’environnement arctique;
  • examiner l’influence des changements environnementaux sur les concentrations et les tendances des contaminants dans l’environnement arctique;
  • examiner les effets des contaminants sur la santé des écosystèmes arctiques;
  • étayer l’évaluation des risques pour la santé humaine au moyen d’informations sur les concentrations et les tendances des contaminants dans les aliments régionaux et traditionnels;
  • soutenir, par la collaboration et le mentorat, les projets financés dans le cadre d’autres sousprogrammes du PLCN;
  • produire des données scientifiques à l’appui des initiatives nationales et internationales de gestion des substances chimiques.

Le total des fonds disponibles en 2019-2020 pour le sous-programme Surveillance et recherche environnementales se chiffre à environ 1 075 000 $. De ce montant, environ 850 000 $ seront attribués aux projets de surveillance des tendances en cours, et 225 000 $ iront à des projets de recherche.

2.2 Introduction

Le plan directeur souligne les priorités de surveillance et de recherche environnementales pour le PLCN.

D’autres activités de surveillances sont prévues en collaboration avec le sous-programme Santé humaine et les autorités sanitaires régionales. Elles consisteront à mesurer les concentrations de contaminants dans les aliments traditionnels afin de déterminer l’exposition aux contaminants par l’alimentation. Dans le cadre du sous-programme Santé humaine, l’équipe du PLCN élabore un plan à long terme de biosurveillance humaine, qui comprendra la collecte et l’analyse d’aliments régionaux et traditionnels dans le but d’effectuer des évaluations de l’exposition aux contaminants par l’alimentation. On prévoit que les équipes des sous-programmes Surveillance et recherche environnementales, Surveillance et recherche communautaires et Santé humaine effectueront, en collaboration, les évaluations de l’exposition. Cette façon de faire renforcera les liens existant entre les deux sous programmes et permettra d’assurer le transfert des connaissances sur les contaminants dans les écosystèmes arctiques à l’évaluation des risques pour la santé humaine. Il est important que les chercheurs reconnaissent le lien entre les contaminants dans la faune et la santé humaine, en particulier lorsque des activités de surveillance et de recherche sont menées sur des espèces qui sont fréquemment récoltées par les communautés autochtones. Le lien avec la santé humaine devrait être reflété dans les propositions, en particulier dans les sections relatives à la consultation et aux communications où les autorités sanitaires régionales jouent un rôle important.

Les priorités en matière de surveillance et de recherche sont décrites séparément pour l’atmosphère et pour les trois grands types d’écosystèmes : les écosystèmes terrestres, les écosystèmes d’eau douce et les écosystèmes marins. La plupart des activités de surveillance et de recherche dans les écosystèmes seront effectuées dans un nombre limité d’écosystèmes d’intérêt bien définis afin que les deux activités connexes soient étroitement liées et complémentaires. En concentrant les activités de surveillance et de recherche dans les écosystèmes d’intérêt, le PLCN espère pouvoir élaborer des modèles conceptuels détaillés de la dynamique des contaminants dans ces écosystèmes. Des plans de surveillance ont été conçus pour que l’on puisse détecter de façon optimale les tendances temporelles et pour que l’on s’appuie sur les projets de surveillance en cours, qui comportent des ensembles de données chronologiques solides et des archives d’échantillons. Les priorités en matière de recherche sont conçues pour que l’on puisse améliorer notre compréhension des risques écologiques liés aux contaminants, notamment : comment les contaminants pénètrent dans les écosystèmes arctiques et quel en est le cycle; comment le cycle des contaminants est affecté par le changement environnemental et quelle en est l’incidence sur l’exposition biologique; quels sont les effets biologiques combinés des contaminants et du changement climatique sur la faune de l’arctique.

Selon le plan directeur actuel, les concentrations des polluants organiques persistants (POP) de la liste A (anciennement appelés polluants organiques persistants résiduels; voir les contaminants préoccupants) continueront d’être mesurées tous les deux ans. Quant aux concentrations des POP de la liste B (c. à-d. les nouveaux POP et produits chimiques suscitant de nouvelles préoccupations; voir l’annexe A), elles seront analysées chaque année afin que l’on puisse garantir une détection rapide des tendances. L’analyse annuelle des nouvelles substances chimiques préoccupantes, c. à d. celles qui ne sont pas encore considérées comme des POP dans la Convention de Stockholm, s’avère importante pour déceler leur présence dans l’Arctique dans le délai le plus court possible.

La nouveauté en 2017-2018 a été l’inclusion des microplastiques en tant que contaminants suscitant de nouvelles préoccupations. Les microplastiques sont un polluant suscitant des préoccupations à l’échelle mondiale et pour lequel les données en Arctique sont très limitées (Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique ou PSEA, 2016). Les microplastiques affichent bon nombre des mêmes caractéristiques que les POP, ce qui fait d’eux un risque pour les écosystèmes et les habitants de l’Arctique. Le PLCN est bien placé pour combler les principales lacunes en matière de données sur les microplastiques dans l’Arctique canadien, notamment leur présence (concentrations), leur répartition (géographique et écosystémique), leur transport sur de longues distances (dans l’atmosphère et en milieu marin) et les risques écologiques. Le PLCN adoptera une approche progressive de l’évaluation des microplastiques dans l’Arctique canadien, tel que prévu à l’article 7.4, et se concentrera d’abord sur l’évaluation de leur présence et de leur répartition dans l’environnement atmosphérique et marin de l’Arctique.

Pour 2019-2020, le plan directeur précise certaines priorités régionales pour les mesures de contaminants dans certaines espèces fauniques qui représentent d'importants aliments traditionnels et régionaux, mais pour lesquelles il existe peu de données récentes sur les résidus de contaminants. Ces priorités régionales sont spécifiées à la section 7.5. La recherche et le suivi des écosystèmes sont également soulignés dans le Plan directeur pour la surveillance et la recherche communautaires.

2.3 Contexte

L’Arctique est une région isolée, loin de toute source majeure d’émissions, et ses caractéristiques environnementales la rendent particulièrement sensible à la contamination par des polluants organiques persistants (POP) et des métaux lourds transportés à grande distance. De plus, certains peuples autochtones de l’Arctique dont le régime se compose essentiellement d’aliments régionaux et traditionnels, notamment de mammifères marins, sont exposés à des concentrations élevées de contaminants dans un scénario qui est unique à l’Arctique. La mise en œuvre des conventions internationales visant à réduire les émissions de contaminants est le moyen le plus efficace de réduire les niveaux d’exposition dans l’Arctique. La surveillance et la recherche dans l’Arctique sont parmi les sources d’information les plus importantes à l’appui des accords actuels, y compris la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants et les protocoles sur les polluants organiques persistants et les métaux lourds de la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance (CPATLD) de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEEONU). La recherche scientifique sur l’Arctique a été un élément moteur de l’élaboration de ces accords internationaux. Les négociations visant le mercure qui ont débuté en 2009 dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ont produit un accord mondial juridiquement contraignant sur le mercure, appelé Convention de Minamata, qui a été adopté officiellement en 2013. Encore une fois, les résultats scientifiques issus du PLCN et du Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (PSEA) ont été essentiels aux négociations menées en vue de ce nouvel accord. Chacun des accords internationaux et mondiaux comprend des exigences en matière de surveillance et de recherche continues, et un besoin particulier d’informations sur l’Arctique. Les résultats des travaux de surveillance et de recherche du PLCN seront particulièrement importants pour les programmes de surveillance mondiaux établis en vertu de la Convention de Stockholm et de la Convention de Minamata ainsi que pour les évaluations de l’efficacité de ces deux conventions.

Le sousprogramme Surveillance et recherche environnementales est aussi censé appuyer les évaluations continues des risques pour la santé humaine. L’information sur les tendances temporelles des espèces constituant des aliments régionaux et traditionnels peut permettre de prévoir les changements potentiels de l’exposition aux contaminants par l’alimentation. De même, la découverte de nouveaux contaminants chimiques dans l’environnement donne aux évaluateurs un indice des risques futurs possibles pour la santé humaine et peut donner lieu à un examen préliminaire de tissus humains (p. ex. l’analyse de sang) et à l'évaluation de l’exposition par les aliments.

Du point de vue du PLCN, les contaminants préoccupants comprennent, entre autres, les polluants organiques persistants (POP) et le mercure (Hg) ainsi que d’autres produits chimiques suscitant de nouvelles préoccupations et pour lesquels il existe une probabilité raisonnable que le transport atmosphérique et océanique à grande distance entraîne la contamination de l’Arctique (voir les contaminants préoccupants). En ce qui concerne la surveillance des POP, qui sont déjà réglementés par la Convention de Stockholm, un des principaux objectifs est d’évaluer comment l’environnement réagit en réponse aux mesures prises en vertu de la Convention et d’évaluer l’efficacité de ces mesures. De la même façon, la surveillance relative au mercure vise à évaluer comment l’environnement réagira aux mesures mondiales prises pour réduire les émissions en vertu de la nouvelle Convention de Minamata qui a récemment entrée en vigueur pour les plus de 100 pays qui l’ont ratifiée. Étant donné que les contaminants accumulés dans l’Arctique proviennent de sources éloignées, les données de surveillance arctique des nouvelles substances chimiques sont primordiales afin d’évaluer la nécessité d’ajouter des substances à la Convention de Stockholm. Il faut s’assurer que le PLCN est en mesure de fournir les données les plus complètes possibles pour les substances évaluées (voir les contaminants préoccupants).

Les microplastiques ressortent comme un polluant suscitant des préoccupations à l’échelle mondiale et pour lequel les données en Arctique sont très limitées (PSEA, 2016). Ils comprennent des microbilles de plastique produites intentionnellement, utilisées dans les produits de soins personnels, ainsi que des particules résultant de la dégradation physique de plus gros produits en plastique. Les particules de microplastique, ainsi que les morceaux de plastique plus gros, peuvent parcourir de longues distances à travers les océans, sont extrêmement persistants dans l’environnement et s’accumulent dans les organismes marins. Ils ont également la capacité d’être transférés le long de la chaîne alimentaire. Les particules de microplastique transportent également des produits chimiques toxiques qui sont inhérents à la matière plastique, ainsi que des POP et des métaux qui s’accumulent à partir de l’eau ambiante. Le risque pour la faune est double : les microplastiques peuvent, d’une part, infliger des dommages physiques et obstruer l’appareil digestif, causant des blessures pathologiques ou des étranglements et, d’autre part, transférer les produits chimiques toxiques qui sont transportés avec eux, y compris les POP, aux prédateurs et à d’autres organismes au sommet de la chaîne trophique. À bien des égards, les microplastiques présentent toutes les caractéristiques des POP et d’autres polluants pour lesquels il existe une réglementation à l’échelle mondiale. Pour cette raison, en 2017-2018, le PLCN a commencé à évaluer les microplastiques en tant que polluants transportés sur de longues distances dans l’Arctique canadien. La première étape de cette évaluation met l’accent sur la mesure de la présence et de la répartition des microplastiques dans l’environnement marin et sur l’évaluation du transport atmosphérique sur de longues distances grâce à des mesures prises dans l’air arctique.

Il peut être très difficile d’interpréter la variabilité temporelle des données de surveillance et d’expliquer l’influence causale potentielle des émissions mondiales de contaminants et de leurs sources. De nombreux facteurs autres que les sources d’émissions mondiales peuvent influer sur les concentrations de contaminants dans les milieux. On a démontré que les changements environnementaux provoqués par une modification du climat ont eu des effets marqués sur les concentrations de contaminants enregistrées au fil du temps. La distinction des sources (anthropiques ou naturelles) et la compréhension des processus dynamiques responsables des apports et de l’accumulation des contaminants dans les réseaux trophiques de l’Arctique constituent une difficulté importante pour l’interprétation des tendances en ce qui concerne le mercure. L’attribution des sources et les processus environnementaux changeants (p. ex. au moyen de modèles environnementaux), pour tous les contaminants, continueront à être considérés par le PLCN comme des sujets importants en matière de surveillance et de recherche. 

Les concentrations de contaminants mesurées chez les espèces sauvages de l’Arctique peuvent dépasser les seuils rapportés relativement aux effets, qui ont été établis, en bonne partie, par des études de dosage réalisées en laboratoire. Depuis la dernière fois que les risques que constituent les contaminants pour la faune ont été présentés, dans le troisième Rapport de l’évaluation des contaminants dans l’Arctique canadien (RECAC III, disponible à l’adresse : http://pubs.aina.ucalgary.ca/ncp/79027.pdf, en anglais), plusieurs éléments importants, qui pourraient justifier une évaluation supplémentaire, ont été mis en lumière. Comme il a été indiqué plus haut, les changements climatiques sont susceptibles d’influer sur les voies de transport des contaminants et les processus connexes, ce qui aura comme conséquence de moduler les niveaux d’exposition des espèces sauvages de l’Arctique. De plus, les changements climatiques entraînent des changements dans l’environnement, ce qui exerce des pressions croissantes sur les espèces sauvages, qui deviennent ainsi plus vulnérables aux risques suscités par l’exposition aux contaminants. La comparaison des concentrations résiduelles dans les tissus avec les valeurs recommandées et les seuils (effets) publiés continuera à constituer un aspect important des rapports d’évaluation du PLCN, mais il est entendu que ces comparaisons ont une valeur limitée, compte tenu de l’absence de seuils établis expressément pour les espèces de l’Arctique. L’investigation directe des effets toxiques sur la faune de l’Arctique (c.àd. des études toxicologiques) est donc un élément important de l’évaluation continue des risques écologiques liés aux contaminants.

Au Canada, c’est le PLCN qui est le principal contributeur de données scientifiques relatives aux contaminants dans le Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (PSEA) circumpolaire. L’équipe du PLCN collabore étroitement avec celle du PSEA et d’autres pays arctiques pour les activités de surveillance et de recherche et pour la préparation des évaluations scientifiques. On peut trouver des renseignements détaillés sur le PSEA à l’adresse suivante : www.amap.no [en anglais seulement]. On encourage les chefs de projet du PLCN à participer aux réseaux de surveillance circumpolaires et à collaborer avec d’autres pays arctiques aux activités de recherche prioritaires du PLCN et du PSEA.

Dans la mesure du possible, les projets de surveillance et de recherche du PLCN devraient être réalisés en collaboration avec les communautés. Pour ce qui est de l’échantillonnage de la faune, la collecte devrait être effectuée de pair avec les activités régulières des organisations communautaires de chasseurs. Dans les cas où la chasse a été limitée en raison de la faiblesse d’une population particulière, p. ex. l’ours blanc, les chefs de projet devraient travailler avec les membres de communautés pour mettre au point des techniques non destructives d’échantillonnage de la faune, telles que le prélèvement de tissus adipeux et de poils.

On demande aux chefs de projet de travailler avec les membres des communautés afin d’utiliser les connaissances autochtones dans leurs projets et d’avoir des détenteurs de connaissances autochtones dans le cadre de leurs projets à toutes les étapes, y compris l'élaboration du projet, la collecte des échantillons, l'analyse / interprétation des données et la communication des résultats. Cela pourrait comprendre, par exemple, la documentation relative aux observations formulées pendant l’échantillonnage relativement à l’état des échantillons recueillis et à l’environnement d’où ils proviennent. Ces observations doivent être signalées, avec mention du spécialiste local qui les a fournies. On incite également les intervenants à élaborer des projets dans le cadre du sous-programme Surveillance et recherche communautaires, y compris des projets qui viendront compléter les priorités du présent plan directeur et qui tireront parti des connaissances des Autochtones.

2.4 Plan de recherche et de surveillance

La surveillance des concentrations de contaminants dans l’atmosphère au-dessus de l’Arctique continue d’être une priorité dans le cadre du PLCN. Les données recueillies depuis 1992 serviront à évaluer les tendances temporelles de l’apport, à surveiller les régions sources actuelles et à valider les modèles de transport mondial à grande distance. Les résultats de la surveillance constitueront des données clés pour l’évaluation de l’efficacité globale des dispositions énoncées dans la Convention de Stockholm et les protocoles relatifs aux POP et aux métaux lourds de la CPATLD. La surveillance atmosphérique doit tenir compte d’une autre priorité, soit la mesure de la concentration de nouvelles substances qui pourraient, selon une probabilité raisonnable, contaminer l’Arctique à cause du transport à grande distance. Ces données sont essentielles à l’évaluation de POP éventuels et à leur ajout aux conventions internationales. Les données sur les tendances temporelles indiqueront également, de manière générale, si l’apport de contaminants augmente ou diminue dans l’écosystème arctique. Il s’agit là d’une question cruciale pour les consommateurs d’aliments régionaux et traditionnels.

Les responsables du PLCN vont participer à des activités de surveillance atmosphérique coordonnées à l’échelle internationale, par l’entremise du Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (PSEA) du Conseil de l’Arctique. Les données de surveillance atmosphérique recueillies à Alert continuent à représenter une importante contribution du PLCN au PSEA.

Le programme actuel intègre une surveillance automatisée continue du mercure et un échantillonnage passif de l’air pour les POP à l’aide d’un échantillonneur à circulation d’air au lac Little Fox, au Yukon, et pour les POP et le mercure à Alert, au Nunavut, cette dernière station étant la plus ancienne station de surveillance de l’atmosphère en exploitation dans l’Arctique.

Depuis 2014, le PLCN a élargi le réseau de surveillance de la qualité de l’air, avec l’ajout de sept stations de surveillance passive réparties dans les cinq régions de l’Arctique. Cette expansion sera très utile en nous donnant une image plus exhaustive sur le plan géographique de la contamination atmosphérique, y compris la contamination par les POP et le mercure, et en nous permettant d’évaluer les trajectoires et les sources du transport mondial. Le réseau d’échantillonnage passif du PLCN est intégré au réseau utilisé pour l’étude d’échantillonnage passif atmosphérique mondial (GAPS), qui est l’une des principales sources de données de surveillance sur les POP figurant dans le plan de surveillance mondial établi dans le cadre de la Convention de Stockholm. On devrait utiliser des modèles ou d’autres méthodes, en collaboration avec d’autres programmes ou projets (p. ex. ArcticNet), pour évaluer les trajectoires atmosphériques mondiales et les sources potentielles associées aux tendances observées à Alert et au lac Little Fox. On peut également utiliser des modèles pour obtenir de l’information plus détaillée sur la répartition atmosphérique des contaminants et sur leur dépôt dans l’Arctique canadien. Ces efforts devraient maintenant être renforcés par l’intégration des données provenant des sept nouvelles stations de surveillance passive qui sont en voie d’être intégrées dans le réseau de surveillance de la qualité de l’air du PLCN.

2.4.1 Priorités en matière de surveillance atmosphérique

Les priorités suivantes ont été établies en matière de surveillance atmosphérique :

  • Concentrations atmosphériques de mercure: Surveiller les concentrations atmosphériques et le dépôt de mercure à Alert et à Little Fox Lake afin d’évaluer les tendances temporelles du dépôt de mercure et d’approfondir notre compréhension des processus atmosphériques pouvant influer sur les concentrations et les tendances observées dans l’environnement arctique. Ce projet est dirigé par Alexandra Steffen, Environnement et Changement climatique Canada.
  • Concentrations atmosphériques des POP :  Surveiller les concentrations atmosphériques des POP à Alert (y compris les nouvelles substances chimiques; voir les contaminants préoccupants) afin d’évaluer les tendances temporelles et d’approfondir notre compréhension des processus atmosphériques pouvant influer sur les concentrations et les tendances observées dans l’environnement arctique. On devrait continuer à recueillir des échantillons hebdomadaires. Cependant, seul un échantillon hebdomadaire sur quatre fera l’objet d’une analyse des tendances de routine, et les échantillons restants seront archivés. L’échantillonnage passif de l’air à l’aide d’un échantillonneur passif de l’air doit se poursuivre au lac Little Fox (Yukon) afin que l’on puisse évaluer le transport sur de longues distances à partir de la côte du Pacifique. Ce projet est dirigé par Hayley Hung, Environnement et Changement climatique Canada.
  • Échantillonnage passif de l’air : Étendre la couverture géographique du programme de surveillance atmosphérique par la mise au point, l’installation et l’exploitation d’échantillonneurs d’air passifs pouvant être télécommandés dans des conditions arctiques, en complément des travaux effectués à Alert et à Little Fox Lake. L’établissement d’un réseau d’échantillonneurs passifs dans l’Arctique pourrait constituer une contribution importante à un réseau mondial de surveillance en voie d’être créé pour évaluer si la Convention de Stockholm et la CPATLD sont efficaces et suffisantes. L’échantillonnage passif peut être utilisé pour déterminer les gradients latitudinaux des concentrations atmosphériques, à partir desquels il sera possible d’obtenir des estimations empiriques des distances de transport caractéristiques (DTC). Ces renseignements peuvent servir à vérifier ou à améliorer les estimations des DTC obtenues à l’aide des modèles de transport atmosphérique à grande distance. On peut soumettre les propositions d’échantillonnage passif de l’air dans le cadre de la proposition de base pour la surveillance atmosphérique des POP. Ce projet est dirigé par Hayley Hung, Environnement et Changement climatique Canada.

2.4.2 Priorités en matière de recherche atmosphérique

  • Évaluer le transport atmosphérique sur de longues distances des microplastiques dans l’Arctique canadien.

 

2.5 Surveillance et recherche axées sur l’écosystème

Selon le nouveau plan directeur, la surveillance et la recherche axées sur l’écosystème se concentreront sur plusieurs régions géographiques où ont été effectuées dans le passé des activités de surveillance et de recherche sur lesquelles on cherche à tabler. Un certain nombre d’écosystèmes d’intérêt ont été choisis parmi les environnements marins, d’eau douce et terrestres de l’Arctique. On prévoit que la surveillance et la recherche menées dans des écosystèmes ciblés se complèteront l’une l’autre et contribueront à de futures études de synthèse et d’intégration qui nous permettront de mieux comprendre le cycle des contaminants dans ces écosystèmes particuliers et, notamment, de tenir compte de l’incidence du changement climatique. Bien que la recherche et la surveillance devraient se concentrer en bonne partie sur les écosystèmes d’intérêt, la recherche à d’autres endroits qui contribue à la compréhension générale des processus se rapportant aux contaminants et des voies de transport et des effets de ceux-ci seront également prises en considération. La section qui suit décrit les priorités de surveillance et de recherche pour chacun des types d’écosystème et pour les écosystèmes d’intérêt. Mais voici d’abord la description des éléments communs à la surveillance et à la recherche dans tous les types d’écosystème.

Surveillance

Le présent plan de surveillance de l’écosystème est axé sur la mesure des tendances à long terme et de la variabilité de la concentration des contaminants dans le biote de l’Arctique. Le plan s’appuie sur des projets de surveillance des tendances temporelles établis en 2004, pour lesquels des échantillons d’un assez grand nombre d’espèces clés provenant de quelques endroits dans l’Arctique canadien sont recueillis et analysés annuellement, afin que la puissance statistique des ensembles de données temporelles soit maximisée. Les espèces ont été sélectionnées selon l’importance de leur rôle dans leurs écosystèmes respectifs, et selon leur importance pour les communautés humaines indigènes (voir la section 7.6).

Les ensembles de données temporelles s’étendant sur une plus longue période d’enregistrement et gagnant en robustesse, les objectifs de surveillance ont été améliorés. On est passé de la détection d’un changement de 10 % sur une période de 10 à 15 ans, à la détection d’un changement de 5 % sur une période de 10 à 15 ans, avec une puissance de 80 % et un niveau de confiance de 95 %. Ainsi, les objectifs de surveillance du PLCN correspondent à ceux du PSEA. On estime que la collecte et l’analyse annuelles de dix échantillons par espèce et par endroits sont suffisantes pour obtenir cette correspondance, mais l’inclusion d’un plus grand nombre d’échantillons est acceptable si elle améliore de façon significative l’analyse des tendances et si elle n’est pas trop onéreuse (p. ex. dans le cas du mercure).

De pair avec la surveillance des tendances des contaminants dans le biote, le plan de surveillance à long terme des écosystèmes marins comprend une surveillance annuelle de la présence de POP et de mercure dans l’eau de mer. Des profils verticaux sont recueillis pour les concentrations de contaminants et comprennent des données océanographiques standard (p. ex., salinité, température, éléments nutritifs, carbone organique particulaire (COP), carbone organique dissous (COD), ∂18O, traceurs comme le SF6, et carbone inorganique) ainsi que des données sur le zooplancton et le poisson-fourrage, si possible. Dans le cas du mercure, la collecte de données doit comprendre une spéciation complète (Hg[II], méthylmercure, mercure particulaire); pour les POP, elle devra comprendre la série complète des POP et des produits chimiques suscitant de nouvelles préoccupations.

Selon le récent Rapport de l’évaluation des contaminants dans l’Arctique canadien, phase III (RECAC III) portant sur les POP, la presque totalité des projets de recherche ont indiqué certaines tendances significatives sur le plan statistique pour la plupart des POP. Les résultats montrent que les concentrations de la plupart des POP visés par la réglementation internationale (c.àd. les POP hérités du passé) diminuent dans l’environnement. Par conséquent, il a été décidé que la fréquence des activités de surveillance de ces POP serait diminuée à une fois aux deux ans (surveillance bisannuelle). On estime que la diminution de la fréquence de la surveillance aura une incidence minime sur la capacité du programme à détecter les tendances temporelles. Étant donné que l’échantillonnage se poursuivra chaque année, les échantillons d’archives pourraient être utilisés à l’avenir au cas par cas afin d’étudier certaines tendances des données annuelles, notamment les facteurs climatiques des tendances en matière de contaminants. L’analyse des POP hérités du passé sera répartie dans différents projets de surveillance afin d’équilibrer le budget des analyses.

En ce qui concerne les POP de la liste B, la surveillance annuelle est nécessaire pour détecter rapidement les tendances et, dans le cas des nouveaux produits chimiques, pour déterminer de façon concluante s’ils sont présents dans les écosystèmes arctiques durant plusieurs années consécutives.

Dans le but de mettre à jour les renseignements sur les contaminants relatifs aux quatorze hardes de caribous de l’Arctique canadien, le plan directeur prévoit désormais la surveillance périodique des douze hardes qui ne font pas déjà l’objet de surveillance des tendances temporelles. De plus, notons que les concentrations de décaBDE, des PBDE totaux, des PFOS et des PFCA, mesurées chez les caribous, ressemblent aux concentrations mesurées chez d’autres mammifères marins. Compte tenu des concentrations relativement élevées mesurées chez le caribou, particulièrement dans le foie et les tissus adipeux, il s’agit d’une excellente occasion d’évaluer les tendances temporelles chez une espèce pour laquelle il existe une importante quantité d’échantillons d’archives. Par ailleurs, le caribou représente probablement aussi une importante source alimentaire de ces contaminants pour les humains (Ostertag et al., 2009; Chemosphere 75:11651172).

Une ou deux hardes de caribous supplémentaires feront l’objet d’échantillonnage chaque année, dans le cadre du programme de base du PLCN. Les hardes seront choisies en consultation avec les com ités des contaminants régionaux, et le choix sera fondé sur 1) l’intensité d’utilisation; 2) le temps écoulé depuis la dernière campagne d’échantillonnage; et 3) la facilité d’échantillonnage. Idéalement, ce dernier sera effectué dans le cadre de programmes de surveillance de l’état corporel ou de programmes de surveillance communautaires (c.àd. appuyés par les gouvernements territoriaux) en cours, ce qui réduirait les coûts pour le PLCN.

Lors de l’évaluation des tendances temporelles dans le biote, tout doit être mis en œuvre pour expliquer et contrôler la variance en tenant compte des facteurs confusionnels comme l’âge, le sexe et le moment de la collecte. Il faudra parfois recueillir des données accessoires, comme la teneur en lipides, les ratios d’isotopes stables et l’état corporel, pour expliquer la variance dans l’ensemble de données.

Recherche

La recherche sur les contaminants axée sur l’écosystème a pour but d’améliorer notre compréhension des voies de transport, des processus et des effets des contaminants sur la santé des espèces sauvages de l’Arctique. Les projets de recherche doivent être conçus autour d’une série d’hypothèses clairement justifiées et qui sont liées aux priorités décrites dans le présent plan directeur. Les résultats de cette recherche contribueront à notre interprétation des tendances temporelles, ou de la variabilité, en particulier pour ce qui est de l’incidence des changements climatiques et des sources changeantes, c. à d. les émissions mondiales. Tout en continuant d’enrichir nos connaissances actuelles sur les contaminants hérités du passé, les POP et le mercure, ce qui reste une priorité, nous devons obtenir des données sur les nouveaux contaminants chimiques, comme les substances organiques fluorées et bromées et les pesticides en usage, qui présentent un potentiel de transport à grande distance et de contamination de l’Arctique. Des études relatives aux voies de transport et aux processus des contaminants mesurés dans les écosystèmes sont requises pour chacun des types d’écosystèmes, c. à d. les écosystèmes terrestres, d’eaux douces et marins.

On a établi que les microplastiques étaient un polluant mondial préoccupant qui peut être transporté sur de longues distances et causer des effets dommageables sur la faune, bien que l’on ne dispose que de très peu de données à ce sujet pour l’Arctique. Pour cette raison, le PLCN a établi que l’évaluation de la présence et de la répartition de microplastiques dans les écosystèmes marins devait être une priorité pour le présent appel de propositions.

Les études sur les effets liés aux contaminants sur la faune doivent mettre l’accent sur les espèces les plus menacées, selon les meilleures informations disponibles. Une attention particulière doit être accordée au niveau actuel d’exposition, aux changements escomptés (s’attend-on à ce que les niveaux d’exposition augmentent ou diminuent?), à la vulnérabilité potentielle d’une population donnée aux effets toxiques, p. ex. une altération de l’état de santé découlant des pressions exercées par les changements climatiques, et à savoir si oui ou non l’espèce fait partie du régime alimentaire humain. Ainsi, on pourra envisager des études d’incidence sur des espèces comme l’ours blanc, le béluga et, dans une moindre mesure, les oiseaux de mer et le phoque annelé.

Les études des effets sur la faune doivent comprendre la mesure d’une série de paramètres conçus de façon à permettre une évaluation complète des effets biologiques liés aux contaminants. Ces paramètres seront choisis de manière à permettre de détecter des changements dans les systèmes biologiques clés (p. ex. immunitaire, reproductif, métabolique et neurologique) qui pourraient être perturbés par les contaminants. Il est admis que les études sur la faune dans son milieu naturel peuvent tout au plus établir des associations entre l’exposition aux contaminants et les effets de ces contaminants. La méthode du poids de la preuve, qui repose sur divers éléments de preuve émanant d’études de la faune et d’études en laboratoire où la relation causale entre les contaminants et les effets peut être établie, est une bonne approche pour évaluer l’impact des contaminants sur la faune et sur la santé des écosystèmes. La santé des populations autochtones du Nord est intimement liée à la santé des écosystèmes de l’Arctique, qui représentent une source d’aliments traditionnels et prélevés dans la nature, de même qu’une source de bien-être social et culturel.

En 2018-2019, certains comités régionaux sur les contaminants ont identifié le besoin de nouvelles informations sur les niveaux de contaminants dans certaines espèces sauvages qui sont importantes pour le régime alimentaire traditionnel des populations autochtones. Ces espèces prioritaires sont identifiées dans les sections suivantes en cours de recherche.

2.5.1 Écosystèmes terrestres

L’écosystème d’intérêt aux fins de la recherche est l’aire de répartition de la harde de caribous de la Porcupine.

Surveillance

La harde de caribous de la Porcupine (échantillonnée au Yukon) et la harde de caribous de Qamanirjuaq (échantillonnée à Arviat) font l’objet d’une surveillance annuelle relative aux concentrations de mercure et d’éléments inorganiques. Les échantillons seront aussi analysés pour détecter les PBDE (y compris le décaBDE), les PFOS et les PFCA. Chaque année, les concentrations de mercure, d’éléments inorganiques et des PBDE, PFOS et PFCA seront mesurées pour une ou deux hardes. Les activités de surveillance sont dirigées par Mary Gamberg de Gamberg Consulting, à Whitehorse (Yukon).

Recherche

Les points suivants décrivent les priorités en matière de recherche dans les écosystèmes terrestres :

  • Enquête sur l’apport et l’accumulation de contaminants dans les réseaux trophiques terrestres, mettant l’accent sur les nouveaux contaminants qui présentent un potentiel élevé d’accumulation dans ces réseaux.
  • Comment les changements induits par le climat dans les écosystèmes terrestres influent-ils sur les cycles des contaminants?
  • Enquête sur les processus physiques et chimiques relatifs au mercure dans les sols de l’Arctique, mettant l’accent sur les flux en direction et en provenance de l’atmosphère et sur la caractérisation des sols comme sources ou puits dans le cycle du mercure dans l’Arctique, dans diverses conditions climatiques.

2.5.2 Écosystèmes d’eau douce

Les écosystèmes d’intérêt sont : le lac Kusawa (Yukon), le Grand lac des Esclaves (T. N.O.) et les lacs de l’ExtrêmeArctique dans les îles Cornwallis et d’Ellesmere (Nunavut).

Surveillance

Les écosystèmes d’eau douce suivants sont les zones prioritaires faisant l’objet d’une surveillance :

  • Lac Kusawa et lac LabergeNote de bas de page 1  – surveillance annuelle des concentrations de mercure et des nouveaux POP chez le touladi. Il y aura surveillance bisannuelle des POP hérités du passé au cours des années paires (2014, 2016, etc.). Ce projet est dirigé par Gary Stern, Université du Manitoba, et Mary Gamberg (Gamberg Consulting) au nom du Comité des contaminants du Yukon.
  • Grand lac des Esclaves – surveillance annuelle des concentrations de mercure et des nouveaux POP chez le touladi et la lotte. Il y aura surveillance bisannuelle des POP hérités du passé au cours des années impaires (2015, 2017, etc.). Ce projet est dirigé par Marlene Evans, Environnement et Changement climatique Canada.
  • Fort Good Hope – surveillance annuelle des concentrations de mercure et des nouveaux POP chez la lotte. Il y aura surveillance bisannuelle des POP hérités du passé au cours des années impaires (2015, 2017, etc.). Ce projet est dirigé par Gary Stern, Université du Manitoba.
  • Lacs de l’Extrême Arctique – surveillance annuelle des concentrations de mercure et des nouveaux POP chez l’omble chevalier confiné en eau douce. Il y aura surveillance bisannuelle des POP hérités du passé au cours des années impaires (2015, 2017, etc.). Ce projet est dirigé par Derek Muir et Jane Kirk, Environnement et Changement climatique Canada.

Recherche

Le point suivant décrit les priorités de recherche dans les écosystèmes d’eau douce :

  • Examen des changements dans les lacs des écosystèmes d’intérêt et évaluation de l’incidence possible de ces changements sur la dynamique des contaminants dans le système, en particulier sur les concentrations et les tendances dans les principales espèces surveillées (à savoir le touladi, l’omble chevalier et la lotte).
  • Le Comité des contaminants du Yukon a déterminé le besoin d'information sur les concentrations de mercure dans les espèces de poissons prédateurs (p. Ex. Touladi) des lacs et des rivières du territoire où ces poissons sont généralement récoltés.

2.5.3 Écosystèmes marins

Les écosystèmes d’intérêt sont : la mer de Beaufort/le golfe d’Amundsen, les détroits de Barrow/Lancaster, la baie de Cumberland/le détroit de Davis, la baie d’Hudson et la mer du Labrador (eaux littorales).

Surveillance

Les points suivants décrivent les espèces et les sites d’échantillonnage ciblés par la surveillance dans les écosystèmes marins.

  • Phoque annelé – surveillance annuelle des concentrations de mercure et des nouveaux POP à Sachs Harbour (mer de Beaufort/golfe d’Amundsen), Resolute (détroits de Barrows/Lancaster), Arviat (baie d’Hudson) et Nain (mer du Labrador). Il y aura surveillance bisannuelle des POP hérités du passé au cours des années paires (2014, 2016, etc.). Ce projet est dirigé par Derek Muir et Magali Houde, Environnement et Changement climatique Canada.
  • Béluga – surveillance annuelle des concentrations de mercure et des nouveaux POP à l’île Hendrickson (mer de Beaufort/golfe d’Amundsen), Pangnirtung (baie de Cumberland) et Sanikiluaq (Nunavut). Il y aura surveillance bisannuelle des POP hérités du passé au cours des années impaires (2015, 2017, etc.). Ce projet est dirigé par Lisa Loseto, Pêches et Océans Canada, et Gary Stern, Université du Manitoba.
  • Ours blanc – surveillance annuelle des concentrations de mercure et des nouveaux POP dans la population de la baie d’Hudson (baie d’Hudson). Il y aura surveillance bisannuelle des POP hérités du passé au cours des années paires (2014, 2016, etc.). Ce projet est dirigé par Robert Letcher, Environnement et Changement climatique Canada.
  • Œufs d’oiseaux de mer – surveillance annuelle des concentrations de mercure et des nouveaux POP dans les Guillemots de Brünnich et Fulmars boréaux de l’île Prince Léopold (détroits de Barrows/Lancaster) et les Guillemots de Brünnich de l’île Coats (baie d’Hudson). Il y aura surveillance bisannuelle des POP hérités du passé au cours des années paires (2014, 2016, etc.). Ce projet est dirigé par Birgit Braune, Environnement et Changement climatique Canada.
  • Omble chevalier anadrome – surveillance annuelle des concentrations de mercure à Cambridge Bay (mer de Beaufort/golfe d’Amundsen). Ce projet est dirigé par Marlene Evans, Environnement et Changement climatique Canada.
  • Une surveillance par navire des POP dans l’eau de mer sera réalisée en même temps que la surveillance atmosphérique. Ce projet est dirigé par Liisa Jantunen et exécuté conjointement avec des représentants d’ArcticNet à bord du NGCC Amundsen.
  • Surveillance des POP et du mercure axée sur la communauté. Actuellement effectuée à Resolute, Nain, Sachs Harbour et Cambridge Bay. Ce projet est dirigé par Derek Muir, Jane Kirk et Amila De Silva.

Recherche

Les points suivants présentent les priorités de recherche dans les écosystèmes marins.

  • Enquête sur la répartition des contaminants dans les réseaux trophiques marins, mettant l’accent sur les poissons marins et d’autres espèces qui composent l’alimentation d’espèces clés pour la surveillance.
  • Examen des changements dans les écosystèmes des régions marines d’intérêt et évaluation de l’incidence de ces changements sur la dynamique des contaminants dans le système, en particulier sur les concentrations et les tendances observées chez les principales espèces
  • Examen des effets des contaminants sur la faune et plus particulièrement sur les espèces qui, selon les meilleures données disponibles, sont le plus à risque ou pourraient servir d’indicateurs précoces d’effets chez les humains. Une attention particulière devrait être accordée au niveau d’exposition aux contaminants et à son évolution attendue, ainsi qu’à la vulnérabilité d’une population faunique donnée aux effets possibles, par exemple une détérioration de l’état de santé découlant de stress climatiques.
  • Évaluer la présence et la répartition des microplastiques dans les écosystèmes marins.
  • Le Comité sur les contaminants de l'environnement du Nunavut a déterminé qu'il était nécessaire de disposer de renseignements à jour sur les concentrations de contaminants dans les narvals, les mollusques et crustacés, et les plantes comestibles, particulièrement dans les régions où ils sont généralement récoltés.
  • Le Nunatsiavut a identifié le besoin d'information sur les concentrations de contaminants chez le marsouin, connu localement sous le nom de sauteur.

2.6 Contaminants d’intérêt

On demande aux chercheurs de concevoir le programme d’analyse et l’échéancier qui conviennent le mieux au projet proposé. Les substances actuellement incluses ou qu’il est envisagé d’inclure dans les conventions internationales sont présentées et décrites à à la liste des contaminants préoccupants. Le PLCN exerce le rôle important de contrôleur des données pour les substances déjà visées par ces conventions. Toutefois, le PLCN se doit de fournir les données les plus exhaustives sur les substances à l’examen, notamment celles qui soulèvent des préoccupations pour l’environnement arctique.

Enfin, les échantillons devraient être analysés en vue de détecter de nouvelles substances chimiques qui présentent un potentiel de contamination de l’Arctique, mais qui n’ont pas encore été décelées dans cet environnement. Étant donné que la présence d’une substance chimique dans une région éloignée comme l’Arctique constitue automatiquement une preuve qu’il s’agit d’un polluant organique persistant qui a été transporté à grande distance, cette preuve revêt une importance capitale dans les activités d’évaluation chimique nationales et internationales. Les projets d’analyse visant les nouveaux contaminants devront être clairement justifiés et reposer sur les propriétés physicochimiques, les résultats de la modélisation et les données existantes démontrant leur potentiel de transport à grande distance et de contamination de l’Arctique.

On a établi que les microplastiques étaient un polluant mondial préoccupant qui peut être transporté sur de longues distances et causer des effets dommageables sur la faune, bien que l’on ne dispose que de très peu de données à ce sujet pour l’Arctique. Pour cette raison, le PLCN a établi qu’il convient d’évaluer la présence et la répartition des microplastiques en tant que contaminant préoccupant dans le cadre du présent appel de propositions.

2.7 Sélection des espèces pour la surveillance des tendances à long terme

Il est à noter que la très grande majorité des échantillons recueillis aux fins de recherche et de surveillance dans le cadre du PLCN sont prélevés par des chasseurs des communautés environnantes au cours de leurs activités de chasse de subsistance. Lorsque possible, il faudrait noter les coordonnées GPS au moment des prélèvements.

2.7.1 Phoque annelé

Le phoque annelé est une espèce très répandue, présente dans tout l’Arctique circumpolaire, et il est aussi un élément important de l’alimentation régionale et traditionnelle des Inuit. Les contaminants sont mesurés depuis 25 ans dans des échantillons de phoques annelés prélevés près de communautés de l’Arctique, comme Resolute, ce qui nous donne une excellente occasion d’en étudier les tendances temporelles. Un certain nombre d’autres pays de l’Arctique mènent aussi des programmes de surveillance du phoque annelé, ce qui permet des comparaisons entre les pays, en particulier grâce à la participation du PLCN au PSEA. Les phoques annelés seront échantillonnés chaque année dans ce programme, avec l’aide des chasseurs des communautés de Sachs Harbour, de Resolute et d’Arviat. Ces trois endroits représentent des régions très différentes de l’Arctique canadien qui connaissent divers degrés de changements climatiques et d’apport de contaminants.

2.7.2 Béluga

Le béluga, bien que moins répandu que le phoque annelé, est lui aussi une espèce importante dans l’alimentation régionale. Des échantillons de béluga ont été prélevés à des endroits comme le delta du Mackenzie, la baie d’Hudson et Pangnirtung à divers moments pendant les 25 dernières années, et on y a mesuré les contaminants. L’ensemble existant de données temporelles pour ces espèces sera augmenté par l’échantillonnage annuel effectué à l’île Hendrickson, dans le delta du Mackenzie, et dans les eaux de la baie de Cumberland par les chasseurs de Tuktoyaktuk et de Pangirtung. Ce programme de surveillance permettra aux chercheurs de comparer le béluga des régions de l’ouest et de l’est de l’Arctique, qui présentent des différences quant à l’incidence des changements climatiques et des apports de contaminants.

2.7.3 Ours blanc

L’ours blanc, prédateur supérieur dans la chaîne alimentaire marine de l’Arctique, peut présenter les plus hautes concentrations de certains des contaminants trouvés dans l’Arctique. En outre, sa chair est consommée par les Inuit et l’espèce a une importance socioculturelle et économique particulière (il s’en fait une chasse commerciale) pour les communautés inuites. Comme pour d’autres espèces, on a par le passé prélevé périodiquement des échantillons d’ours blanc et on y a mesuré les contaminants. L’ensemble de données temporelles le plus complet sur les contaminants des ours blancs concerne la baie d’Hudson, qui est la mer arctique canadienne située la plus au sud et dont on prévoit qu’elle subira les changements climatiques les plus rapides. Les résultats récents de la surveillance continue de l’ours blanc dans la baie d’Hudson suggèrent que les habitudes alimentaires de cette espèce ont déjà subi des modifications à cause des changements climatiques.

2.7.4 Oeufs d’oiseaux de mer

Depuis les années 1970, on utilise les œufs d’oiseaux de mer pour la surveillance à long terme des contaminants. L’Arctique est un important site de reproduction pour un grand nombre d’oiseaux de mer qui nichent sur les berges rocheuses et dans les falaises des îles de l’Arctique. Pendant la saison de la reproduction, les œufs d’oiseaux de mer sont très populaires auprès des Inuit, pour lesquels la récolte et la consommation d’œufs constituent une importante tradition printanière et une source de nourriture. Depuis 1975, Environnement et Changement climatique Canada recueille périodiquement des œufs sur l’île Prince Leopold et l’île Coats, ce qui a permis de constituer l’un des meilleurs ensembles de données temporelles sur des contaminants. Des œufs de Guillemot de Brünnich et de Fulmar boréal sont recueillis une fois par an dans chacune de ces colonies pour compléter les données antérieures et améliorer notre évaluation des tendances temporelles. Les œufs se prêtent remarquablement bien à la surveillance puisqu’ils sont relativement faciles à ramasser et qu’ils n’exigent pas de tuer un individu adulte. Des œufs d’oiseaux de mer sont aussi recueillis dans les programmes de surveillance d’autres pays de l’Arctique, ce qui permet de réaliser des comparaisons internationales. Les deux colonies sélectionnées pour la surveillance se trouvent dans l’Extrême Arctique (île Prince Léopold) et plus au sud, dans l’embouchure de la baie d’Hudson (île Coats). Ces deux sites permettent l’examen des changements au fil du temps dans deux différents écosystèmes connaissant des degrés de changement variés. Les œufs de trois autres espèces (la Mouette tridactyle, le Guillemot à miroir, le Goéland bourgmestre) sont échantillonnés, dans le cadre de ce programme, tous les cinq ans, et les oiseaux adultes de quatre espèces (le Guillemots de Brünnich, le Fulmar boréal, la Mouette tridactyle, le Guillemot à miroir), tous les dix ans.

2.7.5 Omble de chevalier anadrome

L’omble chevalier anadrome est très répandu dans tout l’Arctique et il constitue l’une des espèces les plus importantes dans l’alimentation régionale et traditionnelle des peuples de l’Arctique. L’omble représente une source hautement disponible et très nutritive d’aliment recommandé par les responsables de la santé publique. Une des raisons pour laquelle l’omble fait l’objet de cette recommandation est qu’on considère que son niveau de contamination est faible si on le compare à celui des autres aliments régionaux et traditionnels, et qu’il constitue une excellente source de protéines, d’acides gras polyinsaturés et d’autres oligoéléments. Des spécimens d’omble chevalier anadrome ont été recueillis dans les communautés de l’Arctique canadien, et les résultats confirment que les niveaux de contamination sont assez bas, en particulier lorsqu’on les compare à ceux des mammifères marins. On a sélectionné un lieu dans le centreouest de l’Arctique (Cambridge Bay) afin de poursuivre la surveillance annuelle et de s’assurer que les concentrations de contamination restent basses.

2.7.6 Omble chevalier confiné en eau douce

L’omble chevalier confiné en eau douce est également une espèce très répandue, présente dans les lacs et les rivières de l’Arctique. Au cours des vingt dernières années, le PLCN a effectué la surveillance de ce poisson dans les lacs de l’Extrême-Arctique, près des communautés de Resolute et de l’île d’Ellesmere, et il a créé des ensembles de données temporelles solides sur les niveaux de contamination. Les lacs reçoivent les contaminants de l’atmosphère et, par conséquent, ils sont de bons indicateurs des changements dans les apports atmosphériques de contaminants. Les lacs de l’Extrême-Arctique subissent aussi des changements importants liés aux changements climatiques, ce qui pourrait avoir une incidence sur les niveaux de contamination des poissons.

2.7.7 Touladi et lotte

Le touladi et, dans une moindre mesure, la lotte sont également d’importants éléments de l’alimentation régionale et traditionnelle pour de nombreuses communautés nordiques et, comme l’omble chevalier, ils constituent une excellente source nutritive. Les concentrations de mercure peuvent toutefois y être assez élevées, notamment chez les poissons plus âgés. Ces espèces peuvent donc représenter une source significative de mercure pour les personnes qui les consomment fréquemment. Comme toutes les espèces visées par le programme sur les tendances temporelles, le touladi et la lotte font l’objet d’une surveillance depuis plus de 20 ans au Yukon et dans les T. N.O., et ils ont permis de bâtir un précieux ensemble de données sur les tendances temporelles. Le programme de surveillance poursuivra ses activités annuelles de surveillance des contaminants chez le touladi et la lotte dans l’importante pêcherie du Grand lac des Esclaves, chez la lotte pêchée dans le fleuve Mackenzie près de Fort Good Hope et le touladi dans les lacs Laberge et Kusawa, au Yukon.

2.7.8 Caribou

On a choisi le caribou pour surveiller les tendances temporelles en raison de l’importance de cet animal dans l’alimentation régionale et traditionnelle et parce qu’on dispose d’une bonne base de données historiques sur les concentrations de contaminants au sein de certains troupeaux. Les concentrations de contaminants dans le caribou, cependant, sont parmi les moins élevés chez les espèces du régime alimentaire régional et traditionnel, ce que le programme de surveillance a vérifié au cours des cinq dernières années, alors que plusieurs troupeaux à travers l’Arctique ont été échantillonnés et qu’on a procédé à une analyse des métaux lourds. Deux hardes distinctes de caribous, le troupeau de la Porcupine et celui de Qamanirjuaq, ont été sélectionnées pour la prolongation des activités de surveillance annuelle des métaux lourds. L’aire de répartition du troupeau de la Porcupine étant dans le nord du Yukon et de l’Alaska, ces animaux peuvent être exposés au dépôt atmosphérique des contaminants en provenance d’Asie, tandis que celle du troupeau de Qamanirjuaq se trouve dans une région allant de l’est des T. N.-O. au sud du Nunavut et aux rives de la baie d’Hudson, ce qui l’expose plutôt aux contaminants atmosphériques d’Amérique du Nord.