Connaissances inuites, sciences et ECCC : une collaboration visant une meilleure compréhension des écosystèmes du Nord

À l’occasion de la Journée des Inuits, nous mettons en lumière la collaboration dans le domaine de la recherche entre les collectivités du Nord et Environnement et Changement climatique Canada. Les projets liés au Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord combinent l’expertise des scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada aux connaissances locales et traditionnelles des Inuits dans les collectivités du Nord.

Oiseaux marins

L’intensification de l’activité humaine dans l’Arctique génère des possibilités économiques, mais elle s’accompagne d’un risque d’augmentation des niveaux de pollution et d’autres répercussions sur l’environnement. Une nouvelle étude collaborative a débuté cette année à Pond Inlet, au Nunavut, et elle vise à répondre aux préoccupations concernant la santé des oiseaux marins dans la région. Cette étude est un partenariat entre Environnement et Changement climatique Canada et les collectivités locales qui ont relevé que la baie de Baffin et le détroit de Davis constituent un habitat essentiel pour le Fulmar boréal, la Mouette tridactyle, le Guillemot de Brünnich et le Guillemot à miroir. Elle fait partie d’une série de projets de surveillance communautaire menés ces dernières années pour mieux comprendre la santé des oiseaux marins dans les eaux nordiques qui s’étendent entre le Canada et le Groenland.

Le suivi de la santé des écosystèmes nécessite une compréhension de base des niveaux actuels de pollution, notamment des contaminants provenant du pétrole et du gaz, et des microplastiques. Jennifer Provencher, chercheuse scientifique, explique : « Les marées noires catastrophiques sont faciles à voir, mais leurs effets à long terme ne sont pas toujours aussi apparents. Cette étude permettra de comparer les résultats à des échantillons provenant d’autres zones où des déversements de diesel ont eu lieu et de dresser un portrait complet de la santé des oiseaux et des répercussions subies. »

Jamie Enook, technicien de la faune à Environnement et Changement climatique Canada, travaille au projet depuis la station de recherche à Pond Inlet. Il assure la liaison avec l’organisation locale de chasseurs et de trappeurs afin d’obtenir les autorisations et la permission de capturer des oiseaux pour les besoins de la recherche. Il organise ensuite des excursions avec des chasseurs pour récolter les oiseaux en bateau et renvoie les échantillons au laboratoire de Jennifer au Centre national de la recherche faunique à Ottawa pour analyse.

« Il est important de déterminer si la population d’oiseaux est en bonne santé ou non. Les oiseaux sont récoltés à des fins alimentaires et nous voulons nous assurer qu’ils sont propres à la consommation et exempts de contaminants », déclare Jamie. « Plus nous disposons d’information et de données sur une espèce, mieux nous pouvons la gérer et planifier l’avenir. »

Phoques annelés

Assurer la sécurité des espèces traditionnellement récoltées à des fins alimentaires est également une préoccupation à Nain, au Nunatsiavut. Depuis les années 2000, Environnement et Changement climatique Canada soutient la recherche dans cette région par l’intermédiaire du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord. Plusieurs projets sont menés en collaboration avec le Nunatsiavut Research Center-Kaujisapvinga. Les projets conjoints de surveillance portent sur les niveaux de contaminants tels que le polychlorobiphényle (communément appelé BPC), le dichlorodiphényltrichloréthane (communément appelé DDT), le mercure et d’autres métaux dans l’eau et les espèces sauvages aquatiques et terrestres.

Magali Houde est une chercheuse scientifique qui étudie les contaminants et leurs effets sur les espèces sauvages. Elle est la co-responsable du Ministère pour l’étude sur les phoques annelés dans la région. L’espèce revêt une grande importance culturelle, économique et nutritionnelle pour les Inuits. Magali explique que la collectivité locale et le gouvernement régional dirigent le projet sur le plan de l’échantillonnage, de la coordination avec les chasseurs et de la communication des résultats, tandis qu’Environnement et Changement climatique Canada effectue l’analyse et l’interprétation des données par l’intermédiaire de ses laboratoires à Montréal et à Burlington.

« Il y a tellement de changements environnementaux qui se produisent dans l’Arctique et les gens qui habitent dans les collectivités ont beaucoup de connaissances sur l’écologie des espèces, comme les changements concernant la migration, l’habitat et le régime alimentaire », explique Magali. « Cette information aide vraiment à l’interprétation des données. Le partenariat est essentiel pour l’ensemble du projet. »

Il y a cinq ans, Magali a commencé à travailler avec Dominique Henri, spécialiste des sciences sociales de l’environnement à Environnement et Changement climatique Canada, au projet de recherche sur les phoques annelés afin d’accroître la mobilisation des collectivités du Nord. Dominique est spécialisée dans la recherche participative communautaire. Elle recueille et documente le savoir autochtone par le biais d’entretiens auprès des membres de la collectivité. « En complément de ce que font les autres scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada, j’intègre le point de vue des gens aux recherches », explique Dominique.

En compagnie d’autres collègues d’Environnement et Changement climatique Canada, et en partenariat avec des écoles et des organisations de chasseurs et de trappeurs locales, ainsi que le Collège de l’Arctique du Nunavut, Magali et Dominique ont mis au point des ateliers novateurs afin de mobiliser les collectivités inuites et du Nord pour la recherche sur les contaminants. Les ateliers ont eu lieu au Nunatsiavut, au Nunavut et dans la région désignée des Inuvialuit. Ils donnent l’occasion aux scientifiques de renseigner les jeunes et les résidents du Nord sur leur travail, et aux aînés Inuits de transmettre leurs connaissances aux étudiants et aux chercheurs. Les ateliers soutiennent également la formation des étudiants collégiaux et des chercheurs en début de carrière.

Magali et Dominique ont hâte de reprendre ces ateliers afin d’accroître la collaboration et la communication avec les habitants du Nord et les chercheurs scientifiques aussitôt que les restrictions de voyage liées à la pandémie seront levées.

Un effort concerté

Plus de vingt projets de recherche actifs, fondés sur la collaboration, sont en cours dans les collectivités de l’Arctique. Le savoir inuit et la science occidentale sont réunis dans l’étude de la qualité de l’air et de l’eau, de l’écologie des espèces sauvages, de la sécurité alimentaire, et bien plus encore. Cette coopération scientifique contribue à une meilleure compréhension de la santé et de la résilience de l’ensemble de l’écosystème du Nord.