Liisa Jantunen est une chercheuse scientifique qui a consacré sa carrière à l’étude des contaminants dans l’Arctique. Elle s’est jointe à Environnement et Changement climatique Canada comme étudiante, et n’est jamais partie! Au cours des 15 dernières années, elle a dirigé des projets de recherche sur la surveillance des contaminants dans l’air, dans l’eau et dans les sédiments dans le cadre du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord, qui relève de Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada. Ses recherches portent sur les polluants organiques persistants, tels que les pesticides et les produits ignifuges, ainsi que sur les microplastiques et les substances chimiques associées aux plastiques, qui sont considérés comme une préoccupation émergente pour l’Arctique.
Liisa Jantunen, chercheuse scientifique, explique qu’il est important d’étudier les contaminants, car beaucoup s’accumulent dans l’Arctique, où les niveaux de concentration peuvent être plus élevés et où les répercussions à long terme sont inconnues. « Certaines substances sont considérées comme des produits chimiques éternels, car l’environnement a du mal à les décomposer », dit-elle. Les produits chimiques fluorés, ou substances polyfluoroalkyles, sont connus pour leur résistance et leur durabilité, ce qui constitue un atout pour leur application dans les produits industriels et de consommation, mais signifie également qu’ils restent longtemps dans l’environnement. C’est le cas de Scotchguard, un protecteur de tissu et d’ameublement courant.
Pour ce travail, des échantillons sont prélevés dans tout l’Arctique à partir du navire de la Garde côtière canadienne, l’Amundsen, un brise-glace, dans le cadre d’ArcticNet (en anglais seulement). En septembre dernier, Liisa avait une équipe de trois étudiants à bord chargés de prélever des échantillons d’air, d’eau, de sédiments et de zooplancton. L’un de ces étudiants est Max Dubeau, du programme de technologie environnementale du Collège de l’Arctique du Nunavut. « Je voulais en savoir plus sur le travail des scientifiques ici et sur les possibilités pour ma carrière dans le domaine scientifique », explique Max. « Je veux que mon travail soit axé sur le Nord et mon chez-moi. Je veux travailler pour améliorer ma collectivité et mon territoire et contribuer à leur devenir en les protégeant. »
Max a passé trente jours à bord de l’Amundsen, où il a appris à recueillir des sédiments à l’aide d’un carottier – un outil d’échantillonnage qu’on laisse tomber au fond de l’océan et qu’on remonte pour le remplir de sédiments. Max a également travaillé avec un échantillonneur à rosette qui collecte l’eau de l’océan tout en recueillant des données telles que la température et la profondeur. Pour les autres échantillons d’eau, Max dit que c’était aussi simple que de jeter un seau par-dessus bord et de remonter l’eau. Tous les échantillons recueillis le long du parcours de l’Amundsen dans l’archipel Arctique canadien ont été envoyés au Centre des recherches atmosphériques d’Environnement et Changement climatique Canada pour être analysés dans le laboratoire de Liisa.
Les recherches de Liisa portent également sur la surveillance des contaminants dans plusieurs collectivités du Nord. Elle mentionne que ce travail est variable et que la portée évolue constamment en fonction des changements dans l’environnement et des modifications des produits chimiques utilisés par l’industrie. « Nous créons des données de référence. Ainsi, en fonction de la quantité d’un certain produit chimique utilisé, nous pouvons observer de quelle façon l’Arctique change et nous pouvons ensuite évaluer les effets des changements climatiques. Nous examinons également les concentrations de base des contaminants dans l’Arctique afin de voir si les réglementations nationales et internationales sont efficaces pour réduire ces concentrations ». Ce travail nécessite une coordination à l’échelle mondiale, car les produits chimiques que Liisa surveille qui entrent au Canada et dans l’Arctique proviennent du monde entier. « Nous faisons partie d’un ensemble plus vaste », dit-elle. « C’est pourquoi il est si important de participer à des conventions internationales, telles que la Convention de Stockholm (site en anglais seulement), qui prévoient un suivi mondial. »
En réfléchissant à l’ensemble de ses recherches dans l’Arctique, Liisa fait observer qu’elle ne les a pas faites toute seule! L’étude des contaminants dans l’Arctique exige de travailler avec d’autres scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada, ainsi que de s’associer à d’autres ministères fédéraux, à des universités et à des collectivités du Nord. Liisa rencontre les résidents du Nord et les dirigeants des organisations inuites et des Premières Nations, comme les organisations de chasseurs et de trappeurs, pour s’assurer que ses recherches répondent aux besoins des collectivités. Elle fait de la vulgarisation scientifique dans les écoles, les collèges et les centres communautaires locaux. Liisa se réjouit à la perspective de voyager de nouveau lorsqu’il sera possible de le faire en toute sécurité afin de poursuivre ce travail important et de communiquer les résultats de ses recherches.