Remarque : l’Organisation mondiale de la santé a commencé à utiliser « mpox » comme terme privilégié pour désigner la maladie. Le virus à l’origine de la variole est toujours désigné sous le nom de virus de la variole simienne.
Au printemps 2022, des cas de mpox (variole simienne) ont commencé à apparaître au Canada et dans d’autres pays où la maladie n’avait pas été vue auparavant. Avant cela, il n’y avait généralement que très peu de cas de mpox dans les pays où la maladie était endémique. La dernière fois que la mpox a été observée dans l’hémisphère occidental remonte à 2003, avec des cas liés au commerce d’animaux de compagnie exotiques aux États-Unis.
Le LNM joue un rôle clé dans l’intervention canadienne contre la mpox
Le Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’Agence de la santé publique du Canada est le laboratoire de référence national pour ce qui est des agents pathogènes viraux rares et émergents comme la mpox. Au début de l’épidémie, il était le seul laboratoire au Canada apte à fournir des tests de diagnostic pour confirmer la maladie de la mpox. Le LNM a fait tous les diagnostics à l’échelle nationale au début de l’épidémie et continue encore aujourd’hui à faire des analyses pour certaines provinces. Les scientifiques du LNM ont travaillé avec leurs homologues provinciaux les plus touchés pour les aider à établir leurs propres protocoles de dépistage, ce qui a permis de diagnostiquer les cas plus rapidement.
« C’était essentiel, car plus on repère rapidement les cas, plus on peut les isoler ou les prendre en charge rapidement en milieu clinique », explique David Safronetz, chef de l’Unité des pathogènes spéciaux au LNM.
Lorsqu’il est devenu évident qu’il y aurait de nombreux cas de mpox au Canada, une question est venue à l’esprit : comment traiter les personnes atteintes du virus?
Les scientifiques du groupe Pathogènes spéciaux du LNM ont entrepris de tester l’un des traitements potentiels les plus prometteurs, soit un médicament antiviral appelé tecovirimat (également connu sous le nom de TPOXX).
Qu’est-ce que le tecovirimat et pourquoi est-il à l’étude?
Le tecovirimat a été mis au point spécialement pour traiter les orthopoxvirus (la famille à laquelle appartient le virus de la variole simienne), en particulier la variole. Les premières études ont fait entrevoir que ce traitement serait efficace et il a été recommandé comme principal médicament à administrer dans les cas graves de mpox. Cependant, comme les cas de cette maladie étaient encore peu nombreux avant l’épidémie, les données étaient insuffisantes pour confirmer l’efficacité du traitement. Le tecovirimat est actuellement utilisé hors indication pour traiter la mpox et n’a pas encore été homologué par Santé Canada. Il est donc important de recueillir d’autres indices de son efficacité contre la mpox.
Les scientifiques du LNM ont commencé à mettre le tecovirimat à l’essai sur des modèles animaux (des souris) pour confirmer son efficacité. Ils ont pu isoler le virus de l’un des premiers cas de mpox détectés au Canada en vue de son utilisation dans le cadre de l’étude. Par ailleurs, ils ont constaté que le médicament a permis de réduire considérablement la quantité de virus dans l’organisme des animaux, au point où ils n’ont pas observé de signes cliniques évidents de la maladie.
« L’étude est importante, car elle révèle que ce traitement est susceptible d’atténuer les effets de la maladie sur les patients et de limiter les éclosions », déclare M. Safronetz. « Elle permet de justifier la poursuite de l’utilisation du tecovirimat chez les humains et elle ajoute à nos connaissances sur le traitement efficace de la mpox. »
Le LNM s’intéresse à plusieurs autres aspects de la recherche sur la mpox. Le groupe Pathogènes spéciaux évalue actuellement d’autres traitements antiviraux et de nouvelles stratégies de vaccination. Le groupe Génomique effectue le séquençage du génome entier, ce qui inclut le suivi des tendances en ce qui concerne l’évolution du virus et la recherche de marqueurs génétiques qui pourraient indiquer une résistance aux antiviraux.
Selon M. Safronetz, le groupe Pathogènes spéciaux a été animé d’un fort sentiment de responsabilité étant donné son rôle de chef de file dans une situation d’épidémie si proche de chez lui. Le groupe se rend souvent dans d’autres pays pour aider à gérer l’intervention, comme lors de l’épidémie de la maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016. Il a également joué un rôle de soutien dans des éclosions nationales comme celle de COVID-19.
« Contrairement à la longue histoire du groupe qui a soutenu les interventions face aux éclosions dans le monde, la riposte à la mpox montre la valeur du travail à l’échelle internationale pour assurer la sécurité de tous, tant au Canada qu’à l’étranger, et nous motive davantage à faire notre travail », a déclaré M. Safronetz.