Le LNM lance un réseau de surveillance de la résistance aux antimicrobiens

Les scientifiques du Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) s’efforcent de comprendre l’ampleur de la résistance aux antimicrobiens (RAM) au Canada. La surveillance de la RAM est essentielle pour cerner les nouvelles menaces et bien évaluer le fardeau potentiel de la RAM à l’échelle mondiale.

Reconnaissant la nécessité d’établir un réseau qui recueillerait des données de partout au pays, le LNM a mis au point un système de surveillance en laboratoire appelé Réseau de la résistance aux antimicrobiens ou RésRAM. Ce système de surveillance recueille des données provenant d’échantillons bactériens et fongiques pour lesquels la RAM a été analysée dans des laboratoires cliniques (humains) et vétérinaires, organise ces données selon un format normalisé puis les met à la disposition de la santé publique et de la communauté scientifique. Ces données sont ensuite utilisées pour guider des interventions qui aident à prévenir les maladies et à réduire la propagation de la RAM. Le projet est issu d’une collaboration entre l’ASPC, des laboratoires et des organismes de santé publique provinciaux et territoriaux.

Qu’est-ce que la résistance aux antimicrobiens?

La résistance aux antimicrobiens se produit lorsque des bactéries qui causent des maladies deviennent résistantes aux médicaments antimicrobiens utilisés pour les traiter. Les principales causes de la hausse de la RAM sont l’utilisation excessive ou inadéquate de médicaments antimicrobiens, comme les antibiotiques, pour la prévention ou le traitement d’infections chez les humains et les animaux. La menace de la RAM est que des infections (comme une pneumonie ou des infections associées à des blessures légères) pourraient devenir impossibles à traiter si nous ne disposons pas de médicaments antimicrobiens efficaces. En 2019, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que la RAM était l’une des dix principales menaces pour la santé publique mondiale.

Le RésRAM permettra de combler les lacunes en matière de surveillance

Par le biais du RésRAM, le LNM a entamé une surveillance régulière dans certaines provinces cette année et devrait l’étendre à l’ensemble du pays au cours des prochaines années. Le RésRAM contribuera également au Système mondial de surveillance de la résistance et de l’utilisation des antimicrobiens (GLASS) de l’OMS.

Wallis Rudnick, chef du programme RésRAM au LNM, affirme que le RésRAM permettra de combler les lacunes dans la surveillance de la RAM au Canada. Les scientifiques savent qu’il existe des lacunes dans la surveillance des milieux communautaires, des petits hôpitaux et des établissements de soins de longue durée.

« La mise au point d’outils nouveaux et novateurs comme cette plateforme aide tout le monde à mieux comprendre les tendances et à cerner plus rapidement les problèmes émergents, ce qui mène à d’autres enquêtes et interventions », explique Mme Rudnick.

Par exemple, s’ils constatent une hausse de la résistance à un antimicrobien en particulier dans les données, ils peuvent déterminer si cela se produit dans tout le pays ou dans une plus petite région, puis le signaler aux autorités compétentes. En comprenant les tendances locales liées à la RAM, les médecins, les pharmaciens et d’autres professionnels de la santé publique sont mieux outillés pour prendre des décisions sur les antimicrobiens à prescrire, ainsi que sur les meilleures façons de prévenir les maladies et la propagation de la RAM.

De plus, l’intégration des données relatives aux humains et aux animaux dans le RésRAM contribuera à éclairer l’approche « Une seule santé » du LNM face aux problèmes liés à la RAM. L’approche « Une seule santé » consiste à réunir des experts en santé humaine, en santé animale et en santé environnementale pour appuyer des mesures de santé publique fondées sur des données probantes, puisque ces domaines sont tous interreliés. Dans le cas présent, les scientifiques recueillent des données sur les animaux parce que les mêmes types d’antimicrobiens sont souvent utilisés chez les animaux et chez les humains. Ainsi, l’émergence d’une RAM chez les animaux peut aussi se manifester chez les humains, et vice versa.

Le RésRAM, qui est axé sur les milieux de soins aux patients, s’appuie sur le travail du Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICRA). Le PICRA recueille, analyse et communique les tendances en matière d’utilisation des antimicrobiens et de résistance aux antimicrobiens pour certaines bactéries provenant des humains, des animaux et de la viande vendue au détail. Nous soulignons cette année le 20e anniversaire de ce programme.

Recherche sur la RAM au LNM

Selon Mme Rudnick, le RésRAM est une vision et un projet à long terme de nombreux scientifiques du LNM. Il est dirigé par Mike Mulvey, chef de la section Résistance aux antimicrobiens et infections nosocomiales, et Shamir Mukhi, directeur du Réseau canadien de renseignements sur la santé publique, qui sont tous deux hébergés au LNM.

« C’est en raison de programmes comme le RésRAM que les gens choisissent de travailler en santé publique », déclare Mme Rudnick. « Il est vraiment important de développer ce réseau à l’échelle nationale. Ce programme permettra d’augmenter la quantité de renseignements dont nous disposons sur la RAM et nous donnera une meilleure idée de ce qui se passe sur le terrain partout au pays. »

Le LNM contribue aussi à la recherche sur la RAM et à sa surveillance en fournissant aux laboratoires de santé publique provinciaux et à ceux en milieu hospitalier des services qui aident à confirmer la RAM dans des bactéries; en appuyant les enquêtes sur les éclosions; et en menant des travaux de recherche pour déterminer de nouvelles technologies et méthodes qui pourraient influencer l’utilisation des antimicrobiens et l’identification des bactéries résistantes.

Comment prévenir la RAM

Si vous tombez malade et pensez avoir besoin d’antimicrobiens, discutez avec votre professionnel de la santé du traitement adéquat et de l’utilisation responsable des antimicrobiens. Prenez des mesures pour savoir comment vous pouvez prévenir la résistance aux antimicrobiens pour vous-même et votre famille.