Centre de recherche sur le pétrole, le gaz et autres sources d’énergie extracôtières

CRPGEE

Transcription

Kenneth Lee
(Directeur exécutif, Centre de recherche sur le pétrole, le gaz et autres sources d’énergie extracôtières (CRPGEE), Pêches et Océans Canada)

Quelle extraordinaire puissance que l’océan!

L’océan modifie nos attitudes; que nous habitions loin de la mer ou tout près, que nous ayons grandi près d’elle ou à l’intérieur des terres, je pense que nous avons tous l’impression de retourner à la maison, quand nous allons au bord de la mer.

Quand on regarde l’océan, on ne peut faire autrement que d’apprécier le panorama, parce qu’il change constamment.

Le Centre de recherche sur le pétrole, le gaz et autres sources d’énergie extracôtières est un centre d’expertise de Pêches et Océans Canada, un centre virtuel qui réunit des scientifiques de partout au pays pour étudier les enjeux environnementaux liés au secteur de l’énergie en milieu marin.

Notre rôle consiste à fournir aux décideurs qui élaborent les politiques et règlements les connaissances scientifiques nécessaires pour assurer la protection de l’environnement marin.

— Salut Zhengkai, quoi de nouveau? 

— J’ai trouvé beaucoup d’information en ce qui concerne la biodégradation des hydrocarbures en présence de glace.

— OK. Pour commencer, il faut vérifier si… (le son diminue progressivement)

Kenneth Lee

La force du Centre, c’est que nous sommes en mesure de cerner un problème donné, d’identifier les meilleurs scientifiques pour y travailler et de les intégrer à notre équipe, plutôt que d’adopter l’approche habituelle selon laquelle les chercheurs doivent travailler dans leur domaine de spécialisation. Nous définissons les enjeux et nous bénéficions d’une équipe en constante évolution.

La synergie entre les scientifiques de diverses disciplines est un atout de taille pour le travail du Centre.

Le pire déversement de pétrole que j’aie vu est celui du golfe du Mexique. Imaginez : le pétrole s’échappait du plancher océanique, à au moins 1500 mètres de profondeur. Nous avons vraiment réalisé l’ampleur de la catastrophe quand des organismes du gouvernement américain ont appelé pour dire qu’ils avaient grandement besoin de notre aide, et ce, le plus vite possible.

Sous-titres à l’écran:

Le 20 avril 2010, la plate-forme de forage « Deepwater Horizon » a explosé après une éruption incontrôlée.
Elle a finalement sombré, laissant à un mille sous la surface un puits de pétrole partiellement obturé, qui déversera dans le golfe du Mexique jusqu’à 60 000 barils de pétrole par jour pendant près de trois mois.

Depuis le déversement de pétrole du golfe du Mexique, il est certain que le public et les organismes de réglementation se préoccupent davantage de la protection de l’environnement.

Cependant, ils ne sont pas nécessairement conscients de toute la recherche menée en coulisse, tant par l’industrie que les organismes gouvernementaux, afin d’étudier les répercussions possibles sur l’environnement et d’éclairer les décisions sur le plan scientifique.

Tom King

(Gestionnaire du laboratoire d’hydrocarbures, Centre de recherche sur le pétrole, le gaz et autres sources d’énergie extracôtières (CRPGEE), Pêches et Océans Canada)

En ce moment, par exemple, nous mettons à l’épreuve des produits dispersants. Nous étudions les risques posés par les dispersants ou par la technique destinée à remédier à un déversement de pétrole, en vue d’établir des politiques et des lignes directrices sur un usage acceptable de ces moyens en cas de déversement.

Kenneth Lee

Les agents de dispersion de pétrole sont des produits chimiques qui servent à dégrader le pétrole déversé qui, comme vous le savez, flotte généralement à la surface de l’eau. Les agents de dispersion agissent comme un détergent à vaisselle; ils fractionnent le pétrole en toutes petites particules qui s’intègrent à la colonne d’eau. De cette manière, nous accélérons la dégradation du pétrole par les bactéries.

Graphique à l’écran :

  • Du pétrole flottant à la surface de l’eau.
  • Un dispersant est ajouté à la nappe d’hydrocarbures.
  • La nappe d’hydrocarbures est fractionnée en toutes petites particules dans la colonne d’eau.

Dans le cadre d’expériences menées en collaboration avec divers partenaires internationaux, nous nous sommes efforcés de comprendre pourquoi le pétrole déposé sur les plages ne se dégrade pas aussi facilement en sédiments. Nous avons réalisé qu’il y a des facteurs limitatifs, notamment les nutriants et l’oxygène. Alors, nous avons commencé à chercher quels nutriants pourraient accélérer la dégradation du pétrole.

L’idée d’utiliser des bactéries pour dégrader le pétrole déversé dans l’océan est semblable à ce que fait l’agriculteur qui met de l’engrais dans ses champs. Nous avons réalisé que nous pouvions épandre de l’engrais sur les plages pour que le pétrole se dégrade beaucoup plus vite. En fait, nous pourrions ainsi réaliser en un seul été ce que la nature prendrait une dizaine d’années à faire.

— Nous allons embarquer notre conteneur à bord du navire afin d’y placer tout notre équipement.

— Essentiellement, nous prélèverons des échantillons… (le son diminue progressivement)

Kenneth Lee

Il y a beaucoup de défis qui se dessinent dans le domaine des énergies en lien avec le milieu marin. Les gens ne réalisent pas tout le potentiel de l’Arctique, de l’énergie marémotrice, par exemple. Il y a beaucoup de courant entre certaines îles; pour les petites collectivités de ces régions, l’énergie renouvelable pourrait être la voie de l’avenir.

L’Arctique est une région spéciale, il n’y a pas de doute. Il n’y a pas eu beaucoup de développement, l’air n’est pas pollué et l’habitat est différent, tout à fait particulier.

S’il devait y avoir un déversement de pétrole dans l’Arctique, combien de temps le milieu mettrait-il à se rétablir? Et sommes-nous en mesure de faire face à une telle situation? Nous tentons de concevoir les outils nécessaires et de nous assurer qu’ils fonctionnent. Nous tâchons aussi de comprendre quelles pourraient être les répercussions négatives de l’utilisation de ces outils.

On dit que l’Arctique est un milieu plus sensible, mais en tant que scientifiques, notre travail consiste à nous pencher sur les faits.

Bien des gens ne voient que le côté prestigieux d’une expédition de recherche, mais après quelque temps à bord, on se rend compte qu’il y a juste l’océan autour et surtout beaucoup de travail à faire.

Mais l’important, c’est que les recherches que nous menons nous inspirent et nous motivent à poursuivre nos expériences quotidiennes, même si les journées sont longues sur le navire, tout simplement parce que c’est intéressant.

Chaque matin, je me dis qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui ont la chance de regarder autour d’eux, pour cerner des problèmes et tenter d’y trouver des solutions. C’est ce que je fais et ça me plaît.

C’est un défi quotidien.