L’air que vous respirez est-il sans danger?

Il est facile de présumer que l’air que nous respirons est sain. Scott Weichenthal, chercheur scientifique de Santé Canada et professeur adjoint à la Faculté de médecine de l’Université McGill, étudie le contenu de l’air dans plusieurs villes canadiennes. Il souhaite ainsi comprendre les effets à court et à long terme de l’exposition à certains types de particules qui se trouvent dans la pollution atmosphérique.

« Matière particulaire » (MP) est le terme généralement utilisé pour désigner un mélange de particules solides et liquides en suspension dans l’air. Il peut s’agir d’aérosols, de fumée, d’émanations, de poussière, de cendres et de pollen. La composition de la matière particulaire varie selon la région géographique, la saison et les conditions météorologiques. Les particules fines (MP2,5) sont des particules ayant un diamètre de 2,5 micromètres ou moins. Ces polluants de l’air présentent des risques pour la santé humaine lorsque leur concentration est élevée, car ils peuvent facilement être absorbés par les poumons et ainsi causer des problèmes de santé. À l’heure actuelle, les chercheurs ne sont pas en mesure de distinguer les effets de particules individuelles sur la santé en fonction de leur présence dans l’air, mais c’est ce que Scott entend changer par ses travaux.

Au lieu de supposer que les particules présentes dans l’air pollué sont toutes aussi nocives les unes que les autres pour la santé, le chercheur examine attentivement les effets sous-jacents de certaines particules composant cette pollution. Cette recherche pourrait à l’avenir éclairer l’élaboration de règlements sur la pollution atmosphérique et de mesures de santé publique pouvant être adaptés à certains types de particules aériennes.

« La réglementation des concentrations massiques de particules est un bel exemple de réussite en santé publique, car elle a permis de sauver d’innombrables vies au Canada et à l’étranger. Or, le besoin de mieux comprendre pourquoi certaines particules peuvent être plus néfastes que d’autres se fait désormais sentir », explique Scott. « Comme la toxicité varie en fonction de la composition du polluant, il faut commencer à intégrer cette information à notre évaluation. »

Plus particulièrement, Scott s’est donné pour mission de trouver et d’évaluer les facteurs de risque environnementaux de maladies chroniques comme le cancer et les maladies cardiovasculaires. D’où l’intérêt du potentiel oxydant des particules.

« Le stress oxydatif, c’est un peu comme la formation de rouille dans l’organisme. La pollution atmosphérique augmente le stress oxydatif et provoque, au fil du temps, des lésions cellulaires pouvant entraîner diverses maladies », indique Scott. « Nous examinons la façon dont les particules en suspension dans l’air dans différentes régions du Canada contribuent au stress oxydatif afin de déterminer dans quelle mesure elles risquent d’être nuisibles. Nous avons déjà montré qu’en intégrant cette information à nos études sur la santé, nous pouvons avoir une meilleure idée du rôle possible de la pollution atmosphérique dans les troubles cardiaques et pulmonaires. »

Pour mieux cibler les interventions en santé publique et orienter ses travaux, Scott crée également des représentations visuelles, ou des cartes de la pollution atmosphérique, montrant les régions où les particules risquent davantage d’être nocives. Santé Canada étudie actuellement la qualité de l’air dans 40 régions du pays dans l’espoir de trouver des façons plus efficaces de réglementer la matière particulaire.

« L’approche que nous évaluons complète la méthode de mesure traditionnelle basée sur la masse et élimine le besoin de traiter toutes les particules de la même manière », souligne le scientifique.

Une fois que cette étude sera achevée, les organismes de réglementation pourront mieux calculer les risques pour la santé et auront une idée plus précise des effets véritables de la pollution de l’air sur la santé au Canada.