Avez-vous déjà eu l’inquiétante impression d’avoir une pharyngite à streptocoque? Peut-être que vous avez dû vous absenter de l’école, ou annuler un rendez-vous amoureux, pour aller voir un médecin. Vous vous êtes sans doute demandé comment vous aviez attrapé la maladie et si vous pouviez la transmettre à d’autres. Les scientifiques du Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) cherchent à répondre à ces questions en surveillant les infections à streptocoque du groupe A et en les analysant pour comprendre de quelle manière la maladie évolue et pour trouver la meilleure façon d’appuyer les laboratoires régionaux en cas d’éclosion.
Strepto-quoi?
Les maladies à streptocoque du groupe A (SGA) sont des infections bactériennes communes qui peuvent clouer au lit pendant une semaine une personne par ailleurs en bonne santé. Les infections à streptocoque du groupe A provoquent le plus souvent une pharyngite à streptocoque. Ces infections sont dites « non invasives » parce qu’elles touchent des parties du corps qui sont exposées au monde extérieur, comme la gorge ou la peau. D’ordinaire, ces infections sont jugées mineures, mais dans certains cas, elles peuvent s’avérer mortelles.
« Les infections à SGA peuvent facilement être traitées à l’aide d’antibiotiques, mais si elles se transforment en infections “invasives”, elles peuvent devenir très dangereuses », indique Irene Martin, chef de l’Unité des streptocoques et des ITS du LNM de l’ASPC. « Les infections à SGA deviennent invasives lorsqu’elles contaminent le sang ou les tissus internes et peuvent causer, entre autres, des maladies comme la méningite ou une infection à bactérie mangeuse de chair. »
C’est inscrit dans les gènes
Au cours des dernières années, l’équipe de Mme Martin a observé une augmentation des cas d’infections à SGA invasives au Canada, y compris de nombreuses éclosions. C’est ce qui a poussé l’ASPC à mettre au point des plans exhaustifs en prévision d’éclosions à venir.
« Le mystère demeure entier quant à la raison pour laquelle certaines infections à SGA deviennent invasives », explique Mme Martin. « La réponse n’est pas facile à trouver, car tout dépend de la personne et du système immunitaire qui lui est propre. La gravité des symptômes de la maladie peut varier d’une personne à l’autre, même si elle est provoquée par exactement la même souche. »
Certaines souches de streptocoque du groupe A possèdent des gènes qui produisent des toxines ou qui les rendent résistantes aux antibiotiques. Les scientifiques de l’ASPC suivent de près les souches qui sont résistantes aux antibiotiques pour que les professionnels de la santé puissent savoir comment traiter les bactéries.
Pour mieux comprendre les bactéries, les scientifiques du LNM établissent les caractéristiques spécifiques de chaque souche. Ils mesurent le degré de parenté de chaque souche avec la suivante, afin de pouvoir déterminer dans quelle mesure les maladies sont répandues dans la population. Une façon d’y parvenir est d’enregistrer l’ensemble de la composition génétique de l’agent pathogène en utilisant le séquençage du génome entier.
« Nous nous servons de ces techniques spécialisées pour arriver à relever les éclosions d’infections à streptocoque du groupe A et à déterminer les liens de parenté entre les souches », explique Walter Demczuk, un biologiste du LNM qui se penche sur cette question. « Nous surveillons les types de streptocoque du groupe A qui se transmettent dans la population afin de pouvoir déceler les pics inhabituels de souches particulières et suivre la propagation des nouvelles souches. Les responsables de la santé publique utilisent ensuite ces informations pour protéger les Canadiennes et les Canadiens contre les maladies. »
Que faire si vous avez une infection à streptocoque du groupe A
Les personnes qui contractent une infection à streptocoque du groupe A doivent prendre les antibiotiques prescrits selon les indications de leur fournisseur de soins de santé pour éliminer entièrement la bactérie. Le streptocoque du groupe A est coriace, vous devez donc rester à la maison pendant 24 heures après le début du traitement afin d’éviter de transmettre la maladie à d’autres personnes.