Les travaux de recherche d’un scientifique mettent en lumière un parasite d’origine alimentaire peu connu, mais très répandu

Question éclair! Quel parasite d’origine alimentaire a infecté environ un tiers de la population mondiale?

La réponse est Toxoplasma gondii (que l’on prononce tok-so-plass-ma gon-di). Heureusement, ce parasite est inoffensif pour la plupart des gens. En fait, la plupart des personnes infectées par ce parasite ne le savent même pas.

Alors, pourquoi Santé Canada étudie-t-il un parasite qui n’est pas très dangereux pour la plupart des gens? Penchons-nous sur la question.

Le parasite d’origine alimentaire dont vous n’avez jamais entendu parler

Toxoplasma est un agent zoonotique, ce qui signifie qu’il peut être transmis des animaux aux humains par les aliments ou la contamination fécale. Il s’agit d’un agent pathogène extrêmement courant chez les animaux et les humains qui provient des chats et d’autres félidés sauvages, comme les cougars, les lynx roux et les lynx du Canada. Pour la plupart des gens, ce parasite est inoffensif ou, dans le pire des cas, cause des symptômes bénins ressemblant à ceux de la grippe, notamment de la fièvre, des maux de tête, des ganglions lymphatiques enflés, de la fatigue et des douleurs musculaires.

Cependant, pour les personnes immunodéprimées ou les nourrissons infectés par voie congénitale (c.-à-d. qu’une personne enceinte a transmis le parasite à son fœtus), les effets peuvent être dévastateurs, ce qui comprend des complications neurologiques graves, voire mortelles.

« Toxoplasma peut se propager de diverses façons, notamment directement par des chats infectés ou indirectement par de l’eau et des aliments contaminés », explique M. Brent Dixon, chef de section du Laboratoire de parasitologie de Santé Canada, qui étudie la prévalence de Toxoplasma chez les humains et les animaux du Nord canadien depuis dix ans.

« Lorsque nous effectuons des tests pour détecter cet agent pathogène, on peut le trouver partout dans l’organisme. Cependant, il se rend souvent au cerveau. Certains travaux de recherche ont même montré une corrélation entre les infections à Toxoplasma et les troubles psychiatriques. Le parasite est en fait très habile pour modifier les comportements de l’hôte, qu’il soit animal ou humain, à son avantage. C’est l’une des raisons pour lesquelles le parasite peut se propager si facilement et pourquoi nous menons des travaux de recherche à son sujet. »

Un risque accru pour les habitants du Nord

Selon une étude récente, on estime qu’environ une personne sur dix vivant dans le sud du Canada a été infectée par Toxoplasma. Cependant, le risque est nettement plus élevé pour les personnes vivant dans le Nord, où jusqu’à quatre personnes sur dix pourraient être infectées par ce parasite.

Selon M. Dixon, « Les habitants des collectivités nordiques canadiennes consomment souvent des aliments traditionnels, notamment de la viande et des organes d’animaux sauvages crus, séchés ou fermentés. Les aliments traditionnels sont sains et nutritifs et ont une grande importance culturelle. Ils sont également importants pour le maintien de la sécurité alimentaire dans les collectivités nordiques. Cependant, étant donné la forte prévalence de l’infection à Toxoplasma chez beaucoup de ces animaux, nous avons de bonnes raisons de croire que cela expliquerait pourquoi ces collectivités sont plus susceptibles d’être infectées par ce parasite. Nous travaillons en étroite collaboration avec des partenaires autochtones, comme le Centre de recherche du Nunavik, afin de partager notre expertise en matière de recherche et de perfectionner les méthodes de détection de Toxoplasma. »

Selon M. Dixon, il est essentiel de travailler en collaboration avec les communautés autochtones. « Notre recherche peut nous dire où le parasite est le plus susceptible d’être trouvé. Sur la base de ces résultats, nous formulons des recommandations visant à réduire le risque d’exposition, en particulier chez les personnes vulnérables. Ces recommandations doivent être pertinentes et adaptées aux communautés autochtones; il faut donc les faire participer dès le départ. »

Actuellement, le meilleur moyen d’éviter l’infection est de suivre les conseils de salubrité des aliments, notamment : cuire les viandes à des températures de cuisson sécuritaires, laver les fruits et les légumes crus à l’eau courante fraîche et se laver souvent les mains. Les personnes enceintes devraient également éviter de changer la litière pour chats, dans la mesure du possible.

Une occasion d’en faire plus

Comme M. Dixon travaille à Santé Canada depuis plus de trois décennies, vous pensez peut-être que sa retraite approche, mais ce n’est pas le cas.

Comme il le dit lui-même : « Chaque jour, j’ai l’occasion de travailler sur une question importante pour la population canadienne, et je le fais dans un environnement stimulant. Je forme également de nouveaux employés et étudiants, je dirige des projets de recherche en génomique dans le cadre de l’Initiative de R-D en génomique et je mets au point de nouvelles technologies passionnantes, comme la technologie de laboratoire sur puce. C’est un travail incroyablement gratifiant. »