Détecter les maladies tôt : Le LNM collabore avec des pays en développement pour détecter des agents pathogènes émergents

Les fièvres hémorragiques virales (FHV), comme les maladies à virus Ebola et de Marburg et la fièvre de Lassa, sont une source de préoccupation constante dans bon nombre de pays de l’Afrique occidentale. Les scientifiques du Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’Agence de la santé publique du Canada travaillent de concert avec certains de ces pays pour les aider à renforcer leur capacité à détecter les agents pathogènes émergents grâce à la collaboration internationale. Fort de ses scientifiques qui sont des experts de renommée internationale en matière de FHV, le LNM est particulièrement bien placé pour fournir ce soutien.

Collaboration en matière de recherche

Les scientifiques qui effectuent ces travaux font partie de la section des pathogènes spéciaux du LNM qui travaille à l’intérieur du seul laboratoire de niveau de confinement 4 du Canada, le niveau de confinement nécessaire pour manipuler ces virus mortels. Les scientifiques du groupe sont reconnus à l’échelle internationale pour leurs recherches révolutionnaires qui comprennent le développement du vaccin contre le virus Ebola. Vu les nombreuses contraintes liées aux déplacements pendant la pandémie de COVID-19, les scientifiques sont restés au Canada. Comme ils n’étaient pas en mesure de se rendre en Afrique occidentale, ils ont plutôt travaillé avec leurs partenaires pour faire profiter de leur expertise par le biais d’études de recherche en collaboration et de soutien au diagnostic.

Ces collaborations examinent l’écologie et l’épidémiologie de ces maladies infectieuses mortelles, ce qui contribue à prévenir les flambées de maladies virales et à préparer ces régions à les affronter en favorisant les réseaux d’information, la communication et les relations de collaboration. Généralement, ces régions connaissent plusieurs flambées par an qui infectent et tuent des milliers de personnes.

« En détectant ces maladies plus tôt et plus fréquemment là où elles apparaissent et en renforçant les interventions de santé publique dans toutes les régions du monde, nous pouvons aider à contenir les flambées et empêcher ces maladies de venir au Canada », déclare David Safronetz, chef, Pathogènes spéciaux, au LNM.

Mise en commun des ressources

Le LNM fait bénéficier les autorités sanitaires internationales du matériel de test préparé en interne afin de faciliter le diagnostic des maladies infectieuses émergentes en Sierra Leone, au Nigeria et au Mali.

Avec le concours d’Affaires mondiales Canada, le LNM donne une formation à des scientifiques de la Sierra Leone pour qu’ils puissent manipuler et conserver les spécimens en toute sécurité. Au Nigeria, il fournit un soutien diagnostique lors des flambées de fièvre de Lassa qui se répètent chaque année. Au Mali, le LNM travaille avec des partenaires dans plusieurs centres afin de renforcer la capacité à analyser des spécimens écologiques à partir d’échantillons prélevés sur de petits rongeurs, des moustiques et d’autres animaux. Ils font une analyse de ces échantillons pour avoir une idée des agents pathogènes qui pourraient se propager dans la faune locale, mais qui n’ont pas encoré été trouvés chez l’homme. Ces analyses permettent de détecter des agents pathogènes connus, comme le virus Ebola, mais peuvent également éveiller l’attention des scientifiques sur d’autres agents pathogènes inconnus qui ne sont pas encore bien étudiés.

« Il est important de renforcer cette capacité d’analyse parce que si, dans certains cas, il se peut que ces agents pathogènes soient rares, il se peut aussi que le pays ne dispose pas encore des capacités de diagnostic nécessaires pour détecter ces différentes maladies en toute sécurité », explique M. Safronetz.

Ces partenariats viennent également consolider les capacités du Canada en matière de biosécurité puisque le LNM effectue en parallèle ses propres diagnostics concernant ces agents pathogènes. Les déplacements internationaux font que nos frontières se rétrécissent, et les virus ne sont qu’à un vol d’avion. Si, par exemple, un cas importé de fièvre de Lassa est découvert au Canada, le LNM peut être certain que ses tests de diagnostic le détecteront avec précision et rapidement, ce qui contribuera à protéger la santé des Canadiennes et des Canadiens et à prévenir l’introduction et la propagation de maladies transmissibles au pays et ailleurs dans le monde.

Longue expérience du travail en collaboration

Le LNM a une tradition de collaboration dans le domaine de la santé publique mondiale en répondant aux épidémies internationales à la demande de partenaires tels que l’Organisation mondiale de la Santé et ses réseaux mondiaux de lutte contre les épidémies, Médecins sans frontières et les ministères de la Santé des pays touchés. Il a prêté son concours dans le cadre de nombreuses épidémies au fil des ans, notamment l’épidémie d’Ebola de 2014 à 2016 en Afrique de l’Ouest (Sierra Leone et Guinée) et l’épidémie initiale de SRAS et son enquête en Asie.

Les scientifiques du LNM font figure de pionniers dans la recherche sur les FHV depuis des années. Les tests de dépistage des FHV requièrent un confinement de niveau 4, ce qui signifie qu’ils doivent être stockés et manipulés dans des laboratoires de confinement biologique du plus haut niveau, en respectant les normes de sûreté et de sécurité les plus strictes (en savoir plus ici). L’idée des laboratoires mobiles s’est formée au LNM lorsque le personnel, dans les premières années du programme, a concrétisé le concept de voyager avec un équipement léger pour effectuer des diagnostics en toute sécurité sur des échantillons de cas suspects dans différents endroits.

« Comme scientifique, c’est un privilège de collaborer avec d’autres pays pour élargir notre base de connaissances sur les FHV et les agents pathogènes émergents et pour aider à sauver des vies », conclut M. Safronetz.