Les rayonnements, tant d’origine naturelle qu’issus de l’activité humaine, sont présents partout dans l’environnement. Ils ne représentent généralement pas un risque pour la santé à moins d’être présents en concentrations élevées.
Trevor Stocki (Ph. D.), chercheur scientifique au Bureau de la radioprotection de Santé Canada, étudie les façons dont les matières radioactives se déplacent dans l’environnement et les effets possibles sur les humains.
Dans des conditions normales, les niveaux naturels de rayonnements, comme ceux provenant du cosmos, sont sûrs pour les humains et l’environnement. Toutefois, certaines sources de rayonnements pourraient avoir une plus grande incidence. Ce type de radioactivité est surveillé de près par des chercheurs comme Trevor.
« Nous surveillons l’environnement en tout temps, mais en particulier après des incidents nucléaires, comme ceux qui se sont produits dans les centrales de Tchornobyl et de Fukushima Daiichi, pour en examiner l’incidence au Canada », explique Trevor. « Dans ces cas, nous n’avons pas été en mesure de constater d’importants effets sur notre eau, nos sources de nourriture ou l’air que nous respirons. »
En revanche, des régions de la Scandinavie ont été exposées à des taux plus élevés de contamination radioactive à la suite de l’accident à la centrale de Tchornobyl en 1986. En raison des conditions météorologiques en Europe après l’accident, il y a eu d’importantes retombées radioactives dans cette région du monde. Ces retombées de particules radioactives ont été remarquées par les programmes d’observation atmosphérique des environs, puis étudiées grâce à la population de rennes (caribous) de la région. Puisque le lichen absorbe facilement ces particules aéroportées, les rennes qui en mangent pendant l’hiver peuvent être contaminées par les particules.
Puisque les rennes sont domestiqués comme source de nourriture par les membres du peuple des Samis de la Scandinavie et rassemblés en troupeaux menés par eux, les chercheurs ont utilisé des détecteurs spécialisés pour déterminer si les rennes avaient ingéré une trop grande quantité de matières radioactives pour être propres à la consommation humaine. Quand c’était le cas, les rennes touchés recevaient une alimentation saine sous forme de granules ou d’herbe jusqu’à ce que leurs niveaux de radioactivité retombent en deçà des concentrations indicatives.
En territoire canadien, le caribou et le béluga sont des sources de nourriture traditionnelle pour beaucoup d’Inuits qui vivent dans nos Territoires du Nord. Il était important pour Trevor de déterminer si ces animaux avaient aussi été exposés à des niveaux élevés de rayonnements après des accidents nucléaires à l’international. Si des taux de radioactivité très élevés étaient relevés chez ces animaux, les personnes qui consomment de grandes quantités de leur viande pourraient être plus à risque de développer un cancer.
« Nos niveaux n’ont jamais été très élevés au Canada », mentionne Trevor. Nous les mesurions dans les années 1960 avant d’arrêter les mesures. Nous les avons reprises après l’accident à la centrale de Tchornobyl, et nous avons constaté que les niveaux de radioactivité observés chez les caribous étaient même plus faibles qu’avant! Ce fait illustre bien l’effet très limité de l’accident de Tchornobyl sur le Canada. »
Incidence sur la faune marine
Des chasseurs de bélugas et de caribous inuits des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon ont communiqué avec le Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord parce qu’ils avaient des préoccupations concernant leurs sources de nourriture. Les chasseurs se demandaient si l’accident dans la préfecture de Fukushima pourrait avoir eu une incidence sur les bélugas et les caribous qu’ils chassent pour se nourrir.
Trevor et ses collègues ont mesuré la radioactivité d’un éventail varié d’échantillons de diverses viandes et ont été en mesure de confirmer que la radioactivité était si faible qu’elle était difficile à détecter. Les chercheurs croient que la taille immense de l’océan et que l’existence des courants actuels font en sorte que même si les niveaux n’avaient pas été faibles, il aurait fallu beaucoup de temps pour que la radioactivité émise par l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi puisse atteindre l’Arctique canadien et avoir d’importants effets sur la faune marine. Des résultats semblables ont été observés en ce qui concerne les échantillons de viande de caribou.
« J’étais content de pouvoir rassurer la communauté et de confirmer que les niveaux étaient très faibles et n’étaient pas préoccupants », affirme Trevor.
La surveillance des taux de rayonnements émis par une variété de sources à divers endroits fait partie de l’important travail continu que mène Santé Canada pour veiller à ce que nous demeurions tous et toutes en sécurité.