Le dépistage aux points de service permet aux collectivités mal desservies d’avoir accès au test de dépistage rapide de la COVID-19

Lorsqu’elles sont touchées par une pandémie comme la COVID-19, les collectivités nordiques, éloignées et isolées du Canada peuvent être particulièrement vulnérables. Ces collectivités sont habitées par un bon nombre d'Autochtones des Premières Nations, de Métis et d'Inuits qui ont historiquement rencontré des obstacles et des défis en ce qui a trait à l’accès équitable aux services de soins de santé. Malheureusement, ils doivent souvent attendre des semaines les résultats des tests, ce qui provoque des retards dans le diagnostic et le traitement des personnes touchées. Cela créé des difficultés dans la recherche de contacts et les mesures de santé publique correspondantes pour arrêter la transmission. Comment peut-on s’assurer que les tests sont réalisés rapidement et efficacement à l’extérieur des laboratoires des grands centres de population?

Soins de santé équitables pour tous les Canadiens

Les scientifiques du Laboratoire national de microbiologie (LNM) cherchent à répondre aux besoins des personnes vivant dans les collectivités nordiques, éloignées et isolées et à renforcer la capacité locale en matière de soins de santé. Ils travaillent directement avec les collectivités et mobilisent les dirigeants communautaires pour fournir des appareils de test diagnostique aux points de service. Ces appareils permettent aux collectivités de réaliser leurs propres tests de dépistage et de mettre en œuvre des mesures de santé publique d’importance vitale afin de contenir et de prévenir rapidement les éclosions.

Depuis longtemps déjà, le LNM offre un soutien en laboratoire pour les tests de dépistage dans la collectivité. Par le passé, on envoyait des laboratoires mobiles au Nunavut pour des tests de dépistage de la tuberculose et à l’échelle internationale en réponse aux éclosions de maladie à virus Ebola en Afrique.

L’établissement d’une capacité de dépistage de la COVID 19 dans la collectivité au cours de la dernière année est le fruit du travail de l’ensemble de l’équipe du LNM. Des experts de divers domaines ont collaboré de façon complémentaire sur de nombreux fronts. Paul Sandstrom et Adrienne Meyers, du LNM, ont consacré des années à établir des relations avec les collectivités nordiques, éloignées et isolées qui sont à la base des conversations avec les réseaux fédéraux et provinciaux, Services aux Autochtones Canada et une variété d’autorités sanitaires des Premières Nations et de partenaires provinciaux et territoriaux afin d’identifier les collectivités qui en ont le plus besoin. Dre Cindi Corbett et Kym Antonation ont travaillé avec le Réseau des laboratoires de santé publique du Canada (RLSPC), un réseau fédéral, provincial et territorial composé de chefs de laboratoire de partout au pays qui déploie de l’équipement de dépistage dans les régions où les laboratoires n’ont pas la capacité de réaliser des tests de dépistage de la COVID-19. Cette approche complémentaire a permis un déploiement plus poussé des appareils aux points de service dans la collectivité avec l’équipe de Paul et d’Adrienne.

Travailler ensemble pour relever les défis

Au début de la pandémie de COVID-19, les options de dépistage offertes au Canada étaient nettement insuffisantes. À mesure que de nouveaux tests et de nouvelles technologies sont arrivés sur le marché, les scientifiques du LNM ont travaillé rapidement pour valider l’équipement et les tests de dépistage avant leur déploiement. Les équipes d’entrepôt et d’expédition ont également joué un rôle important dans la gestion des envois entrants et sortants et dans la recherche d’options d’expédition efficaces pour atteindre les collectivités éloignées qui ne sont pas facilement accessibles.

L’urgence a été ressentie par toutes les équipes du LNM, qui ont travaillé simultanément avec les dirigeants de la collectivité pour déterminer les options de tests de dépistage qui convenaient le mieux à chaque collectivité. Ces équipes ont offert de la formation virtuelle et à distance et au besoin et dans la mesure du possible, un soutien en personne sur place ainsi qu’un soutien logistique continu. Elles ont travaillé contre la montre pour faire fonctionner les appareils et former les gens avant que des éclosions ne surviennent dans les collectivités.

Bon nombre de collectivités n’avaient jamais travaillé avec un tel équipement ou des échantillons infectieux auparavant. Par conséquent, l’équipe du LNM a élaboré des documents de formation conviviaux dans les deux langues officielles, étant entendu que ce ne serait pas toujours les professionnels de la santé ou le personnel de laboratoire qui seraient formés pour utiliser l’équipement. Les scientifiques ont également créé des vidéos et offert des webinaires, souvent plusieurs fois par jour. À mesure que la nouvelle de l’initiative se répandait, un plus grand nombre de collectivités ont manifesté leur intérêt.

« L’équipe est extraordinaire et nous sommes très heureux que les collectivités soient mobilisées et actives. Elles ont établi des relations assez spéciales avec notre équipe et nous également. Nous nous estimons très chanceux de faire partie de ce travail, » a déclaré M. Sandstrom.

Avoir une incidence

Les tests de dépistage aux points de service ont permis aux collectivités de réduire la propagation de la COVID-19. Les instruments qu’ils ont reçus sont aussi fiables et fidèles que les tests en laboratoire, et rapides — par exemple, un type d’appareil déployé prend un maximum de 50 minutes pour produire un résultat.

Un exemple de réussite est celui de deux collectivités des Premières Nations qui ont utilisé de l’équipement de dépistage aux points de service pour prévenir une éclosion. Ces collectivités éloignées ont reçu de l’équipement à l’automne 2020, et leur équipe de soins infirmiers et leur personnel de soutien communautaire ont été formés pour utiliser l’équipement. Au printemps 2021, deux enfants fréquentant une école locale ont obtenu un résultat positif au test de dépistage de la COVID 19 et les collectivités se sont rapidement mobilisées pour réaliser des tests à grande échelle. Sur une période de 10 jours, plus de 400 tests de dépistage de la COVID-19 ont été réalisés, ce qui a permis de déceler plus d’une douzaine de cas positifs de COVID-19. Tous les tests ont été traités et la recherche de contacts a été effectuée le jour même de la collecte des tests. Les collectivités ont pu mettre rapidement en place un système de soins de santé pour assurer leur sécurité et leur protection.

Un avenir durable

Ces appareils aux points de service, et le programme dans son ensemble, préparent le terrain pour l’avenir. Ils peuvent servir à réaliser des tests de dépistage non seulement pour la COVID-19, mais aussi pour diverses infections, notamment la grippe, la tuberculose, la chlamydia, le VIH, la méningite et les maladies gastro-intestinales. Les ressources que le LNM a aidé à établir dans les collectivités nordiques, éloignées et isolées pendant la pandémie de COVID-19 ont contribué à un avenir durable dans lequel les collectivités peuvent assumer la responsabilité de leurs soins de santé.

« Nous créons un réseau qui pourra être utilisé longtemps après la pandémie. La COVID-19 prendra fin, mais nous avons créé quelque chose qui durera, » a déclaré Mme Meyers.