Collaborer pour une meilleure salubrité des aliments et une agriculture plus forte

Février 2024 | Agence canadienne d’inspection des aliments et Santé Canada | par Emma Dickinson et CJ Forneste

Nous savons toutes et tous que les fruits et légumes frais occupent une place importante dans une alimentation saine et équilibrée. Ces produits agricoles sont également utilisés pour fabriquer des aliments comme des jus, des céréales et des pâtes, et pour nourrir les animaux qui ajoutent des œufs, de la viande et des produits laitiers à notre alimentation. Les pesticides jouent un rôle important dans le contrôle de l’impact que les insectes, les mauvaises herbes et les maladies fongiques peuvent avoir sur ces cultures, et aident le Canada à demeurer parmi les principaux fournisseurs de produits alimentaires au monde.

Laver les poivrons à l'eau courante.

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Mais comment pouvons-nous nous assurer que les résidus de pesticides qui peuvent se trouver sur nos aliments ou dans nos aliments sont sans danger pour nous?

La collaboration est essentielle

En matière de réglementation des pesticides, le gouvernement du Canada adopte une approche scientifique et fondée sur les risques qui est conforme aux normes internationales. Un pesticide est approuvé au Canada seulement si des preuves scientifiques démontrent qu’il satisfait aux exigences de Santé Canada en matière de protection de la santé humaine et de l’environnement. Cette approche est semblable à l’approche qu’adopte le Canada pour réglementer d’autres types de produits chimiques auxquels nous sommes exposés, comme les produits de nettoyage, les cosmétiques, les médicaments, les tissus et les combustibles.

L’utilisation sécuritaire et efficace des pesticides est un engagement commun des producteurs, de l’industrie, des provinces et des ministères et organismes fédéraux qui aident à protéger la santé des personnes vivant au Canada, l’environnement et notre approvisionnement alimentaire.

Évaluation scientifique et homologation

Avant qu’il puisse être utilisé sur des produits alimentaires au Canada, le pesticide est étudié de près par des scientifiques de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. Les scientifiques de l’ARLA évaluent tous les risques que le pesticide pourrait poser pour la santé humaine et l’environnement en déterminant la toxicité et en effectuant une évaluation des risques. Ces évaluations des risques tiennent compte du régime alimentaire des personnes au Canada et des façons dont le pesticide peut être ingéré. Elles prennent aussi en compte les populations vulnérables comme les nourrissons, les enfants, les personnes âgées et les personnes enceintes, ce qui donne une vue d’ensemble des répercussions qu’un pesticide pourrait avoir sur nos aliments et notre santé.

L’ARLA établit des limites légales et exécutoires qu’on appelle la limite maximale de résidus (LMR) pour les différentes combinaisons de pesticides et d’aliments ou de cultures au Canada. La LMR correspond à la quantité maximale de résidus permise dans ou sur un produit alimentaire lorsque le pesticide est appliqué selon les directives figurant sur l’étiquette. Les LMR indiquent la façon dont un pesticide devrait être utilisé, il ne s’agit pas d’une mesure de la toxicité ou de l’innocuité dudit pesticide. Les LMR sont établies bien en deçà d’un niveau qui pourrait nuire à la santé humaine. Vous voulez vérifier les LMR pour les pesticides et les produits alimentaires courants? Consultez la base de données interrogeable de Santé Canada sur les LMR.

Un pesticide n’est homologué au Canada que si des preuves scientifiques démontrent qu’il est efficace et qu’il satisfait aux exigences de Santé Canada. Les étiquettes figurant sur les produits antiparasitaires sont modifiées sur une base périodique pour y ajouter une nouvelle utilisation ou pour modifier les conditions d’utilisation pour lutter contre un parasite. Ces modifications sont apportées seulement dans la mesure où les exigences en matière de santé et d’environnement continuent d’être respectées. En outre, les pesticides font l’objet d’une réévaluation de façon périodique afin de veiller à ce que les risques et la valeur continuent de répondre aux exigences émises par Santé Canada.

Surveillance et conformité

Le solide système de salubrité des aliments du Canada fait en sorte que la quantité de contaminants chimiques présents dans les aliments est généralement très faible. Toutefois, nous devons continuer à surveiller nos aliments pour veiller à ce que les produits chimiques détectés ne dépassent pas les niveaux jugés sécuritaires pour la santé humaine.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) est chargée de surveiller la présence de pesticides et d’autres résidus chimiques dans les aliments au Canada et d’appliquer les LMR établies par l’ARLA. L’ACIA met en œuvre le Programme national de surveillance des résidus chimiques (PNSRC) chaque année pour vérifier que les aliments respectent les normes et lignes directrices canadiennes sur les résidus et les contaminants chimiques, y compris les pesticides. Les aliments analysés comprennent des produits cultivés au Canada et importés, et proviennent de huit groupes de produits différents :

  • fruits et légumes frais;
  • fruits et légumes transformés;
  • viande;
  • poissons et fruits de mer;
  • produits laitiers;
  • œufs;
  • miel;
  • produits de l’érable.

De plus, l’ACIA mène des enquêtes ciblées pour orienter ses activités de surveillance et établir l’ordre de priorité en fonction des domaines les plus préoccupants. Les enquêtes ciblées sont un outil utile pour :

  • produire de l’information sur certains dangers liés aux aliments;
  • cerner et caractériser les dangers nouveaux et émergents;
  • orienter les analyses des tendances;
  • déclencher et approfondir une évaluation des risques pour la santé;
  • mettre en évidence des problèmes de contamination potentiels;
  • évaluer et promouvoir la conformité aux règlements canadiens.

Les enquêtes annuelles ciblées sur les pesticides servent de complément au PNSRC en mettant l’accent sur les aliments finis (par exemple les soupes et repas surgelés) et sur les ingrédients (par exemple les épices et la farine de blé).

Le Projet sur les aliments destinés aux enfants, qui est également réalisé chaque année, vise à analyser les résidus de pesticides dans les aliments destinés aux nourrissons, aux tout-petits et aux enfants de moins de 15 ans. Les personnes de ce groupe d’âge sont particulièrement vulnérables aux effets possibles sur la santé en raison de leur masse corporelle inférieure (comparativement aux adultes) et de leurs habitudes de consommation distinctes.

Chaque année, les résultats montrent que la grande majorité des produits analysés sont conformes, y compris les fruits et légumes frais cultivés au Canada et importés. Selon le rapport du PNSRC de 2020-2021, 99 p. 100 des fruits et légumes cultivés au Canada et 94 p. 100 des fruits et légumes importés présentaient des niveaux de résidus de pesticides inférieurs aux LMR établies.

Qu’est-ce qui explique la différence entre les fruits et légumes canadiens et importés? Généralement, nos partenaires commerciaux ont des conditions de culture et des problèmes parasitaires qui diffèrent de ceux des producteurs canadiens. Par conséquent, de nombreux partenaires commerciaux ayant des climats plus chauds utilisent des pesticides différents de ceux que nous avons homologués au Canada. Dans le cas des résidus de pesticides détectés pour lesquels il n’existe pas de LMR canadiennes établies, la conformité est évaluée à partir d’une LMR par défaut de 0,1 partie par million (ppm). La LMR par défaut est délibérément établie à un niveau prudemment bas pour tous les produits qui ne sont pas homologués au Canada. C'est pourquoi ces taux de conformité inférieurs ne signifient pas nécessairement que les fruits et légumes importés sont moins salubres pour la consommation des Canadiennes et Canadiens.

Les résultats du PNSRC aident l’ACIA à cerner les tendances et les domaines potentiellement préoccupants afin d’optimiser les activités de surveillance et les mesures de contrôle qui protègent les consommateurs canadiens. Ils appuient également la reconnaissance à l’échelle internationale d’un approvisionnement alimentaire sûr et sain qui facilite l’accès aux marchés pour les exportations canadiennes. Tout résidu qui dépasse la limite permise fait l’objet d’une enquête par l’ACIA, et des mesures de suivi sont prises en fonction de l’ampleur du risque pour la santé.

Ces données sont régulièrement communiquées à l’ARLA aux fins de l’évaluation et de la gestion des risques et de l’établissement ou de la mise à jour des normes. Elles sont également communiquées aux principaux partenaires commerciaux du Canada, y compris les États-Unis et l’Union européenne, afin de faciliter le commerce des produits alimentaires.

Du verger à la table

Suivons une délicieuse pomme canadienne du verger à la table pour expliquer la relation entre l’ARLA et l’ACIA lorsqu’il est question de la gestion des pesticides.

Tout comme les pomiculteurs s’assurent que leurs pommiers reçoivent suffisamment d’eau, d’ensoleillement et de nutriments, ils doivent également les protéger contre les organismes nuisibles et les maladies, y compris les organismes nuisibles réglementés comme la mouche de la pomme. Ce pomiculteur ne pouvait choisir qu’un pesticide homologué par l’ARLA pour utilisation au Canada. Il suivra alors les consignes de sécurité et les instructions figurant sur l’étiquette afin de maximiser les avantages tout en se protégeant et en protégeant l’environnement. Lorsqu’il est utilisé correctement, le pesticide peut aider à protéger les arbres afin qu’un plus grand nombre de pommes puissent pousser.

Une fois la pomme cueillie, elle peut se retrouver dans la section des fruits et légumes frais de votre épicerie ou être transformée en un autre produit, comme du jus de pomme, une tarte aux pommes ou de la purée de pommes pour nourrissons. La pomme fraîche ou ses produits peuvent être sélectionnés par l’ACIA aux fins d’analyse pour vérifier que les résidus de pesticides détectés, le cas échéant, sont inférieurs à la LMR. La pomme ou ses produits seront alors acheminés à l’un des laboratoires utilisés par l’ACIA pour l’analyse des résidus de pesticides par des scientifiques de la salubrité des aliments, comme le Laboratoire de Calgary de l’ACIA.

Selon les résultats du PNSRC de 2020-2021, 100 p. 100 des pommes cultivées au Canada et 100 p. 100 des produits de fruits transformés canadiens analysés étaient conformes aux normes canadiennes. Autrement dit, il y a de très fortes chances qu’une pomme canadienne ne contienne pas une quantité de résidus de pesticides supérieure aux LMR; vous pouvez donc croquer dans ce fruit nutritif en toute confiance!

En travaillant ensemble, l’ARLA et l’ACIA fournissent un système complet de vérification pour protéger la population canadienne contre tout effet potentiellement nocif des pesticides dans nos aliments, tout en soutenant notre industrie agricole et agroalimentaire florissante.

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