Un vaccin cible plusieurs virus

Vesicular stomatitis virus-based vaccines provide cross-protection against Andes and Sin Nombre viruses. Warner BM*, Stein DR*, Jangra RK, Slough MM, Sroga P, Sloan A*, Frost KL*, Booth S*, Chandran K, Safronetz, D*. Viruses 2019 Jul 13;11(7):E645. doi: https://doi.org/10.3390/v11070645

 

La recherche innovatrice axée sur la découverte qui mène à la mise au point de vaccins et de traitements revêt une importance pour la santé publique. Ce travail en développement des contre-mesures médicales nous permet de mieux comprendre les méthodes de protection contre les agents pathogènes zoonotiques infectieux et mortels.

Que savait-on de ce domaine avant vos travaux, et quel est le motif de cette recherche ?

Le syndrome cardio-pulmonaire à hantavirus (SCPH) est une grave maladie respiratoire causée par certains hantavirus, notamment le virus Andes (VAND) et le virus Sin Nombre (VSN). À ce jour, il n’existe aucun vaccin ou produit thérapeutique approuvé pour prévenir ou traiter le SCPH, dont le taux de mortalité peut atteindre 35 %. Le virus de la stomatite vésiculaire (VSV) a été utilisé avec succès comme plateforme vaccinale, ce qui signifie qu’il peut être génétiquement modifié pour exprimer les protéines de surface d’un virus ou de plusieurs virus différents. Ce modèle a fait ses preuves et constitue le fondement de vaccins qui confèrent une immunité contre des virus mortels comme Ebola. Même si des vaccins ont été mis au point pour produire des anticorps dirigés contre un ou plusieurs hantavirus, peu d’entre eux ont été mis à l’essai pour confirmer qu’ils protègent réellement des virus. On croit également qu’une immunisation contre une espèce d’hantavirus peut assurer une protection contre d’autres espèces. L’étude citée porte sur deux vaccins à base de VSV, contre le VAND ou le VSN, et vise à déterminer s’ils peuvent conférer une protection contre l’un ou l’autre de ces virus, ou les deux.

Quels sont les résultats les plus importants de vos travaux ?

Dans le cadre de l’étude, deux vaccins à base de VSV, exprimant soit les protéines de surface du VAND soit celles du VSN (VSV-VAND, VSV-VSN), ont été mis au point. Il s’agit des premiers travaux à évaluer l’efficacité d’un vaccin VSV-VSN pour cibler le VSN, un virus moins courant. Une vaccination unique avec l’un ou l’autre des vaccins a produit une réponse immunitaire, déclenchant ainsi une production d’anticorps contre des agents pathogènes. L’un ou l’autre des vaccins a conféré une protection contre les deux agents pathogènes après l’exposition d’un rongeur immunisé à l’un ou l’autre des virus. Les vaccins et traitements sont habituellement mis au point et produits selon le principe « un microbe, un médicament ». Dans cette étude, la protection croisée montre qu’une protection immunitaire contre des microorganismes apparentés est possible.

Quelles sont les répercussions de la recherche ?

Il n’existe actuellement aucun vaccin ou produit thérapeutique approuvé pour prévenir les infections par les hantavirus VAND et VSN. Certains vaccins candidats ont franchi les premières étapes des essais cliniques, mais ils ne ciblaient qu’une espèce. En raison de la faible incidence d’infection par des hantavirus, tel que le VSN, la mise au point d’un vaccin pour usage humain est perçue comme n’étant ni pratique ni rentable. L’élaboration d’un vaccin candidat unique contre un agent pathogène dont l’incidence est élevée, comme le VAND, qui peut également protéger contre plusieurs hantavirus, serait un moyen idéal de prévenir les infections par d’autres espèces courantes. Les vaccins à base de VSV qui expriment la protéine de surface d’un seul hantavirus, soit le VSN soit le VAND, peuvent induire la production d’anticorps spécifiques des deux virus et offrir une protection contre les infections par ces derniers. Les données semblent indiquer qu’une approche qui utilise un seul vaccin pour prévenir l’infection par de multiples virus pourrait avoir un certain fondement. Une telle démarche pourrait conduire à la mise au point de futurs vaccins contre d’autres hantavirus.