Apprendre quelque chose chaque jour : Conseils d’une ingénieure chevronnée qui travaille dans l’ombre

Karen Durnford-McIntosh, directrice générale, Gestion des biens immobiliers et des actifs à Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC).

Pouvez-vous nommer une chose qui surprendrait les gens concernant votre domaine de travail?

Je pense que les gens seraient surpris de constater à quel point la résolution de problèmes se fait en coulisses. Le personnel des Biens immobiliers est à l’écoute des besoins des employés d’AAC, et en particulier de ceux des chercheurs qui travaillent dans nos Centres de recherche et de développement partout au Canada. Nous contribuons à l’entretien des Centres de recherche; assurons la sécurité; fournissons des services et divers contrats; et réalisons des projets. La recherche agricole a des créneaux très spécifiques; par conséquent, les besoins de nos laboratoires peuvent varier considérablement. En outre, les entrepreneurs embauchés ne sont pas forcément des experts en agriculture, ce qui signifie que nous devons assurer une supervision pour veiller à ce que les choses soient faites correctement.

Notre rôle est de nous assurer que tout le monde parle le même langage. Un scientifique peut demander un espace pour effectuer des travaux scientifiques précis, mais le consultant en conception pourrait ne pas bien comprendre cette exigence. Notre équipe des Biens immobiliers se chargera de traduire les besoins du client en exigences techniques pour les consultants en conception et les entrepreneurs.

Pendant la pandémie, notre équipe de l’Approvisionnement a travaillé avec diligence en coulisses afin d’acheter des casques d’écoute pour les employés qui avaient fait la transition vers le travail à domicile, ainsi que tout l’équipement de protection individuelle (EPI), les solutions de nettoyage, la signalisation et le plexiglas pour les bâtiments et les locaux d’AAC dans l’ensemble du pays, afin de garantir la sécurité du lieu de travail.

Comment avez-vous découvert votre métier?

Je travaille par intermittence pour le gouvernement depuis l’âge de 17 ans. Mes 14 années dans l’armée ont commencé après l’école, lorsque j’ai été acceptée au Collège militaire royal de Saint-Jean, au Québec. J’ai choisi l’armée parce que je cherchais quelque chose de stimulant et d’intéressant qui ne faisait pas partie de la norme. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai voyagé et travaillé dans de nombreuses provinces canadiennes et j’ai également été affectée au Pakistan par les Nations Unies, après la guerre russo-afghane. Je me suis rendu compte de la chance que nous avons au Canada de bénéficier de notre système de santé, de notre système de justice équitable, ainsi que de nos nombreuses libertés individuelles; et à quel point le Canada, en tant que pays, se soucie de ses habitants.

Lorsque mon mari et moi-même avons fondé une famille, il est devenu difficile de poursuivre une carrière militaire avec un conjoint militaire. En 1994, j’ai pris ma retraite des forces armées et je suis allée à l’Université Queen’s pour poursuivre mes études, ce qui m’a permis d’obtenir une maîtrise en génie environnemental. J’ai créé une entreprise d’expert-conseil et travaillé dans le domaine du génie environnemental pendant sept ans. En 2004, j’ai réintégré le gouvernement fédéral à titre d’ingénieure environnementale au sein de la GRC et j’ai fait progresser ma carrière dans divers ministères, dont Affaires indiennes et du Nord Canada (à l’époque) et Services publics et Approvisionnement Canada, avant de me joindre à AAC en 2019.

Quel est le moment le plus mémorable de votre carrière?

Au sein de Gestion des biens immobiliers et des actifs se trouve notre Direction de la sécurité ministérielle, qui est chargée de la gestion des urgences. Au cours de ma première semaine de travail à AAC, un incendie s’est déclaré dans la tour 7. En tant que cadre supérieure aux commandes, j’ai travaillé avec l’équipe de gestion des urgences pour m’assurer d’évacuer toutes les personnes du bâtiment et de diriger les pompiers vers le bon étage. Je me souviens qu’il faisait -30 °C ce jour-là. Les employés ont donc été autorisés à attendre dans la cafétéria de la tour 6 avant d’obtenir le feu vert pour retourner dans leurs bureaux. Nous avons reçu l’autorisation initiale, mais avant que nous puissions autoriser les gens à quitter la cafétéria, quelqu’un a remarqué que de la fumée s’échappait de la salle du réseau local dans la tour 7. On a dû appeler de nouveau le service d’incendie et il a fallu quatre heures de plus pour régler la situation. Il s’est avéré que l’incendie avait été causé par des travailleurs qui se servaient de torches pour des travaux de construction sur le toit.

Que pourrions-nous faire pour soutenir les femmes dans le domaine de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM)

Pour soutenir les femmes, nous devons leur donner les outils et le soutien nécessaires pour qu’elles aient confiance en leurs capacités. En 1984, j’étais la seule femme dans ma classe de génie civil et, lorsque j’ai rencontré le doyen, il m’a fait remarquer avec désinvolture que j’étais la femme de service. Même si j’étais décontenancée à ce moment-là, il n’y avait pas grand-chose que je pouvais faire ou dire à propos de ce commentaire. Les expériences de ce genre vous permettent de réfléchir et de faire le point sur les raisons qui vous poussent à faire certaines choses, et vous font apprécier les personnes qui vous aident dans votre vie et votre carrière. J’avais des professeurs qui m’encourageaient à suivre des cours non traditionnels que j’aimais (mathématiques et sciences). Ces derniers sont maintenant désignés sous le nom de « cours de STIM », mais à l’époque, peu de jeunes femmes s’orientaient vers les sciences ou les mathématiques.

En outre, les politiques ont considérablement changé depuis le début de ma carrière et elles offrent désormais beaucoup plus de soutien aux jeunes femmes et aux mères qui travaillent, et il y a également des politiques « plus récentes » qui permettent aux femmes et aux hommes de prendre un congé parental. Quand j’étais plus jeune, j’ai pris un congé de maternité et cela m’a freinée dans ma carrière. L’élaboration de politiques équitables pour tous les sexes contribuera grandement à améliorer notre lieu de travail, en particulier pour les femmes.

Je pense que nous pouvons faire un meilleur travail pour promouvoir les rôles liés aux STIM au sein du gouvernement fédéral, dans les écoles et les universités, et lors des salons de l’emploi. J’essaie également d’encadrer les femmes au sein du Ministère, en espérant que certaines de mes expériences leur seront utiles.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes intéressés par une carrière en sciences, en technologie, en ingénierie et en mathématiques?

Je dirais à toute personne intéressée par les STIM de trouver quelqu’un dans son entourage qui travaille dans le domaine qui l’intéresse. Découvrez à quoi ressemble le travail, car les meilleurs conseils viennent souvent de quelqu’un qui vit et travaille dans ce domaine.

De plus, soyez souple et confiant, et recherchez les occasions qui vous permettront de prendre le contrôle de votre carrière. N’ayez pas peur de vous réinventer et d’évoluer au fil de vos expériences. Si vous apprenez quelque chose tous les jours, vous améliorez vos capacités, votre vie et votre carrière.

Quels sont vos passe-temps et ont-ils une influence sur votre travail?

Je suis une fervente adepte de l’exercice. J’aime courir, faire de la randonnée et voyager. Même si l’exercice physique n’a pas une influence directe sur mon travail, il m’aide à gérer le stress et à maintenir un équilibre dans ma vie. Les voyages m’ont donné une excellente perspective globale et me font apprécier ce que nous avons au Canada. Je suis passionnée par ce que nous faisons en tant que fonctionnaires pour soutenir les Canadiens.

J’adore l’architecture et surtout les ponts; ils attisent ma curiosité. À mon avis, les ponts sont des œuvres d’art et témoignent également de l’ingéniosité des gens. Certains projets gouvernementaux ne sont pas aussi impressionnants, mais lorsque nous travaillons ensemble, nous pouvons nous attaquer à une variété de problèmes et trouver des solutions; nous le faisons dans toutes sortes de situations.

Qu’espérez-vous voir dans votre domaine au cours des dix prochaines années?

J’espère voir davantage de femmes suivre une formation et travailler dans le domaine des sciences et de l’ingénierie, et occuper des postes de direction au sein du gouvernement fédéral. Après 25 ans au sein du gouvernement, nous commençons à le constater et cela m’inspire beaucoup chaque jour.