GIEC-55 : Qu’est-ce que c’est et pourquoi vous devriez vous y intéresser

Le dernier rapport climatique sur les impacts, les vulnérabilités et l’adaptation

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Au cours des deux dernières semaines de février, la 55e session du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC-55) a réuni des représentants des gouvernements et des scientifiques pour examiner et approuver le résumé d’un rapport de 3675 pages. Au cours des trois dernières années, 270 scientifiques de 67 pays ont élaboré ce rapport axé sur les impacts, la vulnérabilité et l’adaptation en matière de climat. Les effets des changements climatiques causés par les humains devenant de plus en plus importants chaque année, le rôle du GIEC s’avère plus important que jamais. Mais que fait-il exactement?

 

Comprendre ce qu’est le GIEC

On pourrait penser que le GIEC fonctionne telle une ruche scientifique géante. Plusieurs centaines d’experts issus de multiples domaines de recherche se penchent ensemble sur le sujet des changements climatiques et de tout ce qui s’y rapporte. Leur travail consiste à examiner et à évaluer les dernières preuves de partout dans le monde contenues dans des milliers et des milliers d’articles scientifiques et de rapports gouvernementaux. Une fois que ces connaissances sont synthétisées, ces experts, également connus en tant qu’auteurs principaux, rassemblent toutes les différentes sources en une compréhension unifiée de l’évolution du climat de notre planète, le rapport d’évaluation du GIEC.

La tâche est gargantuesque. Heureusement, les auteurs principaux ont l’objectif commun de la science pour les aider à établir un consensus face à une complexité aussi vertigineuse. L’établissement d’un portrait aussi détaillé de ce que l’on sait des impacts et des risques climatiques est utile car il fournit aux gouvernements (et à nous tous!) la base des connaissances la plus exhaustive de la planète sur les défis les plus urgents auxquels le monde fait face. Néanmoins, l’objectif n’est pas de prescrire ou de dire aux gouvernements ce qu’ils doivent faire. Les rapports du GIEC fournissent plutôt des données scientifiques fiables et rigoureuses pour éclairer les politiques et les programmes gouvernementaux et décrire les actions que chacun d’entre nous peut préconiser ou entreprendre. À ce titre, les connaissances contenues dans les rapports du GIEC représentent l’un des meilleurs espoirs de l’humanité pour appuyer une action climatique collective.

Un rapport parmi d’autres : Groupe de travail II sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité

Les connaissances scientifiques doivent être constamment réévaluées en fonction des nouvelles données, de sorte que de nouvelles évaluations doivent être effectuées tous les six ou sept ans. Actuellement, le GIEC finalise le sixième Rapport d’évaluation (RE6) qui a débuté en 2015 et se terminera plus tard cette année. En raison de la complexité du sujet, le travail du GIEC est réparti entre plusieurs groupes. Le GIEC-55 de cette année a examiné la contribution du Groupe de travail II (GTII) pour le GIEC. Contrairement au Groupe de travail I, dont le rapport final sur la science physique des changements climatiques a été publié l’année dernière, le rapport du GTII traite de la manière dont la société et la nature sont vulnérables et touchées par les changements climatiques et des solutions pour s’y adapter. En outre, le rapport contient davantage d’information locale et régionale que les cycles d’évaluation précédents, ainsi qu’un renforcement des liens scientifiques entre l’appauvrissement de la biodiversité et les changements climatiques.

En lisant des articles sur les experts réunis durant des conférences internationales, on oublie parfois le côté humain de l’entreprise. Elisabeth Gilmore, conseillère scientifique principale auprès du sous-ministre adjoint de la Direction générale des sciences et de la technologie à Environnement et Changement climatique Canada et qui a été désignée pour être une auteure principale du GTII en 2018, a déclaré à propos de cette expérience : « C’est parfois difficile, nous parlons de science, mais aussi de répercussions réelles sur les écosystèmes et les personnes. Chaque question fait l’objet d’une longue discussion et les scientifiques s’y intéressent vraiment et veulent que le rapport soit aussi précis et complet que possible. Malgré tout, il y a un énorme esprit de camaraderie... [même avec] les journées de 20 heures pendant la plénière d’approbation! »

Quelles sont les prochaines étapes?

Des scientifiques qui rassemblent les connaissances pour les personnes les plus touchées, en passant par tous les intermédiaires, les changements climatiques ont une incidence sur la planète entière. Dans cette optique, la contribution du GTII au rapport d’évaluation du GIEC aide les gouvernements à mieux comprendre où concentrer leurs efforts et orienter les dépenses de manière à faire face aux pires répercussions dans le présent et l’avenir.

Au début du printemps, nous pouvons nous réjouir à la perspective de la tenue de la 56e session du GIEC (en anglais seulement) après laquelle sera publié le rapport du Groupe de travail III, qui examinera comment réduire les émissions de gaz à effet de serre qui ont des répercussions sur notre climat. D’ici la fin de l’année, un rapport de synthèse sera disponible et il regroupera tous les rapports ayant été pris en compte pour le 6e cycle d’évaluation. Comme l’a déclaré le président du GIEC, Hoesung Lee, lors de l’ouverture du GIEC-55 : « La nécessité de ce rapport n’a jamais été aussi grande, car les enjeux n’ont jamais été aussi élevés. »

Les preuves sont claires : les changements climatiques nous touchent tous de manière significative. Grâce aux efforts acharnés du GIEC et de nos propres scientifiques canadiens, nous pouvons apprendre comment nous pouvons agir. Munis des connaissances tirées de tous les rapports du 6e cycle d’évaluation du GIEC, nous serons en mesure de relever ces défis de front et de prendre des décisions solides sur le plan scientifique et politique.